mercredi 30 décembre 2009

Bonne année!

Avec quelques heures d'avance, je vous souhaite à tous une ...


Je pars en Savoie pour quelques jours et ne serai de retour qu'en 2010. D'ici là, bon réveillon à tous!

mardi 29 décembre 2009

Des fleurs pour Algernon - Daniel Keyes

"Même un faible d'esprit désire être comme les autres hommes."

Algernon est une souris blanche à qui des scientifiques ont décuplé l'intelligence au point que celle-ci résout des problèmes d'une complexité que Charly Gordon, simple d'esprit, ne peut comprendre. Face à ce succès, il est décidé d'opérer un être humain de la même façon qu'Algernon afin de voir si cela peut fonctionner de la même manière sur l'espèce humaine. Et c'est donc à Charly Gordon, jeune homme au QI au ras des pâquerettes qu'est proposé cette expérience. Une occasion inespérée pour Charly d'être enfin "intel igent" et d'être par conséquent aimé de tous...

Fable douce amère, Des fleurs pour Algernon est un grand classique de la science fiction du XXème siècle. Dans ce récit, Daniel Keyes met le lecteur à la place de Charly, qui, à travers ses multiples comptes rendus, nous raconte le déroulement de l'expérience à laquelle il est soumis. L'opération est un succès et Charly voit s'ouvrir à ses yeux pour la première fois le monde merveilleux de la connaissance. De "débile", Charly devient un véritable génie et, en quelques mois, la progression est spectaculaire.

Mais rien ne se passe exactement comme Charly le pensait :car de réminiscences en souvenirs d'enfance remontants brusquement à sa conscience d'homme, Charly se rend compte que les personnes qu'il jugeait auparavant comme ses amis se moquaient en réalité du demeuré qu'il était. Que sa famille et notamment sa mère avait honte puis peur de lui et n'exprimait à son égard à la fin qu'une haine profonde. Pour Charly, le choc est rude d'autant que sa nouvelle intelligence ne plait pas à tout le monde et provoque des jalousies dans son entourage...

La désillusion de Charly est complète lorsque celui -ci découvre que tous ne le reconnaissent que comme être humain que de par sa nouvelle intelligence alors qu'auparavant, à leurs yeux, il n'était rien. Et lorsque Charly, à son tour, se moque des arriérés mentaux qu'il rencontre c'est avec honte qu'il comprend qu'il se met à réagir et penser comme eux.

Qui dans l'histoire est le plus intelligent? Le Charly Gordon au QI de plus de 170 mais devenu solitaire et cynique ou l'autre Charly dans son inconscient qui se réveille par instants et le regarde avec de grands yeux ahuris et son air niais mais aimant tout le monde et ayant une confiance absolu dans l'être humain?

"Il commet la même erreur que les autres quand ils regardent une personne faible d'esprit et en rient parce qu'ils ne comprennent pas qu'il y a tout de même des sentiments humains dont il faut tenir compte. Il ne comprend pas que j'étais une personne humaine avant de venir ici."

Et lorsque les facultés mentales d'Algernon déclinent, Charly comprend avec horreur que la même chose sous peu va lui arriver. Et c'est à une véritable course contre la montre que Charly va se livrer afin de combattre puis retarder cette déchéance qui le guette. Comment redevenir arriéré quand on a gouté pour la première fois aux lumières de la connaissance?

Roman plein d'humanité et de réflexion, Des fleurs pour Algernon nous emmène dans la découverte du monde de Charly, de son incompréhension du monde qui l'entoure à sa découverte de la cruauté et de l'indifférence des autres hommes. Plus que cela, c'est de la descente aux enfers d'un homme qui peu à peu se rend compte qu'il perd son intelligence et par conséquent la nouvelle existence dont il avait rêvée. Pour redevenir en définitive un simple d'esprit comme avant, voire même en pire...

Un récit touchant et émouvant où le lecteur suit avec fascination le destin tourmenté de cet homme qui coûte que coûte souhaite devenir intelligent simplement pour se faire les amis qu'il n'a jamais eus de sa vie et tenter de conquérir enfin l'amour d'une mère qui l'a toujours considéré comme un monstre. Une histoire d'une véracité extrême sur le genre humain et sur l'apparence.

Ma note : 3,5/5
Éditions J'ai Lu, 310 pages

dimanche 27 décembre 2009

Harry Potter et les reliques de la mort - JK Rowling

La peur et l'horreur rôdent dans le petit monde bien tranquille des sorciers : Vous-Savez-Qui est de retour et ses fidèles hommes de main, les Mangemorts, prennent peu à peu le pouvoir dans toutes les arcanes de la société, même au Ministère de la Magie. Harry Potter, lui, à dix-sept ans, et les protections héritées de sa mère vont bientôt prendre fin avec sa majorité. Mais plus que cela, c'est une mission de la plus haute importance et d'une dangerosité extrême qui attend notre héros ainsi que ses deux fidèles amis Ron et Hermione : la quête des Horcruxes, ces parcelles d'âmes de Voldemort qu'il faut localiser et détruire. Mais de nombreuses embuches les attendent d'autant plus que le temps presse...

Dernier tome de la série des aventures de Harry Potter, ce septième opus apporte enfin les réponses tant attendues que se posent tous les lecteurs assidus de cette série qui aura véritablement révolutionné la littérature jeunesse. Très sombre, Harry Potter et les reliques de la mort est aussi d'un rythme plus lent, surtout dans le premier tiers du roman où Harry et ses amis piétiennet littéralement dans leur quête des horcuxes. Et tandis que le monde des sorciers vit dans la terreur, nos jeunes héros doivent vivre terrés, cachés des menaces de leurs ennemis et ne pouvant faire confiance à personne. D'autant plus que leur mission doit rester secrète.

Premier tome où l'histoire dans sa plus grande partie ne se déroule pas à Poudlard, j'ai trouvé comme beaucoup que le rythme manquait un peu de peps dans un bon premier tiers du récit, du moins jusqu'à ce que nos héros découvrent l'épée de Gryffondor. Par la suite, l'histoire s'emballe, le suspens est à son comble jusqu'à la bataille finale absolument superbe et haletante dans son dénouement.

Roman psychologique, dense et complexe, Harry Potter et les reliques de la mort comblera tous les fans du plus célèbre sorcier de la littérature. JK Rowling a assurément dépoussiéré la littérature jeunesse et donné envie de lire à des millions d'enfants de par le monde. Ainsi, il va s'en dire, à tous leurs parents!

Ma note : 4,5/5
Éditions Gallimard, 809 pages


mercredi 23 décembre 2009

Joyeux Noël!

Joyeux Noël à tous et à toutes!

En espérant que vous passerez tous un agréable réveillon en famille, je vous dis à la semaine prochaine car je serai certainement peu présente ces prochains jours!

dimanche 20 décembre 2009

Encore un challenge (bis)

Laissez moi vous présenter aujourd'hui le challenge auquel nous convie Karine sur son blog et qui s'intitule English Classics. Comme son nom l'indique, il convient de lire avant le 31 décembre 2010 deux classiques anglais écrits avant 1900. Cependant, le thème s'élargit aux auteurs de tout le Royaume-Uni et même de l'Irlande. Bref, il y a de quoi faire!

J'ai toujours beaucoup aimé les grands romanciers classiques anglais et j'en ai lu beaucoup, allant de Dickens à Jane Austen en passant par les soeurs Bronte ou encore Wilde, Thomas Hardy ou Mary Elizabeth Braddon. Néanmoins, je me rends compte que j'ai encore énormément de lacunes dans ce domaine, qu'il s'agisse par exemple de Jane Austen que j'ai en réalité peu lu ou de George Eliot que je n'ai jamais essayé encore.

En participant à ce challenge j'espère donc faire de belles découvertes et surtout me faire plaisir! Pas encore tout à fait sure des romans que je vais lire dans le cadre de ce nouveau défi, je vous tiens au courant dès que je me serai décidée!

samedi 19 décembre 2009

Fleur de Neige - Lisa See

Le destin de Fleur de Lis et de Fleur de Neige change à tout jamais le jour où toutes deux à sept ans signent ensemble un contrat les faisant laotong, ce qui signifie qu'une amitié indéfectible doit les lier pour la vie. Dès lors, ces deux enfants vont tout partager, du supplice des pieds bandés, à leur mariage arrangé avec des hommes qu'elles ne connaissent pas. Sans oublier les vexations, privations et autres brimades qu'elles subissent de leur famille car elles ne sont que des filles, donc des branches inutiles. Mais lorsque Fleur de Lis découvre que Fleur de Neige l'a trahie, son amitié se transforme alors en une haine farouche envers son ancienne amie.

Un roman très fort dans lequel Lisa See réussit à retranscrire la vie de la campagne reculée chinoise du XIXème siècle alors encore en plein féodalisme. Les traditions et les coutumes sont encore fortes et régissent la vie quotidienne des uns et des autres, et notamment des femmes dont le destin alors était assez simple: se marier, avoir des fils et conserver une réputation irréprochable. Et alors que la vie est difficile du fait des multiples révoltes, maladies ou encore famines qui s'abattent sur tous, l'existence d'un enfant et encore moins d'une fille ne pèse pas bien lourd dans la conscience des familles. Née dans une famille de paysans pauvres, Fleur de Lis le comprend très vite, elle qui recherche à tout prix la reconnaissance et un peu d'amour dans les yeux d'une mère épuisée par les labeurs quotidiens et les multiples accouchements qu'elle a du supporter. Son destin cependant change du tout au tout lorsqu'on lui bande ses pieds : ne lui promet-on pas alors que cela lui permettra d'épouser un bon parti et de ne plus subir la misère? Et puis, cela lui permet également d'être en relation avec Fleur de Neige, dont la famille recherche une laotong idéale pour leur fille...

Plus que l'histoire en elle même, c'est la retranscription de la vie quotidienne chinoise de l'époque qui m'a le plus touchée. Assurément, c'est bien la vie chinoise d'alors qui s'est matérialisée sous mes yeux, et notamment la vie de ses femmes, mariées de force et quittant alors à jamais leur famille pour un nouveau foyer où elles seront parfois battues, souvent traitées avec indifférence voire mépris. Leur destin se résume à être enceintes le plus souvent possible, à obéir à leur belle-mère et à passer leurs journées à coudre et broder, cloîtrées dans les appartements des femmes. Et puis comment ne pas être révolté en lisant ces passages sur le bandage des pieds, passage éprouvant de par les souffrances endurées par des fillettes d'à peine sept ans qui voient leurs os broyés. Quand on pense que cette pratique moyenâgeuse n'a été abolie que dans les années cinquante sous Mao!

Un roman très simple dans son écriture mais d'une grandeur dans son récit et dans les thèmes évoqués. J'ai énormément appris sur les us et coutumes de l'époque et notamment sur celles des femmes (je ne connaissais absolument pas l'existence du nu shu). Bref, un récit intéressant et très instructif qui permet d'avoir une vision éclairée sur la vie des femmes dans la Chine d'avant Mao.

Ma note : 4/5
Éditions J'ai Lu, 384 pages

dimanche 13 décembre 2009

Retour à Cold Mountain - Charles Frazier

Retour à Cold Mountain, c'est le récit d'un long voyage, du cheminement épique et traversé d'embuches d'Inman, soldat désertant la guerre de Sécession et ses batailles gorgées de sang et de morts toutes plus inutiles les unes que les autres. Et tandis que les jours et les semaines passent, Inman marche vers le sud et les montagnes de Cold Mountain, là où l'attend Ada, qui, espère t-il, l'aimera encore...

Retour à Cold Mountain c'est avant tout des rencontres. Celles d'Inman tout d'abord, qui, à travers son périple, croise des hommes et des femmes de tous bords et qui, tour à tour vont soit l'aider, soit le pourchasser à corps et à cris. C'est aussi la rencontre d'Inman avec ses souvenirs, ses regrets et ses peurs, peurs liées aux réminiscences des batailles sanglantes de Pettersburg et autres.

Au détour des routes et des chemins, la longue odyssée d'Inman l'amènera à rencontrer un prédicateur respectant selon ses idées les textes de l'Évangile, une gardienne de chèvres vivant seule depuis plus de vingt ans dans les montagnes ou encore Sara, veuve à à peine vingt ans et tentant de survivre au milieu de nulle parts avec sa fille.

Et puis, il y a la nature, belle mais aussi menaçante avec ses pièges, sa dureté et son immensité. Charles Frazier a fait un travail remarquable en restituant avec précisions et moult détails la vie dure et aride au XIX ème siècle dans les campagnes. On est bien loin des grandes et belles demeures coloniales du Sud que l'on imagine bien souvent. Non, Retour à Cold Mountain c'est tout d'abord le récit de gens humbles qui tentent de survivre dans ces temps troubles qu'est la guerre de Sécession qui dure alors depuis plus de quatre ans. Les hommes sont partis à la guerre, les troupes ennemies passent et n'hésitent pas à piller et tuer les populations civiles. Chacun essaie coûte que coûte de survivre à la limite de la pauvreté et de l'indigence. A l'instar d'Ada, restée seule à la mort de son père et qui se retrouve ruinée de par la guerre alors qu'elle ne sait rien faire de ses dix doigts. Heureusement, elle rencontre Ruby, merveilleuse Ruby!, qui illumine par sa volonté et sa rage de vivre les lignes de ce roman et qui fut mon personnage préféré.

Rien à voir avec le film, pourtant très réussi qui fut tiré de ce roman. Non, le récit initial de Charles Frazier est bien plus dense, plus profond que l'adaptation cinématographique d'Anthony Minghella. Encore une fois, les descriptions de la vie rude de tous ces hommes et ces femmes est criante de vérité; on se serait presque cru nous aussi dans les champs et les forets, sous la neige ou la pluie, à subir le froid, la faim et la peur... Et effectivement, il est incroyable de penser que l'on vivait ainsi, il y a encore 150 ans...

Un très beau récit, où les amoureux de la nature et des grands espaces seront comblés. Une histoire très fouillée mais aussi intemporelle sur la folie des hommes, la recherche de survie coûte que coûte et l'espoir inoubliable d'aimer et d'être aimé à jamais, même dans la mort.

Ma note : 4/5

Éditions Le livre de poche, 497 pages

mardi 8 décembre 2009

Encore un challenge...


Encore un challenge! Oui, mais celui-ci, je ne pouvais pas y échapper. C'est que Pimpi nous propose de passer Une année en Russie, au milieu des tsars, de la neige, de la vodka et du caviar (je ne pense pas que les Russes apprécient particulièrement ma description de ce grand pays qu'est la Russie et je m'en excuse d'avance!).

C'est un défi relativement souple puisque comme règles... il n'y en a pas! En bref, on peut lire de tout et n'importe quoi, que ce soit l'intégrale de Tolstoï, la biographie non officielle de Catherine II voire même écouter Tchaikovsky tout en sirotant du thé russe!

Un peu de sérieux quand même : si je n'ai donc pas d'objectif prédéfini en m'inscrivant à ce challenge j'ai quand même l'intention de bien le faire. Et pour cela, mon but est de lire un GRAND roman russe dans le genre Anna Karénine ou Les Idiots. Oui, mais lequel? C'est que les écrivains russes font parti des auteurs les plus prolifiques et les plus doués de tous et que le choix va donc être cornélien!

Pas encore décidée donc à l'heure où je poste mon billet de la lecture qui sera faite dans le cadre de ce défi. Heureusement finalement que j'ai toute l'année 2010 pour faire mon choix!

dimanche 6 décembre 2009

Monsieur Chatastrophe - Chris Pascoe


Récit des mésaventures de Birmingham, alias Brum, chat du narrateur et véritable catastrophe ambulante où qu'il passe et quoi qu'il fasse de ses quatre pattes...

Pauvre Brum! Et pauvre Chris Pascoe, qui, avec beaucoup d'humour et de dérision nous raconte les aventures toutes plus coquasses et burlesques de ce félin pas comme les autres. Arrivé un peu par hasard dans la vie du narrateur, Brum s'attire dès son plus jeune âge les catastrophes les plus saugrenues et les plus improbables qu'il soit. Enchainant gaffes sur gaffes, Brum va ainsi être attaqué par un moineau, subir toutes sortes de chutes toutes plus spectaculaires les unes que les autres ou encore sauter allègrement dans une mare venant de dégeler... Sans oublier toutes les fois où son poil a pris feu!

Avec un flegme tout ce qu'il y a de plus britannique, le maître de Brum assiste avec désespoir et résignation aux catastrophes successives de son matou. Et nous raconte également les histoires de d'autres chats qu'il a connus (comme celle du chat serial killer, si si!) ou nous décrit les différents traitements des chats dans l'Histoire. Mais ces apartés ne durent jamais très longtemps car Brum n'est pas loin, à notre plus grand plaisir (sadique?)!

Un récit teinté d'humour où je me suis surprise à pouffer toute seule lors des situations les plus cocasses dans lesquelles se met Brum. Même si certains passages sont un peu longs et un peu moins intéressants que d'autres, ce récit demeure néanmoins une véritable bouffée d'air frais et plus jamais au grand jamais je ne me moquerai du chat de mes parents que je trouvais pantouflard. A coté de Brum, c'est un surchat!

Ma note : 3,75/5

Editions Balland, 255 pages

jeudi 3 décembre 2009

Le jardin des secrets - Kate Morton

En 1913, sur les quais du port de Maryborough en Australie, une petite fille descend seule d'un navire en provenance de l'Angleterre. Recueillie par un couple d'Autraliens sans enfants, l'enfant ne dit ne plus connaître son nom et de ne pas savoir ce qu'elle fait ici. Bien des années plus tard, à vingt et un ans, la jeune Nell apprend la vérité au sujet de ses origines. Bouleversée, Nell comprend alors qu'elle se doit de découvrir son passé, sa famille, bref, la réalité à son sujet. Cette quête de vérité la conduira en Cornouailles, dans une ancienne demeure riche et titrée ainsi que dans un cottage au bord de la mer. Et à sa mort, ce sera au tour de sa petite fille Cassandra de partir à son tour en Angleterre pour tenter de savoir comment une petite fille de quatre ans a bien pu se retrouver abandonnée sur un bateau traversant le globe...

Le jardin des secrets possède les ingrédients "magiques" ai je envie de dire pour captiver la lectrice romantique et fleur bleue que je suis... Kate Morton nous entraîne ainsi au domaine de Blakhurst, grande et riche demeure anglaise où nous suivons la destinée de ses habitants au travers les âges. Un véritable mystère entoure cette bâtisse et le lecteur comprend rapidement que de drôles de choses se cachent derrière ses murs... Que s'est il passé ici en 1913? Qui est donc cette mystérieuse conteuse dont la petite Nell se souvient avec netteté et dont elle conserve un recueil de contes dans ses affaires?

Beaucoup de mystère et de rebondissements dans cette histoire que Kate Morton nous raconte avec habileté pour faire monter le suspens page après page... Rajoutez à cela des personnages attachants et plutôt bien campés. On croise ainsi Linus Mountrachet, passionné de photographie mais dont les secrets et les fantasmes semblent bien moins avouables... Sa femme Adeline, quant à elle, ne jure que par l'apparence et couve aux petits soins sa fille unique bien aimée Rose, ô combien belle mais aussi si fragile de santé. Sans oublier évidemment les personnages principaux, Nell et sa petite-fille Cassandra, qui, au fil des années, iront de découvertes en découvertes toutes plus étonnantes les unes que les autres sur le passé de Nell et de sa famille...

Un roman apparemment simple et banal mais ce qui n'est absolument pas le cas : Le jardin des secrets, malgré un début un peu poussif selon moi dans les premières pages, distille avec raffinement un aura de mystère et de délicatesse qui m'a enchantée. Ajoutez à cela le personnage de La Conteuse, absolument magnifique, des contes avec un second sens particulier et un labyrinthe végétal avec au bout un mystère révélé seulement dans le dénouement et vous comprendrez alors comment il se fait que j'ai dévoré ce livre à grande vitesse!

Ma note : 4,5/5
Editions France Loisirs, 730 pages


mardi 1 décembre 2009

Les aventures de Boro, reporter photographe - Franck & Vautrin

J'ai toujours aimé les romans d'aventure. Car qui dit aventure, pour moi, dit action, suspense, rebondissements en tout genre et rythme haletant. Si en plus, l'histoire est menée par un héros sympathique et auquel je peux m'identifier, même indirectement, je suis conquise.

Cela a assurément été le cas avec Les aventures de Boro, reporter photographe.

L'histoire commence en 1987 lorsque le 1er tome de cette série pas comme les autres sort. Outre le fait rare que La Dame de Berlin a été écrit à quatre mains - en l'occurrence ceux de Dan Franck et Jean Vautrin - il faut souligner que la couverture a été dessinée par Enki Bilal.

Le succès de ce roman fut suivi par Le temps des cerises trois ans plus tard, Les noces de Guerinica en 1994 puis Mademoiselle Chat en 1996. Aujourd'hui, la série compte 8 tomes, le dernier, La dame de Jérusalem étant sorti cette année.

J'ai été immédiatement conquise par cette série d'aventure où humour et action font bon ménage. Pas de creux dans l'intrigue ni de passages trop alambiqués : Non, les aventures de Boro me font penser à ces romans populaires paraissant en feuilleton dans les magasines et que l'on suit, semaine après semaine avec délice.

J'ai à ce jour lu les cinq premiers tomes (j'ai d'ailleurs critiqué Boro s'en va t-en guerre ici). Voici donc mes différentes impressions et avis sur les quatre premiers tomes :

« Même si tu es malheureux, tu ne seras jamais à plaindre. Si l'amour vient à passer, saisis-le, mais prends bien garde à ne pas t'endormir au rendez-vous de l'Histoire (...). Plus tard, tu seras l'œil qui surveille le monde. Tu iras regarder les hommes jusqu'au fond de leur nuit. Méfie-toi alors de ne pas mourir d'une balle en plein front (...). En vieillissant tu choisiras tes chemins. Ils te feront sillonner le monde et tu approcheras les grands de ton époque. Mais défie-toi de vouloir gouverner : tu irais à ta perte. »

Blémia Borowitz, dit "Boro", est un jeune photographe juif hongrois venu à Paris afin de percer dans sa profession. Mais les temps sont bien troubles dans les années trente où la montée du fascisme en Europe se fait de plus en plus menaçante. Pour Boro, il suffira d'une banale photo prise à Munich pour tout bouleverser et le plonger, lui et sa belle cousine Maryika, étoile montant du cinéma allemand, dans les tourbillons de l'Histoire...

Un premier tome superbe et qui laisse augurer de très bonnes choses pour les tomes suivants! Assurément, Frank & Vautrin se sont bien amusés avec ce personnage atypique qu'est Boro, photographe débutant et affublé d'une canne, résultat d'un accident. Amour, action, aventure, suspense, histoire aussi puisque c'est l'Europe des années trente que le lecteur traverse ; tout est réunit pour faire de La dame de Berlin une grande réussite! Le roman se lit tout seul, avec des chapitres courts sur le modèle des feuilletons et c'est avec un immense plaisir que le lecteur lit ou plutôt dévore les multiples péripéties que traverse le jeune Boro afin d'aller sauver sa cousine Maryika dont il est follement amoureux. On tremble, on tressaille, on rit beaucoup aussi avec les facéties et multiples réparties de Boro face aux éléments et personnages de l'histoire que notre jeune héros traverse comme la montée puis l'avènement du nazisme en Allemagne, les premières répercussions aux Juifs et opposants au régime, notamment aux Communistes. On croise Léni Riefensthal, Bugatti, mais aussi Hitler et Goebbels, personnages abjects et repoussants sous la plume des deux auteurs. En France, c'est l'affaire Stavisky qui ébranle le pouvoir. Mais c'est aussi l'époque des exploits sportifs et techniques comme le vol en zeppelin que nous effectuons avec Boro.

En définitive, un grand coup de cœur pour le premier tome de cette série littéraire que l'on dévore littéralement et où on ne s'ennuie pas une seconde.

Ma note : 5/5
Lu en Janvier 2009
Éditions Pocket, 536 pages

Roman écrit à quatre mains, Le temps des cerises est le deuxième tome des aventures de Blémia Borowitz, dit Boro, ce jeune reporter hongrois venu percer à Paris. Après avoir sauvé sa cousine Maryika, persécutée par les nazis à Berlin, Boro est revenu à Paris où il a repris ses activités de reporter. Depuis la parution du cliché retentissant de Hitler avec Eva Braun (voir La Dame de Berlin), la réputation de notre héros n'est plus à faire. Celui-ci a d'ailleurs ouvert avec ses amis hongrois sa propre agence!

Le temps des cerises, c'est l'année 1936 où l'action de ce deuxième épisode débute. Alors que le Front Populaire est amené au pouvoir, ce qui entraîne un immense espoir parmi la classe ouvrière, Boro, lui,se retrouve aux prises avec les mystérieux agissements d'une organisation clandestine fasciste, La Cagoule. N'écoutant que son grand cœur et son instinct, Boro n'hésitera pas à secourir la jeune Liselotte, vendeuse aux Galeries Lafayette où il se passe de drôles de choses... Et tandis que les menaces vont grandissantes en France, la guerre d'Espagne éclate.

Encore une fois, Franck & Vautrin ont fait mouche avec ce deuxième opus où de nouveau, action, humour, suspense sont au rendez-vous pour notre plus grand bonheur! On sent que les auteurs ont pris énormément de plaisir à relater cette période où l'espoir se mêle à la peur; cette période charnière du XXème siècle où les décisions prises à cette époque auront des conséquences fatales...

Les personnages sont truculents; Franck et Vautrin s'amusent avec ce cher Boro, qui, du fait des évènements perd la fin de son innocence - la fin de sa jeunesse? Les personnages secondaires sont excellents, certains font une apparition remarquée - Liselotte, Charpaillez, les frères Briguedeuille..., d'autres, avec bonheur, refont parler d'eux lorsque Boro les croise et recroise par instants. On rencontre même aussi au détour des pages Léon Blum ou Charlie Chaplin!

Bref, un excellent épisode, dans la même veine que le premier. Un petit bémol quand même : les auteurs ne se sont-ils pas un peu dispersés entre les évènements à Paris et le début de la guerre civile en Espagne? Mais qu'importe puisqu'à la fin, on ne souhaite qu'une seule chose : retrouver Boro dans la suite de ses aventures!

Ma note : 4,5/5
Lu en Février 2009
Éditions Pocket, 633 pages

Boro a disparu, Boro ne répond plus!

Inquiétude à l'agence Alpha Press : aucune nouvelle de Blémia Borowitz depuis plusieurs jours alors que celui-ci se trouvait en Espagne pour couvrir la guerre civile... Liselotte, la jeune fille qu'il a sauvée dans Le temps des cerises, Prakash et Pazmany, ses deux acolytes hongrois avec qui il a fondé l'agence de photographes dans lequel Boro opère, la mystérieuse marquise d'Ambratès, Anne Visage, la secrétaire de Léon Blum, tous mettent leurs efforts en commun afin de découvrir ce qui a bien pu arriver à notre héros... Même Maryika Vremler, la célébrissime actrice et également cousine de Boro débarque d'Amérique afin d'apporter son aide. Et tandis que les jours passent et avec, la peur de plus en plus grande d'un malheur possible, là-bas, à Aldo Corrientès, cellule 12...

Borowitz pour le nom, Blémia pour le prénom, Boro pour la signature : voici donc notre héros en pleine guerre civile espagnole. Détenu par les fascistes, notre intrépide reporter devra cependant faire face à un danger bien plus redoutable que la terrible forteresse dans laquelle il est détenu. Mais même au fin fond de sa cellule, Boro réussit à rester caustique, courageux et aussi, terriblement amoureux!

Un troisième tome que j'ai trouvé bien en deçà des précédents (le premier de la série demeure d'ailleurs réellement mon préféré). C'est que notre héros se retrouve enfermé pendant bien les trois quart du roman et que, par conséquent, celui-ci est bien moins endiablé question rythme. L'ambiance, elle, est beaucoup plus noire que d'habitude, et, par conséquent, le ton est bien plus grave. Quant aux épreuves que subissent Boro et la belle Solana, personnellement, je n'ai pas particulièrement apprécié ces passages dans le roman...

Bref, un épisode moins réussi mais qui se lit toujours aussi bien. Heureusement que l'évasion de Boro sauve ce roman ainsi que la fin où, heureusement, j'ai été soulagée de retrouver mon cher Boro bien plus en forme qu'au départ.

Ma note : 3,75/5
Lu en mars 2009
Editions Pocket, 658 pages

Quatrième aventure de notre cher reporter photographe d'origine hongroise, j'ai nommé Blémia Borowitz, dit Boro! Dans ce nouvel opus, notre héros commence ses péripéties en Inde, où, par hasard, il se retrouve en possession d'une mystérieuse machine à écrire qu'il a dérobé à une magnifique princesse roumaine. Mais ce que le photographe ne savait pas, c'est que cette machine à écrire est en réalité la célèbre machine à coder Enigma des services secrets allemands dont la belle Romana fait parti...

Et voilà Boro repartit pour de folles aventures où il nous emmène d'Inde à Marseille, du Havre à New York, de Paris à Munich, en rolls royce, à cheval, à pied, en avion, sur le paquebot Normandie ou en train à travers l'Allemagne nazie. L'époque est trouble et haletante, les démocraties européennes devant en effet faire face aux appétits terribles d'Hitler face à la Pologne... Et tandis que le monde tremble car la guerre semble inévitable, Boro, lui, vole au secours de la belle Solana et tente d'échapper aux tueurs envoyés sur ses traces par l'ensemble des services secrets européens.

Voilà un excellent épisode des aventures de Boro, du même niveau que le premier de la série La dame de Berlin. Pas un instant on ne s'ennuie avec ce personnage alliant humour, courage et détermination, tout en étant un coureur de jupons notoire, ce qui, d'ailleurs ici lui amènera de sérieux ennuis! Franck et Vautrin ont réussi ici à retrouver le souffle et le dynamisme des premières aventures de Boro, ce que malheureusement, je regrettais un peu de ne pas retrouver dans les tomes suivants.

Au fil des pages, le lecteur retrouvera des personnages qu'il connait bien car déjà croisés auparavant comme les comparses de Boro à l'agence Alpha Press ou encore des personnages secondaires croisés au hasard des pages précédemment. D'autres font leur apparition, comme la mystérieuse Mademoiselle Chat, et le lecteur comprend très vite qu'il les retrouvera de nouveau par la suite. Et puis, qui est ce mystérieux Arthur Finnvack du MI6?

Et tandis que, dans les dernières pages, la drôle de guerre éclate, c'est le cœur serré que l'on suit Boro et ses compagnons partis s'engager dans les troupes françaises en guerre contre l'Allemagne nazie. Autant dire que la suite des aventures de Boro s'avère palpitante et que c'est avec une impatience non feinte que j'ai hâte de savoir que ce Franck et Vautrin auront bien pu imaginer dans le prochain épisode...

Ma note : 5/5
Lu en juillet 2009
Éditions
Fayard, 560 pages


vendredi 27 novembre 2009

Challenge ABC 2010

Un des défis les plus célèbres sur la blogosphère littéraire est le challenge ABC.

Pour ceux qui ne connaissent pas, ce défi consiste pour chaque participant à établir une liste de 26 romans dont les noms des auteurs commencent chacun par une lettre de l'alphabet différente. Évidemment, on peut corser la chose et faire une liste avec un thème précis (le roman historique, les polars, que des auteurs féminins...) mais déjà, réussir à lire tous les romans est un exploit!

J'avais participé à l'édition 2007 (3 ans, déjà!) et ai voulu retenter l'expérience de 2010. J'avais alors réussi à lire l'ensemble des titres de ma liste (avec certes quelques jours de retard), nous allons donc voir si je suis capable de la même chose en 2010!

Pas de thème particulier dans ma liste, si ce n'est que j'ai beaucoup pioché dans ma PAL et que j'ai aussi choisi des romans disponibles à la bibliothèque (en 2007, j'avais galéré pour trouver certains livres). Quelques hésitations encore pour quelques lettres; mais voici ma liste (que je me réserve le droit de changer, si besoin et si l'envie se fait sentir!) :

A - Austen Jane : Raisons et sentiments
B - Bissondath Neil : Tous ces mondes en elle
C - Cuneo Anne : Le trajet d'une rivière
D - Dick Philip K : Le maître du haut château
E - Erdrich Louise : La chorale des maîtres bouchers
F - Fowles John : L'obsédé
G - Godberson Anna : Rebelles
H - Harris Jane : La servante insoumise
I - Ishiguro Kazuo : Auprès de moi toujours
J - James Henry : Washington Square
K - Kazan Elia : L'arrangement
L - Lampedusa Tomasi di : Le guépard
M - McEwan Ian : Expiation
N - Niffeneger Audrey : Le temps n'est rien
O - O'Faolain Nuala : L'histoire de Chicago May
P - Parrot Jean-François : L'énigme des Blancs-Manteaux
Q - Quignard Pascal : Villa Amalia
R - Russo Richard : Le déclin de l'empire Whiting
S
- Shaffer Mary Ann : Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates
T - Teulé Jean : Mangez le si vous voulez
U - Uhlman Fred : Sous la lune et les étoiles
V - Vargas Fred : Debout les morts
W - Wallace Mélanie : Sauvages
X - Xinran : Chinoises
Y - Yourcenar Marguerite : L'œuvre au noir
Z : Zusak Markus : La voleuse de livres


Vais je y arriver? Verdict le 31 décembre 2010!

mercredi 25 novembre 2009

Le palanquin des larmes - Chow Ching Lie

"Je suis née dans un pays féodal, je me suis mariée l'année où la
Chine s'apprêtait à franchir d'un seul coup plusieurs siècles."


Chow Ching Lie a treize ans quand sa famille la contraint à épouser le fils ainé d'une des plus riches familles de Shanghai. Pour cette jeune fille ne connaissant rien au mariage et encore moins à l'amour, le choc est rude, d'autant plus qu'elle a vécu une enfance douce et heureuse et qu'elle se voyait entrer un jour au conservatoire et devenir pianiste. Mais ses parents, et notamment sa mère, en ont décidé autrement : de par sa merveilleuse beauté, Chow Ching Lie pourrait être courtisée par n'importe qui et il n'est pas question qu'elle connaisse à son tour les affres de la pauvreté. Alors Chow Ching Lie se rend et accepte de monter dans le palanquin du mariage...

Nous sommes en 1950 et une jeune fille d'à peine treize ans se voit devoir épouser un homme qu'elle ne connait pas et de dix ans son ainé. Dans la Chine de la moitié du XXème siècle, la chose est encore banale et courante et il faudra attendre l'avènement de Mao quelques mois plus tard (trop tard pour Chow Ching Lie comme elle même le reconnaitra amèrement) pour que les choses changent et que les mariages arrangés pour ne pas dire imposés soient interdits.

A travers le récit de sa jeunesse, Chow Ching Lie dépeint la Chine qu'elle a vue et où elle a vécu avec sa famille. Le palanquin des larmes peut ainsi se scinder en trois parties toutes intéressantes et qui montrent bien les métamorphoses rapides de l'Empire du milieu. Tout d'abord, nous suivons l'héroïne durant son enfance à Shanghai dans une Chine alors envahie par les Japonais. La seconde guerre mondiale fait rage et les Chinois ne seront guère épargnés : le conflit fera près de 5 millions de morts... Pour la population chinoise, la vie est dure. L'auteur là encore nous en donne un brillant exemple quand elle nous raconte les risques pris par son père pour les tirer de la pauvreté. La fin du conflit n'amène cependant ni la paix ni la prospérité tant espérées. Il est alors étonnant d'imaginer le Shanghai des années 40, un mélange de Chicago avec ses gangs, ses buicks dans les rues, ses dancings et autres lieux de débauches qui fleurissent dans toute la ville, et notamment dans les concessions étrangères, quartiers chics et réputés où les Chow réussiront à trouver finalement un logement. Mais la vie chinoise d'alors, malgré cette modernité apparente, reste cependant terriblement ancrée dans les traditions. Le décalage est immense entre les coutumes strictes et sévères et les timides aspirations de liberté ici ou là. Les femmes, notamment, se doivent de rester irréprochables, de devoir obéissance et respect tour à tour à leur père, puis leur mari et enfin leur fils. L'exemple le plus criant est celui de la mère de Chow Ching Lie, qui, après son mariage, devient le véritable esclave de sa belle-mère.

Cependant, que l'on ne s'y trompe pas : si de telles pratiques étaient faites, personne, en son for intérieur n'y trouvait quoi à y redire ou y voyait du mal. Ainsi l'exemple du mariage "arrangé" de Chow Ching Lie: pour sa famille et notamment ses grands-parents, il est sur et certain que grâce à cela, elle sera à l'abri définitif du besoin et de la pauvreté. Quand on lit les misères et malheurs qu'ont subi ses parents et grands-parents, on peut comprendre aisément le point de vue qui a motivé leurs décisions.

La deuxième partie du roman nous emmène donc dans la nouvelle vie d'une Chow Ching Lie jeune épouse. Les descriptions des fastes du mariage valent à elles seules le détour et permettent d'avoir une vision détaillée de multiples coutumes chinoises, de la préparation du trousseau à l'arrivée de la mariée dans sa nouvelle demeure (en l'occurrence celle de ses beaux-parents) en passant par le banquet. Si son mari l'aime passionnément, ce n'est guère le cas de sa nouvelle famille, à commencer par ses belles-sœurs ou encore sa belle-mère. L'arrivée d'un fils puis d'une fille changeront peu de choses à cet état de fait, il faudra que les évènements intérieurs se déchainent pour que commence à s'effriter une configuration familiale vieille de plusieurs siècles.

Car Mao est monté au pouvoir et avec lui, c'est l'instauration du communisme. Chose étonnante : l'entourage de Chow Ching Lie accueille plutôt bien cette nouvelle, voire, comme son frère, certains y prennent part. C'est que comme l'explique là encore l'auteur, le maoïsme a eu ceci de bon que de multiples pratiques moyenâgeuses sont enfin abolies comme la prostitution, le mariage forcé ou l'asservissement des bonzes et que les Chinois, après avoir été asservis par les puissances étrangères, ont pu reprendre en main leur pays. S'en suivent ensuite le Grand Bond en avant, la période dite "des cent fleurs" puis une terrible famine qui frappe cruellement Chow Ching Lie et les siens.

La dernière partie du roman, peut-être la moins intéressante à mes yeux, se déroule à Hong Kong où Chow Ching Lie devra traverser encore bien des tourments avant de pouvoir enfin s'envoler vers la France où une carrière de pianiste, l'espère t-elle, l'attend.

Le ton employé par Chow Ching Lie durant tout le récit est un ton simple et mesuré où nul ressentiment ni regret ne transparait. Au contraire, c'est un immense amour pour son pays, la Chine, qui est ici décrit et l'auteur nous retranscrit le plus fidèlement possible les soubresauts subis par la Chine et ses habitants. Certes, Chow Ching Lie ne nous montre que ce que elle, elle a vécu (les erreurs ou les victimes du communisme ne sont pas évoquées) mais là encore, ce sont tour à tour avec des yeux d'enfants, puis de jeune épouse puis enfin, de femme libre, que nous suivons cette jeune femme admirable qui, tout en respectant les traditions, s'est également élevée à la modernité.

Lire Le palanquin des larmes en définitive c'est partir pour un long voyage passionnant, de la Chine féodale de l'impératrice Tseu Hi au régime maoïste, en passant par la guerre sino japonaise ou encore l'avènement du communisme. C'est également l'immersion dans une famille chinoise et encore plus dans ses traditions, modes de vie et pensées. Sans oublier aussi et surtout l'histoire d'une jeune fille à qui un jour on avait prédit qu'elle prendrait en main le rênes de sa vie grâce à une "chose qui contient beaucoup de métal" : le piano.

Ma note : 5/5

Éditions
J'ai lu, 380 pages

mardi 24 novembre 2009

Les cent livres préférés des Français


Voici ci-dessous la liste des cent livres préférés des Français. Le but du jeu ici consiste à indiquer ceux que l'on a lus. En ce qui me concerne, j'ai donc déjà lu (en rouge) :

1 La Bible (des extraits seulement)
2 Les Misérables de Victor Hugo (pas encore mais je le prévois pour 2010)
3 Le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry (lu il y a longtemps mais pas de grands souvenirs)
4 Germinal d'Emile Zola (un excellent roman!)
5 Le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien
6 Le rouge et le noir de Stendhal
7 Le grand Meaulnes d'Alain-Fournier (lu cette année, un coup de coeur)
8 Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne (mon père, grand fan de Jules Verne, m'avait "obligée" petite à lire Jules Verne. Je ne plus lire cet auteur depuis!)
9 Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody
10 Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas (beaucoup aime, il faudrait que je le relise)
11 La gloire de mon père de Marcel Pagnol (beaucoup aimé le film)
12 Le journal d'Anne Frank d'Anne Frank (lu plusieurs fois et toujours poignant!)
13 La bicyclette bleue de Régine Deforges (pas mal mais je me suis arrêtée aux 3 premiers tomes)
14 La nuit des temps de René Barjavel
15 Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen Mc Cullough (abandon!)
16 Dix petits nègres d'Agatha Christie (un grand classique!)
17 Sans famille d'Hector Malot (lu au collège, plus aucun souvenir!)
18 Les albums de Tintin de Hergé (vous l'avourais-je? Je déteste Tintin et pourtant je les ai tous lus!)
19 Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell (Grandiose! Et Vivien Leigh est si belle!)
20 L'assommoir d'Emile Zola (lu aussi mais pas mon préféré de Zola)
21 Jane Eyre de Charlotte Brontë (lu deux fois et à chaque fois, quel ravissement!)
22 Dictionnaires Petit Robert, Larousse, etc (forcément!)
23 Au nom de tous les miens de Martin Gray
24 Le comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas (Dumas en pleine forme!)
25 La cité de la joie de Dominique Lapierre
26 Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley (une claque en le lisant)
27 La peste d'Albert Camus
28 Dune de Frank Herbert
29 L'herbe bleue Anonyme
30 L'étranger d'Albert Camus (seul roman de Camus lu. Il faudrait que j'en lise d'autres)
31 L'écume des jours de Boris Vian (pas du tout aimé)
32 Paroles de Jacques Prévert
33 L'alchimiste de Paulo Coelho (une belle découverte)
34 Les fables de Jean de La Fontaine (combien ai je du en apprendre par coeur à l'école!)
35 Le parfum de Patrick Süskind (très réussi. Un auteur à relire)
36 Les fleurs du mal de Charles Baudelaire
37 Vipère au poing d'Hervé Bazin
38 Belle du seigneur d'Albert Cohen
39 Le lion de Joseph Kessel (lu il y a longtemps mais pas un souvenir impérissable)
40 Huis clos de Jean-Paul Sartre
41 Candide de Voltaire
42 Antigone de Jean Anouilh
43 Les lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet
44 Premier de cordée de Roger Frison-Roche
45 Si c'est un homme de Primo Levi
46 Les malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur (j'étais une grande fan de Mme de Ségur petite. J'ai du pratiquement tout lire d'elle)
47 Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne
48 Les fourmis de Bernard Werber
49 La condition humaine d'André Malraux
50 Les Rougon-Macquart d'Emile Zola (la série? pas tout lu loin de là!)
51 Les rois maudits de Maurice Druon
52 Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand (un grand classique du théatre)
53 Les hauts de Hurlevent d'Emily Brontë (aaah Heathcliff! Quel homme!)
54 Madame Bovary de Gustave Flaubert (abandon à la 1ere tentative, révélation à la 2nd!)
55 Les raisins de la colère de John Steinbeck (SUPERBE!)
56 Le château de ma mère de Marcel Pagnol
57 Voyage au centre de la Terre de Jules Verne
58 La mère de Pearl Buck
59 Le pull-over rouge de Gilles Perrault
60 Mémoires de guerre de Charles de Gaulle
61 Des grives aux loups de Claude Michelet
62 Le fléau de Stephen King
63 Nana d'Emile Zola
64 Les petites filles modèles de la comtesse de Ségur
65 Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway
66 Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez (lu il y a quelques années, j'en garde un très bon souvenir)
67 Oscar et la dame rose d'Eric-Emmanuel Schmitt
68 Robinson Crusoé de Daniel Defoe
69 L'île mystérieuse de Jules Verne
70 La chartreuse de Parme de Stendhal
71 1984 de George Orwell(très bon mais j'ai presque préféré "la ferme des animaux")
72 Croc-Blanc de Jack London
73 Regain de Jean Giono
74 Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
75 Et si c'était vrai de Marc Levy(pas trop aimé, pas mon style de lecture)
76 Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline
77 Racines d'Alex Haley
78 Le père Goriot d'Honoré de Balzac
79 Au bonheur des dames d'Emile Zola (mon Zola préféré)
80 La terre d'Emile Zola
81 La nausée de Jean-Paul Sartre
82 Fondation d'Isaac Asimov
83 Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway (seul roman d'Hemingway que j'ai lu, pas aimé)
84 Louisiane de Maurice Denuzière (une grande saga comme je les aime!)
85 Bonjour tristesse de Françoise Sagan
86 Le club des cinq d'Enid Blyton(beaucoup lu de romans d'elle petite)
87 Vent d'est, vent d'ouest de Pearl Buck
88 Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir
89 Les cavaliers de Joseph Kessel
90 Jalna de Mazo de la Roche (lu les 16 tomes. Si si!)
91 J'irai cracher sur vos tombes de Boris Vian
92 Bel-Ami de Guy de Maupassant
93 Un sac de billes de Joseph Joffo
94 Le pavillon des cancéreux d'Alexandre Soljenitsyne
95 Le désert des Tartares de Dino Buzzati
96 Les enfants de la terre de Jean M. Auel
97 La 25e heure de Virgil Gheorghiu (une révélation que ce livre... A lire!)
98 La case de l'oncle Tom de H. Beecher-Stowe
99 Les Thibault de Roger Martin du Gard (MON roman culte.)
100 Le silence de la mer de Vercors

Bilan des courses : 52/100 soit plus de la moitié. Je m'épate moi même!

dimanche 22 novembre 2009

Challenge 100 ans de littérature américaine


C'est une idée de challenge plutôt intéressante que Bouh a lancé sur son blog : lire des oeuvres de la littérature américaine du XXème siècle.

A la base, j'aime beaucoup les auteurs américains du siècle dernier (et oui, nous sommes au XXIème siècle!). Je me souviens avoir déjà dévoré Steinbeck, Fitzgerald ou encore Tennessee Williams. Mais ce challenge m'a aussi montré qu'il y en avait énormément que je n'avais encore pas lus ou que je n'avais que survolés comme Faulkner, Miller, Capote ou Irving. Bref, ce challenge tombe à pic pour (re)faire ma culture américaine!

Le principe est fort simple : lire un nombre d'oeuvres déterminées à la base avant le 31 décembre 2010 (ce qui, mine de rien, laisse du temps). Je me suis fixée personnellement un objectif initial de 5 romans (je verrai en cours de route si j'augmente ou non la liste!). Je n'ai pas d'auteurs ou romans déterminés à l'avance, cela se fera au fur et à mesure selon mes envies et surtout, selon ce que je dénicherai! Cependant, je vais essayer de privilégier des auteurs que je n'ai encore jamais lus.

Premier roman de lu : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee

vendredi 20 novembre 2009

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur - Harper Lee


"Comment ont-ils pu faire ça, comment ont-ils pu?
- Je ne sais pas, mais c'est ainsi. Ce n'est ni la première ni la dernière fois, et j'ai l'impression que quand ils font ça, cela ne fait pleurer que les enfants."

En 1935 à Maycomb, Atticus Finch est commis d'office pour défendre un homme noir accusé d'avoir tenté de violer une femme blanche. Si pour cet avocat, il ne fait pas de doute qu'il s'agit de l'affaire de sa vie, pour ses deux enfants, et notamment sa fille "Scout", rien ne sera plus comme avant...

Raconté avec des yeux d'enfants, en l'occurrence ceux de la jeune Scout, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un récit où les thèmes de la ségrégation, des préjugés durs et vivaces et du racisme sont décrits avec une acuité rare qu'il m'a rarement été donné de retrouver dans d'autres récits. Mais Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, ce n'est pas seulement cela; c'est aussi et surtout le récit de trois étés que passa la jeune Scout avec son frère Jem dans la petite cité de Maycomb.

Située dans le sud des Etats-Unis, Maycomb est une ville marquée par l'esclavagisme et où la ségrégation raciale est instaurée sans que personne n'ait à y redire. Blancs et Noirs ne se côtoient pas ou si peu; chacun vit de son coté sans chercher à se mélanger les uns les autres. Pour bien comprendre également le contexte de l'histoire, il ne faut pas oublier également que les Etats-Unis dans les années trente sont en pleine récession économique. Si les Finch sont épargnés, il n'en est pas de même des autres habitants de Maycomb. Certes, les Noirs sont les plus touchés, eux qui vivent de misère près de la décharge. Mais des familles "blanches" subissent elles aussi la pauvreté comme les Ewell, par qui le procès arrive...

Scout a six ans et elle est plus garçon manqué que petite fille modèle. Les étés se passent en jeux divers avec son grand frère Jem et leur ami Dill venu passer les vacances dans le quartier. D'une intelligence et d'une sagacité étonnante, Scout se doute bien qu'il se passe quelque chose chez les Radley, ces voisins énigmatiques. D'autant plus que cela fait bien des années que leur fils Boo Radley n'a pas mis un pied dehors... Mais très vite les évènements, notamment ceux liés à l'affaire Robinson vont frapper les enfants Finch qui vont être confrontés à la dure réalité de l'existence.

Ragots, menaces, injures : Scout et Jem ne sont guère épargnés par la population de Maycomb qui trouve scandaleux qu'Atticus Finch puisse défendre un Noir. Même la propre sœur d'Atticus ira le blâmer de jeter ainsi l'opprobre sur sa propre famille et ses enfants. Mais le père de Scout ne veut pas renier ses opinions d'autant plus qu'il tente d'inculquer à ses enfants des valeurs de tolérance, d'humanité et de probité.

Un récit sur lequel tant de choses serait à dire que ce serait peine perdue. Grâce à un style simple mais non dénué d'humour ni de tendresse, Harper Lee réussit à faire revivre sous nos yeux l'état d'esprit d'une petite ville de province américaine en proie au doute et au questionnement. L'histoire se lit avec une simplicité étonnante; l'auteur réussit en effet à s'effacer au bénéfice de sa petite héroïne espiègle et fort sympathique. Cependant, avec la fin du procès et ses conséquences, c'est aussi la fin du temps de l'innocence pour Scout et son frère qu'elle nous décrit.

Écrit dans les années 60, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur a connu aux Etats-Unis un succès considérable. Un roman méconnu en France et c'est bien regrettable : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est, dans ses thèmes et ses réflexions, encore, hélas, terriblement d'actualité ...

Un roman indispensable à lire!

Ma note :5/5

Editions de Fallois, 345 pages

jeudi 19 novembre 2009

PAL


Suite à mon message du 16 novembre dernier, voici donc l'état de ma PAL à ce jour :





  1. Neil BISSONDATH Tous ces mondes en elle
  2. Albert CAMUS Le mythe de Sisyphe
  3. CHOW CHING Lie Le palanquin des larmes Lu!
  4. Anne CUNEO Le trajet d'une rivière
  5. Maxence FERMINE Le violon noir
  6. John FOWLES L'obsédé
  7. Charles FRAZIER Retour à Cold Mountain Lu!
  8. C.V. GHEORGHIU La maison de Petrodava
  9. Anna GODBERSEN Rebelles
  10. David GOODIS La lune dans le caniveau
  11. Graham GREENE Notre agent à La Havane
  12. Philippe GRIMBERT Un secret
  13. Clara GUELFENBEIN Ma femme de ta vie
  14. Dashiell HAMMETT Le faucon de Malte
  15. Mary HIGGINS CLARK Un cri dans la nuit
  16. Susan HILL Je suis le seigneur du château
  17. William IRISH J’ai épousé une ombre
  18. Elia KAZAN L’arrangement
  19. Douglas KENNEDY L’homme qui voulait vivre sa vie
  20. Daniel KEYES Des fleurs pour Algernon
  21. Yasmina KHADRA L’attentat
  22. Stephen KING Colorado Kid
  23. John KNITTEL Via Mala
  24. John KNITTEL Thérèse Etienne
  25. John KNITTEL Amédée
  26. Marc LEVY Le premier jour
  27. Patricia MACDONALD J’ai épousé un inconnu
  28. Katherine MANSFIELD La Garden Party
  29. Ian McEWAN Expiation
  30. John Mc GAHERN Haute-Terre
  31. Henry de MONTHERLANT Les jeunes filles
  32. Kate MORTON Le jardin des secrets Lu!
  33. Harry MULLISH La découverte du ciel
  34. Jean François PARROT L’homme au ventre de plomb
  35. Arturo PEREZ-REVERTE La reine du Sud
  36. Anne PERRY Resurrection Row
  37. Anne PERRY Rutland Place
  38. Anne PERRY Le cadavre de Bluegate Fields
  39. JK ROWLING Harry Potter et les reliques de la mort Lu!
  40. Lisa SEE Fleur de neige Lu!
  41. Sara SHERIDAN Le labyrinthe
  42. SIMENON L’aîné des Ferchaux
  43. SIMENON La guinguette à deux sous
  44. SIMENON Maigret voyage
  45. SIMENON Maigret et l’indicateur
  46. Mélanie WALLACE Sauvages
  47. Edith WHARTON Une affaire de charme
  48. Eiji YOSHIKAWA La parfaite lumière
  49. Lajos ZILAHY L’ange de la colère

49 romans à lire donc, sachant que j'en lis au mieux un par semaine, et qu'il y a 52 semaines en 2010, j'ai de quoi lire pour toute l'année qui vient!

Pars vite et reviens tard - Fred Vargas


Lorsque Adamsberg se voit accosté par une femme terrorisée par des peintures de "4" à l'envers sur plusieurs immeubles de la capitale, le commissaire parisien, lui, n'y voit que les agissements d'une bande de blagueurs. Mais quand on lui rapporte que des messages étranges en vieux français ou latins sont adressés chaque jour au crieur de la place Edgar Quinet pour qu'il les lise à tous, il se sent pris d'un étrange pressentiment. Pressentiment qui se révèle fondé lorsque un puis deux habitants des immeubles peints de "4" sont retrouvés morts. D'autant plus que les victimes sont recouvertes de taches noires et piquées de puces... Le Fléau de Dieu serait il de retour comme les missives mystérieuses semblaient l'annoncer?

Un roman policier original et qui, dès les premières lignes, prend le lecteur au piège de son intrigue habillement ficelée. Pas de temps mort; au contraire, Vargas distille au fur et à mesure ses indices et développe le mystère qui entoure ce semeur de peste. Beaucoup de références historiques, l'auteur s'est appliquée à rendre presque crédible son récit; pour preuve on y croirait presque à son histoire de Peste ressurgie au XXème siècle. Le succès de Pars vite et reviens tard s'explique aussi par des personnages de qualité, à commencer par le personnage principal, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, en proie à des doutes et à des questionnements, aussi bien au sujet de l'enquête qui piétine que sur sa vie privée qui dérape. Mais plus encore, ce sont les personnages secondaires qui l'on retiendra; de Joss Le Guern ce crieur breton bourru mais "chez les Le Gern, on est des brutes pas des brigands", aux autres habitants de la place Edgar Quinet en passant par Danglard ou encore ces quatre hommes atypiques mais plus que cultivés que Adamsberg sollicite dans son enquête pour l'aider.

Un roman qu'une fois commencé, on ne peut plus lâcher : preuve irréfutable que ce roman policier à la française est une véritable réussite. On se doute bien que des personnages croisés dans ce récit, on en retrouvera un certain nombre dans les autres aventures de Adamsberg. Et rien qu'à cette idée, c'est avec impatience que j'attends de pouvoir lire un autre roman de Fred Vargas !

Ma note : 4/5

Editions J'ai lu, 350 pages

lundi 16 novembre 2009

Objectif PAL...


Chaque lecteur/lectrice qui se respecte possède un démon caché, de ceux que l'on tait et cache aux yeux de tous. Très souvent, les proches ne comprennent pas voire critiquent ou conspuent avec véhémence de tels dérapages qui, outre les conséquences financières évidentes, apparaissent comme les symptômes évidents d'une "maladie", d'une tare :

Celle de la PAL gigantesque.

Par PAL, les habitués des blogs littéraires reconnaîtront l'abréviation de Pile à lire, les autres se contenteront de lever bien haut les sourcils et de marmonner en eux mêmes que ce n'est plus une maladie, mais une folie.

J'ai moi aussi une PAL. En réalité, j'en ai toujours eu. Entendez par cela que comme tout un chacun, je possédais quelques romans me restant à lire, ma "réserve", comme je disais et dont la durée de stationnement des romans dans ladite réserve ne dépassait pas quelques semaines.

Hélas, Internet est passé par là, et surtout les multiples sites, blogs et autres forums littéraires où nombreux étaient les critiques et autres avis d'internautes sur des romans que je n'avais jamais lus et dont je ne soupçonnais pas l'existence. Ajoutez à cela la proximité immédiate d'une des plus grandes bibliothèques de France, et vous comprendrez le désastre.

Ma réserve est devenue PAL.

Et puis, je me suis inscrite sur un forum littéraire (j'y suis toujours d'ailleurs, je n'arrive pas à décrocher!) et qui dit forum, dit "thème de lecture", "livre du mois" et autres sujets littéraires qui, sans être obligatoires, vous poussent encore plus loin dans la recherche et l'accumulation de livres. Sans oublier les critiques dénichées à droite et à gauche à la pelle toutes plus alléchantes les unes que les autres qui fait que, après une PAL, c'est une LAL que vous créez (Liste à Lire : entendez à cela tous les romans que vous rêvez de lire. La logique d'une lectrice acharnée est que tous les romans de sa LAL rentrent un jour dans sa PAL).

Je ne compris l'étendue du désastre que le jour où je déménageais soit l'année dernière, et où je compris qu'un seul carton ne suffirait pas à tous les ranger.

J'avoue qu'avoir une PAL importante a un coté rassurant : au moins, le choix de lecture est toujours possible! Mais aussi, quelle frustration : avoir un tel nombre de romans et ne pas les lire! N'est ce pas ridicule voire absurde? D'autant plus que le risque ultime est de voir ses goûts changer et de se retrouver en définitive à lire des livres que l'on a achetés des années auparavant et qui, désormais ne nous disent plus rien.

Alors, comme beaucoup j'ai décidé d'agir et de prendre certaines résolutions :
1) Ne plus acheter de romans jusqu'à nouvel ordre
2) Ne plus emprunter de romans ni à la bibliothèque ni auprès d'amis ou de la famille
3) N'abroger les points 1 et 2 que lorsque cette satanée PAL aura atteint un niveau "acceptable"

Qu'est ce qu'un niveau acceptable en ce qui me concerne? Je l'avoue, j'ai été rassurée en lisant de ci delà que certaines PAL pouvaient atteindre des hauteurs astronomiques comme 200 livres par exemple. La mienne n'en contient que 49. Et pourtant, pour moi, c'est trop, beaucoup trop. Comme nous sommes déjà le 16 novembre et que, je ne suis pas démente non plus, fixer le 31 décembre 2009 est peine perdue (ou alors il faudrait tricher et là, c'est non!), je me fixe donc la date butoir du 31 décembre 2010 et comme objectif celui de moins de 20 romans (ne rêvons pas, je ne tiendrai pas les points 1 et 2 très longtemps).

Et pour m'encourager une bonne fois pour toute, je me suis de plus inscrite à L'objectif PAL qu'Antigone a lancé cet été. Je n'aurais plus d'excuse!

Prochaine étape : la publication de ma PAL ici. Et si vous avez des suggestions de lecture "prioritaires" ou qu'il me faut lire absolument dans ma PAL, n'hésitez pas!

dimanche 15 novembre 2009

Epouses et concubines - Su Tong



A dix-neuf ans, Songlian devient la quatrième épouse du riche Chen Zuoquian, bien plus âgé qu'elle. Pour cette jeune étudiante orpheline, c'est un monde nouveau qui s'ouvre à elle : celui étouffant et confiné des concubines et dont le seul but est de devenir la favorite. Manigances, mensonges, trahisons : les quatre femmes enfermées dans la demeure se livrent rapidement à un combat sans merci pour conquérir leur maître...

Un récit délicat où les sentiments de ces quatre femmes se livrant à une lutte à mort sont décrits avec pudeur et délicatesse. Su Tong ne montre rien tout en disant tout en ce sens où tout transparait dans l'imaginaire du lecteur sans que l'auteur ait réellement besoin d'en écrire trop. Ainsi, avec un style d'une sobriété manifeste, Su Tong retranscrit magnifiquement le quotidien de ses femmes dont la destinée est d'attendre le bon vouloir de leur maître. Et d'espérer d'avoir enfin un fils afin de supplanter définitivement ses rivales...

Épouses et concubines, de par ses quelques 125 pages, est plus une nouvelle qu'un roman et c'est pourquoi ce récit se lit vite d'autant plus qu'on est fasciné par l'histoire de toutes ses femmes. Que va devenir Songlian? Va t-elle s'adapter à sa nouvelle existence? Réussira t-elle à déjouer les pièges que vont lui tendre les autres concubines? Enfin, il est étonnant de penser que Épouses et concubines est un récit moderne et qu'il a été écrit dans les années 90 tellement l'auteur sait utiliser un style précieux et délicat qui sied à merveille avec la société féodale chinoise qu'il décrit ici.

Livre simple et très abordable, Épouses et concubines nous entraine dans la Chine d'avant la Révolution où la place de la femme ne peut que faire frémir. D'autant plus qu'il est malheureusement facile de penser que des femmes de nos jours subissent encore ce genre d'existence. Un récit à lire!

Ma note : 4/5

Editions Le livre de poche, 125 pages

Boro s'en va t-en-guerre - Franck & Vautrin


Paris, 11 novembre 1940.

Les lycéens parisiens provoquent l'occupant allemand en défilant dans les rues, brandissant des banderoles et chantant la Marseillaise en ce jour d'armistice de la première guerre mondiale. Dans ses rangs, se trouve également Blémia Borowitz, reporter photographe célèbre dans le monde entier. Les temps sont bien difficiles pour notre ami reporter Boro pourchassé par les nazis avec, à sa tête, le redoutable Von Riegenburg... Dans un Paris occupé par les forces allemandes, alors que le froid, la misère, la peur et la haine hantent les rues et les mentalités, Boro, lui, armé de son seul Leica et de sa canne, déambule la nuit dans les rues et refuse de passer en Angleterre. Mais les évènements, rapidement, vont se succéder et Boro devra prendre de bien terribles décisions...

Cinquième tome des aventures de Boro reporter photographe, Boro s'en va t-en guerre est d'une noirceur que les auteurs, le duo Franck et Vautrin, nous avait peu habitué dans les épisodes précédents. Certes, les temps sont durs : c'est l'Occupation avec ses privations et ses horreurs quotidiennes. Ecoeuré, Boro découvre que ses compatriotes n'hésitent pas à fraterniser avec l'ennemi pour un morceau de pain ou un peu de considération... Même l'agence Alpha Press est sclérosée de l'intérieur et Boro, suivi de Prakash et de Mlle Fiffre quitte l'agence qu'il avait pourtant fondée dix ans plus tôt... Mais plus que cela, l'impression générale est que Boro a vieilli. Fini l'insouciance de la jeunesse, Boro a dépassé les 30 ans et c'est un homme grave et soucieux de la survie des siens que le lecteur suit tout au long des 580 pages du roman.

On tremble, on frémit, on sourit aussi beaucoup aux multiples réparties de notre cher héros. Car Boro n'a pas perdu cependant de sa superbe et notre Don Juan hongrois fera tout pour sauver une belle jeune fille aux yeux verts aperçue un soir. Pendant ce temps, à Londres, les services secrets britanniques cherchent l'impossible pour sauver le photographe et Arthur Finnvack, le numéro deux du MI6 décide de tenter le tout pour le tout...

Se déroulant principalement à Paris, l'action nous permet de recroiser de nombreux personnages, notamment ceux rencontrés dans Le temps des cerises, comme toute la bande de malfrats du bord de la Marne. Mais le lecteur subit lui aussi la bataille d'Angleterre et devine peu à peu au fil des pages qu'il ne s'agit ici bien que d'un début et que le vrai combat de Boro et de ses amis contre les Nazis ne sera que réellement plus tard...

Un roman plus sombre donc avec une intrigue un peu longue à se mettre en rythme au départ. Néanmoins, le lecteur est par la suite rapidement entrainé dans les pas de Boro et Cie et c'est avec impatience que l'on se demande quel sera le rôle réel de Boro dans la Résistance.

Ma note : 4/5

Editions Fayard, 577 pages