mercredi 27 octobre 2010

Mémoires à contre vent - Peter Adam

Juif allemand, Peter Adam a traversé le XXème siècle grâce à son métier de reporter pour la BBC. A ses cotés, dans cette autobiographie qui couvre le XXème siècle de 1932 à 1989, Peter Adam se livre peu mais nous décrit plutôt les évènements, les personnalités qu’il a côtoyés durant toute son existence mouvementée.

Jeune juif allemand à Berlin et issu d'un milieu bourgeois, Peter Adam nous décrit la vie quotidienne que fut la sienne pendant le IIIème Reich. Nous découvrons ainsi un Berlin appauvri culturellement pendant le régime nazi, mais où les actes de résistance furent plus nombreux qu’on ne croit. On apprend aussi que Berlin fut une des villes les plus bombardées par les Alliés et que les lendemains de guerre furent les plus difficiles pour sa famille dans une Allemagne alors occupée et où la faim, le froid et la pauvreté touchèrent de plein fouet sa famille.

Devenu reporter par la suite, c’est d’une manière toute « journalistique » que Peter Adam se livre, sans excès, sans fioritures ni émotions trop exagérées. De même, c’est avec simplicité et sans supériorité qu’il nous raconte ses différentes rencontres avec des artistes comme Jean Cocteau, Bertholt Brecht, Françoise Sagan, Luchino Visconti. Avec lui, nous sommes emmenés dans le tourbillon artistique des années 50 et 60, avec le développement de nouveaux courants artistiques, la Nouvelle Vague notamment.

En définitive, un récit intéressant et complet sur une bonne partie du XXème siècle et qui nous éclaire particulièrement sur des époques différentes et pourtant ancrées dans nos mémoires.

Ma note : 3/5
(Éditions La Différence, 443 pages)

3ème sélection Elle - Octobre

mardi 26 octobre 2010

Treize heures - Deon Meyer

Treize heures mouvementées dans la vie d’un policier du Cap, Benny Griessel, réveillé dès l’aube par un appel téléphonique qui lui apprend qu’une jeune fille a été retrouvée égorgée près de Long Street. Les heures se succèdent et ce n’est plus un, mais deux meurtres qui sont confiés à de jeunes policiers sud-africains que Benny doit épauler. Mais le temps presse, une jeune touriste américaine pourchassée par de mystérieux agresseurs est à retrouver. Ajoutez à cela les rivalités entre flics, une chanteuse sur le déclin alcoolique accusée de meurtre, des magouilles suspectes dans l’industrie du disque ou encore une soif inextinguible qui ne cesse pas et vous comprendrez pourquoi cette journée risque de paraître bien longue pour notre héros…

Avec 13 heures, Deon Meyer n’en est pas à son premier roman policier et cela se sent. En effet, ce qui surprend dans tout ce récit c’est son unité, sa logique d’enchaînement, son rythme régulier. Quelle maîtrise dans le sujet ici ! Il est assez rare de souligner en effet que 13 heures n’est pas un thriller classique, encore moins banal ou d’une trivialité affligeante comme on peut malheureusement en voir souvent. Que nenni, et c’est avec passion que l’on suit les enquêtes successives de ce brave Benny à qui on s’attache immédiatement, malgré ses défauts et travers flagrants.

Et pourtant il y avait de quoi s’emmêler les pinceaux puisque Déon Meyer s’amuse à traiter deux affaires en même temps, à sauter d’une situation à une autre, à mettre en scène des dizaines de personnages différents, sans que l’on sache parfois si celui que l’on croise à ce moment là est un personnage clé ou non de l’histoire. Et c’est là tout le génie du roman que d’être si complet, si précis dans ses détails que l’on s’y croirait nous aussi au Cap, dans cette ville où l’on ressent la poussière, la chaleur, où la violence est l’une des pires au monde et où la peur est le sentiment dominant. Et pourtant, cette ville, Deon Meyer a réussi à me la faire aimer, à me donner envie d’y aller, de me promener à mon tour dans ses rues, pour y ressentir l’ambiance.

Un récit subtil, des personnages complexes et complet, une intrigue à vous tenir en haleine du début à la fin avec un final en apothéose, une plume aiguisée et tranchante :13 heures c’est tout cela à la fois et bien plus encore. A lire absolument !

Ma note : 4,5/5
(Éditions Seuil Policiers, 460 pages)

3ème sélection Elle - Novembre

lundi 25 octobre 2010

Ru - Kim Thuy

Ru signifie berceuse en vietnamien et c’est donc sur le rythme d’une berceuse, dans un ton lancinant et presque mélancolique que Kim Thuy nous livre ses souvenirs. De son enfance enchanteresse au Vietnam vite rattrapé par les soubresauts de l’histoire à son exil au Canada en passant par sa fuite avec sa famille dans un de ces nombreux Boat People, Kim Thuy nous relate les péripéties de son enfance mouvementée et à jamais disparue.

La plume de Kim Thuy est d’une douceur et d’une pureté merveilleuses. Et c’est avec émotion que l’on suit son témoignage où, d’une voix fluette et mélancolique elle nous livre ses souvenirs et ses espérances. Comment ne pas ressentir de compassion envers la petite fille alors enfermée dans un camp de réfugiés en Malaisie dans la crasse, la faim et les maladies ? Comment ne pas se révolter face aux exactions et autres brimades subies par sa famille par les troupes de Nord qui envahissent le Sud ? Comment ne pas sourire enfin à la lecture de sa découverte du monde occidental, un monde où la liberté et les désirs enfin possibles la déstabilisent ?

Ce premier roman qui se lit vite et sans effort, est un superbe témoignage des souffrances de tout un peuple. Vibrant hommage à tous ces gens qui se sont enfuis au péril de leurs vies dans des bateaux surchargés dont beaucoup périront en mer dans l’indifférence générale. Hommage également à ceux qui sont restés mais qui ont aidé les autres à partir malgré les dangers. Hommage enfin à ceux qui les ont accueillis, aidés, nourris et logés dans un pays étranger, malgré leurs coutumes et langues différentes.

Un très beau récit, d’une simplicité touchante mais d’une force d’évocation évidente. Une réussite.

Ma note : 3,75/5
(Éditions L. Levi, 143 pages)


3ème sélection Elle - Novembre

dimanche 24 octobre 2010

Xinran

Xinran est née en 1958. Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges, à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l’impérialisme ».
A partir de 1983, la Chine a besoin de personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débat éducatives tout en s’assurant que les sujets « interdits » sont évités. Xinran devient rapidement l’animatrice d’une émission de radio, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit.
En 1997, elle décide de quitter la Chine et s’installe en Angleterre. Elle s’y marie et a un fils.
Depuis la publication de son premier livre, Chinoises, un best-seller international, Xinran est connue dans le monde entier. Elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC.
(Sources : http://www.editions-picquier.fr/)


Funérailles célestes
En 1956, Wen et Kejun sont deux jeunes étudiants en médecine, plein de l'idéologie communiste en vigueur en Chine. Alors qu'ils ne sont mariés que depuis trois mois, Kejun s'enrôle comme médecin volontaire dans l'armée chinoise en partance pour le Tibet. Quelques mois plus tard, Shu Wen apprend que Kejun aurait trouvé la mort sur les plateaux tibétains. Ne pouvant y croire, elle décide alors de se rendre en plein conflit sino-tibétain au Tibet afin de partir à la recherche de son mari et de découvrir ce qui lui est réellement arrivé...

Quel roman magnifique! Xinran décrit ici un formidable portrait de femme avec le destin extraordinaire de Shu Wen, confrontée à un paysage et un mode de vie auxquels elle n'a absolument pas été préparée. Liée d'amitiée avec Zhuoma, fille d'un chef de clan tibétain, recueillie par des nomades explorant toutes les montagnes sacrées du Tibet ainsi que les innombrables plaines, Shu Wen n'aura de cesse de consacrer sa vie à retrouver son mari.

J'ai été littéralement transportée au Tibet, suivant pas à pas les recherches de Shu Wen, tremblant, espérant pour elle et les amis qu'elle se fait au cours de sa vie au Tibet. Coupée du monde, Shu Wen ne sait rien des multiples bouleversements qui ébranlent la Chine - la mort de Mao, la Révolution culturelle, les réformes de Deng Xiaoping. Au contraire, là-bas, Shu Wen apprend la spiritualité au contact de ces gens simples dont la vie est rythmée par les saisons et les transhumances.

J'ai adoré ce roman; j'en suis d'ailleurs encore complètement émue. Se dire d'autant plus qu'il s'agit d'une histoire est encore plus bouleversant. Xinran, avec ce récit, a ainsi montré jusqu'où l'on peut aller par amour et par détermination. Un immense respect pour Shu Wen, et un grand bravo pour Xinran d'avoir retranscrit ici son histoire.

Ma note : 5/5
(Éditions Philippe Picquier, 190 pages)
Lu en décembre 2007

Baguettes chinoises
Baguettes chinoises raconte la destinée de trois femmes dans la Chine d'aujourd'hui. Trois, Cinq et Six ont quitté leur village pour partir travailler à Nankin, ville tellement éloignée à leurs yeux du monde dans lequel elles ont vécu jusqu'à présent. Quel choc pour ces jeunes femmes n’ayant jamais vu de leurs yeux un ordinateur, n’étant jamais monté dans une automobile, n’ayant jamais réellement circulé librement dans les rues ! Et c’est par leur travail que ces trois sœurs vont acquérir peu à peu leur autonomie puis leur confiance en elle pour enfin, s’affranchir des carcans de la société de leur milieu et devenir libres.

Inspiré d’histoires vraies, Baguettes chinoises est un très beau portrait de ces Chinoises d’aujourd’hui, dans un pays de plus d’un milliard d’habitants, qui, brusquement à partir des années 90, s’ouvre au monde et à « l’économie de marché ». Le bouleversement est immense pour ce peuple ayant connu pendant des années le régime maoïste avec ses aberrations et ses horreurs, notamment lors de la révolution culturelle que Xinran mentionne par instants dans son récit. Mais plus encore que les hommes, ce sont les femmes qui ont vu leurs existences chamboulées par la transformation de la société. Autrefois considérées comme seulement bonnes à faire des enfants (et des fils si possible) et à tenir la maison, les femmes désormais gagnent leurs vies, et très souvent comme les trois sœurs dont il est ici question, ce sont elles qui assurent la subsistance du reste de leurs famille restée à la campagne. La secousse est immense pour ces campagnardes brusquement propulsées dans un nouveau monde. Ainsi, même si Nankin n’est pas si loin d’où habitent leurs parents, Trois, Cinq et Six se rendent très vite du fossé entre les villes et les campagnes, restées encore en pleine féodalité.

C’est une Chine méconnue qui s’ouvre ici aux yeux du lecteur. Mais encore plus, ce sont des personnalités étonnantes de femmes que Xinran ici met en valeur. C’est avec un immense respect que nous suivons le parcours de ces femmes, de leurs doutes à leurs espoirs, de leurs déceptions à leur réussite finale, lorsque leur père reconnaîtra enfin le bien que ses trois filles ont pu apporter à leur famille de par leur travail et l’argent amassé.

Xinran, à la fin du récit, apporte un éclairage particulier sur le devenir de ses femme et plus particulièrement, sur celles qui ont inspiré les héroïnes fictives de ce récit. La lecture en est ainsi d’autant plus intéressante que l’on sent l’intérêt et encore plus l’amitié de Xinran envers ses consœurs, qui, coûte que coûte chercheront à s’élever au dessus de leurs conditions et assouvir leurs rêves.

Pour nous, femmes occidentales, Baguettes chinoises devrait être un exemple. Encore plus, c’est d’une leçon d’humilité et de courage dont il est ici question. Et rien que pour cela, le destin de ses trois femmes restera à jamais gravé dans notre cœur.

Ma note : 4/5
(Éditions Philippe Piquier, 340 pages)
Lu en septembre 2009

Chinoises
Journaliste chinoise à la radio d'Etat, Xinran a recueilli pendant huit années les témoignages de ses compatriotes lors de son émission radiophonique "Mots sur la brise nocturne". Chinoises est un condensé de plusieurs de ces histoires tour à tour émouvantes, tragiques et poignantes.

Ces destins de femmes font parti de ceux qui forcent l'admiration. Après Funérailles Célestes et Baguettes chinoises, Chinoises est le troisième récit que je lis de cet auteur et encore une fois j'ai été touchée par cette force d'évocation que possède l'auteur. Xinran réussit à disparaitre pour laisser en pleine lumière toutes ces femmes de générations, régions, cultures et conditions sociales différentes et qui, pourtant, toutes à leurs manières, lui expliquent leurs existences, leurs vies faites de souffrance, de peur, de tristesse mais aussi d'espoir.

Qu'est ce qu'être chinoise aujourd'hui? C'est pour répondre à cette question et comprendre ces millions de femmes que Xinran créa dans les années quatre-vingt son émission de radio qui obtint un succès considérable. Des milliers de témoignages de femmes ont alors afflué, forçant Xinran à découvrir des vérités pas toujours belles à voir. Mariages forcés, viols, pauvreté, folie, familles déchirées... C'est avec horreur et frisson qu'on lit certaines de ces histoires qui toutes sont malheureusement vraies. A travers ces témoignages de femmes courageuses et téméraires et sur lesquelles bien souvent toute une famille se reposait, apparait aussi une réalité : celle de la Chine de Mao puis de la Révolution culturelle dont les ravages seront bien nombreux. Autant dire que les premières victimes de ces années noires furent les femmes, écartelées entre le monde ancien où elles n'étaient rien et un monde "neuf" en plein chambardement et chaos et où elles étaient des proies et victimes faciles...

De ces récits souffle cependant un vent d'espoir et de bonheur. Car ces femmes, mine de rien, nous inculquent une leçon de respect inégalé. Toutes en effet oublient leurs tourments de brefs instants et ne se focalisent que sur l'amour. L'amour envers leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs enfants, leurs amants. Et c'est avec émotion que j'ai refermé Chinoises tout en ayant une pensée émue pour toutes ces femmes inconnues mais rescapées de l'oubli à jamais grâce à ce récit.

Ma note : 4/5
(Éditions Philippe Pasquier, 330 pages)


22/26!

mercredi 13 octobre 2010

Challenge Histoire

Jelydragon a lancé depuis août le challenge Histoire, qui, comme son nom l'indique, a pour but de nous faire découvrir les romans historiques qu'il s'agisse de récits, biographies, BD, mangas... Pas de pays ou période imposés et encore moins de nombre d'ouvrage imposés!

J'aime beaucoup ce style littéraire et c'est donc avec plaisir et enthousiasme que je me suis donc inscrite! La challenge court jusqu'à fin septembre 2011. C'est donc le 1er challenge pour 2011 auquel je me suis inscrite.

Toutes les infos ici.

lundi 11 octobre 2010

C'est lundi, que lisez-vous?

Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Que lirais-je la semaine qui vient ?

Malou a lancé un tag original : résumer tous les lundis ce qu'on a lu la semaine passée, dire ce qu'on est en train de lire et ce que l'on prévoit de lire la semaine suivante.

C'est la première fois que je participe à un tag littéraire, alors allons y!

  • Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Ru de Kim Thuy de la sélection Elle du mois d'octobre. Une très très bonne surprise que ce roman que je n'aurais jamais lu de moi-même!
En BDs aussi, la série Betelgeuse de Léo : pas mal mais j'avais largement préféré la premier cycle Aldebaran.

  • Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Une fois n'est pas coutume, j'ai deux lectures en cours : la première est 13 heures de Deon Meyer, encore pour Elle et là encore c'est une bonne pioche! Autant les sélections de septembre m'avaient déçue, autant je suis plus que convaincue par celles d'octobre. Pourvu que ça dure, il me reste encore l'essai à lire!
Je lis aussi La parfaite lumière de Eiji Yoshikawa mais même si j'aime beaucoup, c'est un peu en stand by en ce moment.

  • Que lirais-je la semaine qui vient ?
Pas encore totalement décidée mais j'ai Chinoises de Xinran, La chorale des maîtres boucher de Louise Erdrich ou encore Mémoires à contre-vent de Peter Adam qui m'attendent sagement. A moins que je ne sois encore dans mes lectures en cours, je ne lis pas très vite en ce moment!

Et vous, que lisez-vous?

dimanche 10 octobre 2010

Washington Square - Henry James

Pauvre Catherine Slopper! Cette jeune New-Yorkaise de la bonne société est follement amoureuse de Morris Towsend, jeune homme désœuvré et arriviste sorti de nulle part et qui a fait sa conquête en quelques semaines seulement. Oui mais voilà, son père, le Dr Slopper ne voit pas d'un bon œil cette relation et refuse avec obstination les fiançailles des deux jeunes gens car il soupçonne Towsend d'en vouloir en réalité à sa fortune...

Peinture d'une société, celle des classes aisées du nouveau monde d'avant la guerre de Sécession, Washington Square est avant tout le récit d'un dialogue de sourds, celui entre le Dr Slopper et sa fille unique Catherine.Le Dr Slopper est riche, très riche même mais aussi et surtout est doté d'un pragmatisme et d'une froide logique incomparable. A contrario, Catherine pourrait être considérée comme d'une banalité affligeante : ni intelligente ni totalement sotte, ni belle ni laide, mais timide et effacée Catherine est tout simplement gentille et bonne nous apprend Henry James. Et l'auteur de nous la dépeindre également comme étant d'une grande piété filiale, absolument respectueuse des volontés de son père dont elle a un peu peur en réalité... Se mettre en travers du chemin de son père pour son amour avec Towsend? S'enfuir avec lui? Jamais elle ne pourrait car Catherine, dans son malheur est en proie à un terrible dilemme : comment concilier son amour filial avec son amour pour son fiancé? Comment faire pour aimer Towsend sans peiner son père?

Évidemment Towsend ne l'aime pas vraiment, n'y a même jamais pensé. Épouser Catherine qui serait alors déshéritée par son père? Voilà qui ne ferait pas ses affaires... Car Towsend n'est qu'un fieffé égoïste, vivant aux crochets de sa sœur et abusant encore et toujours des services de la tante de Catherine qui s'amuse avec passion à jouer les entremetteuses entre sa nièce et son amoureux au grand énervement de tous...

Washington Square est une description des caractères intéressante avec des personnages que l'on ne rencontre pas habituellement. Catherine, ainsi, ne pourrait être comparée à ces femmes volontaires et intrépides telles qu'on en rencontre souvent. Et pourtant, les dernières pages nous réservent un dénouement inattendu. Et où Catherine ne s'avère pas si sotte que cela.

Un bon récit de cet auteur majeur du XIXème siècle qui est résolument à lire. Je lirai d'autres récits avec plaisir d'Henry James.

Ma note : 4/5
(Éditions Liana Levi, 280 pages)

21/26!

samedi 9 octobre 2010

Debout les morts - Fred Vargas

Un matin, la cantatrice Sophia Siméonidis trouve dans son jardin un hêtre surgi de nulle part. Contre toute attente, cet arbre mystérieux la panique et la pousse à demander à ses trois nouveaux voisins chercheurs — Matthias le préhistorien, Marc le médiéviste et Lucien le fou de la Grande Guerre — de creuser sous l'arbre. En vain puisqu'ils n'y trouvent apparemment rien. Mais peu après, Sophia disparait...

Voici LE roman policier de l'année en ce qui me concerne. Quel enchantement que la plume de Mme Vargas! D'elle j'avais déjà lu l'année dernière Pars vite et reviens tard mais ce deuxième récit m'a convaincu brillamment que ses histoires sont faites pour moi.

Il y a du suspens, de l'humour (beaucoup) et surtout des personnages que l'on n'oublie pas et qui vous marque profondément. Ceux qui, comme moi avaient déjà lu Pars vite et reviens tard seront revis de redécouvrir Marc le chercheur médiéviste fauché qui jouait alors un rôle secondaire. Ici, il n'en est rien puisque c'est lui, aidé de ses deux camarades et de son parrain le Vieux Vandoosler, l’ancien flic, qui va mener l'enquête et tenter de découvrir ce qui a bien pu arriver à leur amie Sophia. Les personnages sont admirablement campés; l'intrigue est prenante du début à la fin et on ne s'ennuie pas une seconde en suivant ces chercheurs excentriques mais bougrement attachants. Pas d'Adamsberg ici mais ce n'est pas grave. L'histoire n'en est que plus puissante et les pages défilent si vite que c'est avec déception que le roman s'achève!

Vous l'aurez compris, j'ai eu un immense coup de cœur pour ce policier. Vivement le prochain!

Ma note : 5/5
(Éditions J'ai lu, 282 pages)

20/26!

et

Lecture d'octobre

mardi 5 octobre 2010

La princesse Ligovskoï - Michel Lermontov

Dans leur jeunesse, Georges et Vièrotchka se sont aimés puis le temps et le destin les a séparés. Lorsqu'ils se retrouvent enfin à Saint-Pétersbourg, Georges est devenu un officier cynique et moqueur; elle de par son mariage avec un homme plus âgé qu'elle, s'appelle désormais la princesse Ligovskoï. Et malgré leur apparente indifférence de l'un envers l'autre, les deux anciens amoureux ne tardent pas à se sentir de plus en plus proches...

Michel Lermontov est un des plus grands écrivains russes du XIXème siècle bien que de cette époque prolifique pour la littérature russe, on retienne plus les noms de Tolstoï, Dostoïevski ou Pouchkine. Et pourtant, Lermontov a laissé dans sa brève œuvre littéraire un chef d'œuvre, Un héros de notre temps, récit devenu emblématique dans la culture russe.

Mais revenons au récit dont il est ici question, à savoir cette courte nouvelle qui n'en est pas une : La princesse Ligovskoï. Les quelques cent vingt pages ici sont un bon exemple du style et du talent de Lermontov. Descriptions brillantes de la société pétersbourgeoise du milieu du XIXème siècle avec ses bals, soirées ou encore réceptions dans les salons, tout cela saupoudrée d'un zeste d'ironie et de moquerie à peine déguisée envers l'aristocratie décadente et la bourgeoisie qui rêve de s'élever à son niveau. Ajoutez à cela un style de narration intéressante avec l'emploi du "je" qui, durant tout le récit, nous rend encore plus proche des personnages et des péripéties.

Évidemment, on reste sur sa faim lorsque le récit se coupe brusquement et pour cause : La princesse Ligovskoï n'est pas une nouvelle mais un récit inachevé de l'auteur. Et malgré cet inconvénient de taille qui nous empêche de connaître le fin mot de l'histoire (que deviennent en définitive Georges et Vièrotchka?), La princesse Ligovskoï fait parti de ces histoires qui vous marquent profondément. Gage sans conteste que Lermontov fait bien parti du panthéon de la littérature russe.

Ma note : 3,5/5
(Éditions Folio 2€, 121 pages)


et


19/26!

et


Lecture d'octobre

lundi 4 octobre 2010

Les femmes du braconnier - Claude Pujade-Renaud

Écrivain et poétesse américaine, Sylvia Plath est malheureusement plus connue pour son suicide que pour son œuvre. Dans ce roman, Claude Pujade-Renaud s’attache au couple amoureux de Sylvia avec celui qui allait devenir son époux, le poète Ted Hugues qu’elle rencontre à Canbridge en 1956. A ce duo va s’attacher une troisième personne, la poétesse Assia Wevill qui va avoir une liaison avec Ted Hughes …

Un récit pour lequel je n’ai ressenti que peu ou pas d’intérêt, à ma grande honte. Car il n’y a rien à reprocher au style de Claude Pujade-Renaud ou encore au thème traité (la vie tumultueuse des deux couples de poètes, mais aussi leurs œuvres toutes façonnées grâce à leur vécu personnel). Hélas, j’avoue mon désintérêt profond à ce récit, désintérêt que je regrette profondément. Ce n’était tout simplement pas pour moi à ce moment là. Je retenterai l'expérience plus tard.

Par contre, je trouve l'illustration de la couverture magnifique, pas vous?

(Éditions Actes Sud, 349 pages)

2ème sélection Elle - Octobre

dimanche 3 octobre 2010

La moitié du ciel - Nicholas D. Kristof et Sheryl WuDunn

« Les femmes portent la moitié du ciel. »

Voici assurément un récit qui devrait être mis dans les mains du plus grand nombre.

Vous ne ressortirez pas indemnes après avoir lu un tel récit où les deux auteurs, Nicholas D. Kristof et Sheryl WuDunn, tous deux journalistes de leurs états et qui sillonnent le monde depuis des années, se sont livrées ici à un véritable plaidoyer en faveur des femmes, et en particulier de ces femmes, qui, aux quatre coins de monde sont exploitées, battues, torturées, humiliées et asservies au nom de rites, croyances et coutumes qui pour nous, hommes et femmes d’Occident, nous semblent sorties d’un autre âge.

Vous me direz, ce que relatent ici les auteurs, on peut le lire, le voir et l’entendre très souvent dans les journaux et autres supports d’information. Mais ce récit ici a le pouvoir de nous émouvoir particulièrement notamment grâce à ces multiples témoignages et histoires de femmes qui se sont toutes élevées selon leurs moyens face à l’esclavagisme sexuel, les crimes d’honneur ou encore les mutilations et les viols.

Certaines histoires sont très dures, d’autres sont remplies d’espoir à l’instar de Mukhtar, qui ouvrit une école dans son village pakistanais ou encore Edna qui ouvrit la première maternité moderne de Somalie. Mais tous ces témoignages chocs sont surtout empreints d’humanité et d’espoir et nous montrent que ces histoires ne sont pas une fatalité.

Un superbe récit.

Ma note : 4/5

(Arenes Éditions, 200 pages)


2ème sélection Elle - Octobre

samedi 2 octobre 2010

Les enfants de la nuit - Franck Delaney

Architecte international reconnu, Nicholas Newman ne s’est jamais remis du meurtre de Madeleine, la femme avec qui il vivait une aventure passionnelle depuis des années à Londres. Et lorsque des années plus tard, il reconnaît par hasard sur une photo la petite tour Eiffel en améthyste qui avait disparu après son assassinat, Nicholas devient alors la cible d’une série d’agressions toutes plus démoniaques les unes que les autres. Pour Nicholas, découvrir les assassins de Madeleine va devenir une obsession. Mais il ne sait pas encore ce que ses recherches vont lui faire découvrir.

Un récit qui semblait tenir toutes ses promesses : hélas, cent fois hélas, il n’en a été rien et c’est avec une déception manifeste que j’ai fini ce roman policier. Et pourtant tout avait démarré pour le mieux : des évènements qui s’enchaînent sans temps mort, des révélations sur une mystérieuse institution nazie qui installe un mystère et une ambiance pesante, un couple de riches Hongrois pas très nets : bref, jusqu’à la moitié du récit, on y croit et on suit Nicholas (et non pas Mickael comme il est indiqué sur la quatrième de couverture, bravo !) avec grand intérêt. Malheureusement, notre héros n’en est pas vraiment un puisque ses atermoiements, ses hésitations et autres simagrées m’ont littéralement tapée sur les nerfs. Que de mimiques avant enfin d’accepter de faire ce qu’on lui demande! Quant à la fin, elle est décevante surtout après que l’auteur nous ait fait saliver d’envie en début de récit.

En définitive un récit qui, selon moi, n’a pas tenu ses promesses et c’est bien dommage car réellement, au départ, j’y croyais dur comme fer.

Ma note : 2,5/5

(Éditions Le Cherche Midi, 564 pages)

2ème sélection Elle - Octobre 2010