dimanche 27 novembre 2011

L'ingénue libertine

Roman paru en 1909, L'ingénue libertine est le regroupement de deux textes écrits préalablement à la demande de Willy, le premier mari de Colette, Minne et Les égarements de Minne.

L'histoire est celle de Minne, jeune Parisienne de bonne famille, vivant avec sa mère qui l'adore et l'adule à sa façon. Mais Minne, du haut de ses quinze ans, s'ennuie à mourir dans cette existence étriquée et sans attrait, où tout se déroule sans accroc et avec une langueur lancinante. Alors en cachette Minne lit dans les journaux les aventures du Frisé et de sa bande de voyous et rêve de la destinée de la belle Casque de cuivre. Au fur et à mesure des jours, l'imagination de la jeune fille s'emballe de plus en plus et, mélangeant songe et réalité, Minne rêve d'aventure et de destinée glorieuse. Jusqu'à passer à l'action.

Les années ont passé et Minne, devenue femme, a épousé son cousin Antoine. Mais la jeune femme se morfond toujours dans son nouveau rôle d'autant plus que ses songes d'enfant n'ont pas disparu. C'est l'Amour désormais qu'elle cherche désespérément dans les bras de ses amants successifs. Minne, dans ses égarements, finira t'elle par le trouver enfin?

C'est une histoire somme toute banale que L'ingénue libertine et n'y aurait-il pas l'écriture inimitable de Colette que ce roman aurait déjà disparu dans les limbes de la littérature... Ce n'est pas le meilleur roman de Colette (loin de là) mais malgré tout, le lecteur connaisseur de l'oeuvre de ce grand écrivain reconnait à coup sur ce style particulier entre tous et, qui, ici, fait tout le charme du roman. Il faut bien l'avouer, la trame du récit est assez creuse et les personnages peu intéressants voire exaspérants par instant (l’héroïne en premier). D'ailleurs Colette elle même s'excuse de ce récit de jeunesse dans la préface du livre, c'est pour dire...

En bref, un récit où le style de Colette est certes déjà présent mais qui ne suffit pas à sauver l'histoire en général. Autant dire que de ce grand écrivain, j'ai lu bien mieux et de loin.

Ma note : 3/5
(Le livre de poche, 251 pages)

2/4

dimanche 13 novembre 2011

Anna et le roi

En 1862, Anna Leonowens, jeune veuve anglaise, arrive à Bangkok avec son fils Louis afin d'entrer au service en tant que gouvernante à la cour du roi de Siam. Bien qu'ayant vécue depuis son enfance d'abord en Inde puis à Singapour, l'adaptation dans ce nouveau monde va s'avérer plus difficile que prévue. C'est en effet tout un univers vivant en vase clos dans un palais immense qu'Anna va découvrir dès son arrivée, avec ses us et coutumes particuliers et où tout tourne autour de la vie du roi, personnage omniprésent et intouchable. Et c'est avec courage et détermination qu'Anna fera tout pour conserver sa liberté et celle de ceux qu'elle aime tandis que d'innombrables embûches et dangers ne manqueront pas de se dresser face à elle durant les cinq années que vont durer sa vie au Siam.

Margaret Landon, missionnaire américaine, apprend par hasard pendant son séjour en Thaïlande la vie de cette femme extraordinaire qu'Anna Leonowens. Après avoir redécouvert ses carnets de voyage, elle décida de retranscrire mais en roman, les années que passa Anna à la cour du roi de Siam. Engagée pour servir de perceptrice à la ribambelle d'enfants du roi, Anna est aussi chargée d'enseigner l'anglais mais également les coutumes occidentales aux femmes du harem qui en avaient le désir. C'est ainsi qu'Anna a le privilège rare à l'époque d'approcher tous ceux qui vivaient dans l'immense palais qui abritait la cour du roi. Anna, très vite, se prend notamment de sympathie pour les femmes du harem, toutes plus prisonnières les unes que les autres dans cette immense cage dorée. C'est ainsi qu'Anna va très vite s'intéresser aux sorts des Siamois, qu'il s'agisse de la plus noble des princesses à l'esclave la plus démunie, n'hésitant pas à se mettre elle même en danger, devenant par la même occasion, profondément aimée de tout le peuple.

Margaret Landon nous brosse ainsi le portrait d'une femme énergique et étonnante, ne faiblissant jamais dans ses actes ni dans ses pensées. C'est avec courage qu'elle supporte maintes et maintes fois les colères d'un roi au caractère plus que changeant et aux caprices parfois dignes d'un enfant. Mais c'est aussi le témoignage et la description d'un peuple et d'un pays aux mille facettes qu'Anna apprend à connaitre et à aimer profondément. Nous allons ainsi au plus profond des cérémonies royales mais découvrons aussi la vie courante de tout un chacun à cette époque.

Et c'est avec déchirement qu'Anna se voit contrainte de quitter finalement le Siam au bout de cinq années certes difficiles mais aussi riches d'enseignement. Anna ne retournera jamais au Siam, mais obtiendra néanmoins satisfaction en voyant que le nouveau roi du Siam à qui elle avait notamment enseigné, mettra en action nombre de ses préceptes, notamment la fin de l'esclavage. Quant à nous, c'est avec des images brillantes et aux mille couleurs dans la tête que nous refermons ce livre d'une authenticité particulièrement rare.

A noter que ce roman a été adapté deux fois au cinéma, la première en 1956 avec Deborah Kerr et Yul Brenner, la seconde en 1999 avec Jodie Foster et Yun-Fat Chow.

Ma note : 4,5/5
(Archipoche, 500 pages)


mercredi 9 novembre 2011

Confessions d'une accro du shopping

Jeune londonienne, Rebecca est à priori une jeune fille banale, dont son job de journaliste financière dans un magazine minable l'ennuie. Mais Becky a un péché mignon qui lui remonte le moral : elle adore faire les magasins et ne peut s’empêcher de dépenser son argent en foule de choses toutes plus inutiles les unes que les autres. Mais le jour où son banquier, lassé de ses découverts en cascade, décide de lui couper les fonds, Becky sent bien qu'il est temps pour elle de changer de comportement et d'adopter une nouvelle façon de vivre. Déterminée, Backy se lance alors dans sa nouvelle vie tout en hésitant sur la marche à suivre : faut-il dépenser moins ou gagner plus?

Dans la même veine que les autres récits, Confessions d'une accro du shopping est une véritable lecture détente. Evidemment, le roman est bourrée de bons sentiments, Becky est une héroïne particulièrement attachante et la morale de l'histoire ne diffère guère de d'habitude (en bref, l'argent ne fait pas le bonheur). Mais à vrai dire, peu importe puisque le principal n'est-il pas que l'on passe un bon moment en lisant cette histoire? Et c'est assurément le cas puisque les pages défilent toutes seules et c'est presque avec stupeur que l'on arrive au bout de l'histoire en seulement quelques heures.

Alors, même si on peut critiquer ce "sous" genre qu'est la chick lit, autant l'avouer : comme cela fait du bien parfois d'en lire!

Ma note : 3,5/5
(Pocket, 366 pages)

3/3
Ce qui achève donc ma participation au challenge!

mardi 8 novembre 2011

Le juge et son bourreau

Ulrich Schmied, lieutenant de police à Berne, est retrouvé assassiné sur le bord d'une route de campagne dans sa voiture. Chose étrange, Schmied, en service ce jour-là, n'avait rien à faire près d'un bourg helvétique, en smoking de surcroît! Que faisait-il ici et pourquoi a t-il été assassiné?

C'est un Berlach vieux et fatigué, et à qui son ami médecin ne lui pronostique qu'un an de sursit avant sa fin, qui est chargé de l’enquête. Secondé de Tschanz, jeune loup aux dents longues et plein de zèle, Berlach se lance dans une recherche minutieuse des circonstances exactes de ce drame qui vont l’amener à rencontrer le riche et célèbre Gastmann, chez qui, le soir du meurtre, Schmied se rendait justement.

Evidemment, il y a l’enquête policière avec ses rebondissements, son aura de mystère et encore plus, son dénouement final inattendu. Mais en réalité, Le juge et son bourreau ne saurait se résumer à cela seulement. Car Durrenmatt nous entraîne dans une sarabande où la mort est en vérité l'héroïne principale du roman. Berlach, malade, et qui se sait fini, n'en continue pas moins d'aimer la vie et ses plaisirs. Plus que tout, il se débat face à elle et tente de la vaincre. Comme il tente de vaincre Gastmann, sorti d'on ne sait et qu'il avait déjà rencontré il y a bien des années de cela à Istanbul et avec qui un étrange marché avait été conclu...

Véritable fable sur le bien et le mal, Durrenmatt nous amène à réfléchir sur la mort, ses causes et ses conséquences et sur la part de juge et de bourreau que chacun d'entre nous avons en réalité au fond de nous. Un récit étonnant, servi par une écriture maîtrisée et qui nous entraîne dans une Suisse inquiétante et insoupçonnée. Une découverte particulièrement intéressante d'un auteur inconnu pour ma part jusqu'à présent.

Ma note : 3,5/5
(Le livre de poche, 124 pages)

1/1

dimanche 6 novembre 2011

La Reine Margot

Royaume de France, 1572. Charles IX marie sa soeur, Marguerite de Valois, dite Margot, à Henri de Bourbon, roi de Navarre. Ce mariage, essentiellement politique, vise à réconcilier Catholiques et Protestants qui se font la guerre depuis tant d'années. Pour l'évènement, de nombreux dignitaires de la religion réformée ont fait le déplacement au Louvre où les festivités vont bon train en cette belle journée d'août. Mais dans l'ombre, Catherine de Médicis veille et pour elle l'occasion est trop belle : il faut éliminer tous ces Protestants une bonne fois pour toute...

Roman dense, roman passionnant, roman époustouflant : La reine Margot, c'est tout cela et bien plus encore. Car plus qu'une page d'histoire, Alexandre Dumas nous restitue une époque, celle de Paris et surtout celle du palais royal du Louvre du XVIIème siècle avec ses intrigues, ses complots et autres machinations qui se trament à chaque coin de couloir. Sauvé de justesse par sa femme Margot qui lui a juré une fidélité politique sans faille, Henri de Bourbon est forcé d'abjurer la foi protestante et est gardé prisonnier dans un Louvre étouffant et menaçant. Cependant, le roi de Navarre conserve malgré tout l'amitié et le soutien du roi de France à la grande fureur de Catherine de Médicis, épouvantée à l'idée qu'un jour cet homme puisse être roi de France à la place de ses fils. L'oracle de René de Florentin - qui ne se trompe jamais - ne l'a t-il pas prédit?

Et pendant ce temps, le massacre de la Saint Barthelemy fait des milliers de morts à Paris et en Province. Les Protestants qui restent sont pourchassés et doivent se terrer pour sauver leur vie. Les deux frères du roi, eux, rêvent de devenir monarques à leur tour. Meurtres, complots, dénonciations vont bon train tandis que Catherine de Médicis, machiavélique, tire les ficelles de tout ce petit monde.

Evidemment, Dumas a pris de grandes libertés avec l'Histoire en mélangeant les dates exactes de rencontres des personnages - qui, pour la plupart, ont bien tous existé. Mais qu'importe, puisque le lecteur, subjugué, ne peut que suivre les tribulations de tous ces personnages qui se croisent, s'entrecroisent et se perdent de vue pour mieux se retrouver par la suite. Ce sont aussi des pages magnifiques sur l'amitié, à l'instar de celui indéfectible entre La Môle et Coconnas ou sur la loyauté, l'honneur ou le sens du devoir. Et puis, évidemment, il y a ces portraits de femmes comme celui, évidemment de Catherine de Médicis, et encore plus celui de Margot, femme amoureuse, femme déterminée, femme aussi pleine d'ambitions.

Roman sanglant (Dumas ne nous épargne pas les descriptions de massacres!), La reine Margot est aussi et surtout un roman volupteux notamment grâce à la figure de Margot, femme à la beauté sans pareille et aux multiples amants. Un récit épique et dynamique comme on n'en fait peu de nos jours. Du grand art!

Ma note : 5/5
(Le livre de poche, 655 pages)

2/3

et

Edition 2012