Retour à Cold Mountain, c'est le récit d'un long voyage, du cheminement épique et traversé d'embuches d'Inman, soldat désertant la guerre de Sécession et ses batailles gorgées de sang et de morts toutes plus inutiles les unes que les autres. Et tandis que les jours et les semaines passent, Inman marche vers le sud et les montagnes de Cold Mountain, là où l'attend Ada, qui, espère t-il, l'aimera encore...
Retour à Cold Mountain c'est avant tout des rencontres. Celles d'Inman tout d'abord, qui, à travers son périple, croise des hommes et des femmes de tous bords et qui, tour à tour vont soit l'aider, soit le pourchasser à corps et à cris. C'est aussi la rencontre d'Inman avec ses souvenirs, ses regrets et ses peurs, peurs liées aux réminiscences des batailles sanglantes de Pettersburg et autres.
Au détour des routes et des chemins, la longue odyssée d'Inman l'amènera à rencontrer un prédicateur respectant selon ses idées les textes de l'Évangile, une gardienne de chèvres vivant seule depuis plus de vingt ans dans les montagnes ou encore Sara, veuve à à peine vingt ans et tentant de survivre au milieu de nulle parts avec sa fille.
Et puis, il y a la nature, belle mais aussi menaçante avec ses pièges, sa dureté et son immensité. Charles Frazier a fait un travail remarquable en restituant avec précisions et moult détails la vie dure et aride au XIX ème siècle dans les campagnes. On est bien loin des grandes et belles demeures coloniales du Sud que l'on imagine bien souvent. Non, Retour à Cold Mountain c'est tout d'abord le récit de gens humbles qui tentent de survivre dans ces temps troubles qu'est la guerre de Sécession qui dure alors depuis plus de quatre ans. Les hommes sont partis à la guerre, les troupes ennemies passent et n'hésitent pas à piller et tuer les populations civiles. Chacun essaie coûte que coûte de survivre à la limite de la pauvreté et de l'indigence. A l'instar d'Ada, restée seule à la mort de son père et qui se retrouve ruinée de par la guerre alors qu'elle ne sait rien faire de ses dix doigts. Heureusement, elle rencontre Ruby, merveilleuse Ruby!, qui illumine par sa volonté et sa rage de vivre les lignes de ce roman et qui fut mon personnage préféré.
Rien à voir avec le film, pourtant très réussi qui fut tiré de ce roman. Non, le récit initial de Charles Frazier est bien plus dense, plus profond que l'adaptation cinématographique d'Anthony Minghella. Encore une fois, les descriptions de la vie rude de tous ces hommes et ces femmes est criante de vérité; on se serait presque cru nous aussi dans les champs et les forets, sous la neige ou la pluie, à subir le froid, la faim et la peur... Et effectivement, il est incroyable de penser que l'on vivait ainsi, il y a encore 150 ans...
Un très beau récit, où les amoureux de la nature et des grands espaces seront comblés. Une histoire très fouillée mais aussi intemporelle sur la folie des hommes, la recherche de survie coûte que coûte et l'espoir inoubliable d'aimer et d'être aimé à jamais, même dans la mort.
Ma note : 4/5
Éditions Le livre de poche, 497 pages
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