mercredi 30 juin 2010

Rebelles - Anna Godbersen

Présentation de l'éditeur : Des filles rebelles dans des robes sublimes font la fête jusqu'à l'aube. Des garçons irrésistibles aux sourires machiavéliques ont des intentions suspectes. Mensonges, secrets et scandales. Nous sommes à Manhattan... en 1899.

Vous cherchez un roman pour vous détendre, vous aérer l'esprit sans vous prendre la tête? Vous aimez les romans d'amour avec des héroïnes belles, riches et élégantes? Les robes à crinolines vous font rêver? Alors, ne cherchez pas : Rebelles est fait pour vous!

Pas de critique péjorative avec ce roman, loin de là. Evidemment, l'impression générale qui se dégage de ce récit est la simplicité. Simplicité du récit - l'intrigue se met rapidement en place, les explications de l'auteur sont claires et limpides, peu de risque de s'emmeler les pinceaux - des personnages - là encore, tous sont présentés dès le départ ce qui évite de les confondre - et du lieu - toute l'histoire se passe dans les quartiers chics de Manhattan en 1899. L'histoire débute par l'enterrement de la belle Elizabeth Holland et tout le mystère, bien sûr, est de savoir ce qui a bien pu se passer pour que cette jeune fille de bonne fille puisse bien disparaître...

Peu importe l'intrigue en réalité puisque le lecteur sera emmené dans des descriptions de robes toutes plus étincelantes les unes que les autres, de fêtes extraordinaires et somptueuses, d'hommes et de femmes séduisants mais par derrière diaboliques... Elizabeth et sa sœur Diana devraient bien faire attention à la ténébreuse Pénélope Hays, qui, follement amoureuse d'Henry, le fiancé d'Elizabeth, se sent prête à tout pour le récupérer... Mais le destin et les évènements vont s'en mêler, faisant de ce roman finalement une agréable surprise (je l'avoue, je craignais fortement d'avoir acheté un récit à l'eau de rose, mais en fait, pas du tout!).

Premier tome d'une série qui en comprend quatre, Rebelles laisse présager une saga certes sans surprise - Anna Godbersen n'a pas révolutionné la littérature - mais un pur divertissement et, ma foi, cela fait du bien parfois.

Ma note : 3,5/5
(Albin Michel, 452 pages)

12/26!

et

lundi 28 juin 2010

L'arrangement - Elia Kazan

"Et puis un matin, alors que j'allais au bureau au volant de ma Triumph TR 4 et que je me sentais, autant que je me souvienne parfaitement calme et en paix avec moi-même, brusquement, obéissant à Dieu sait quelle impulsion, je ... ou bien fut-ce une main invisible qui s'empara du volant de ma petite voiture et la jeta contre l'énorme camion-remorque qui fonçait dans la direction opposée? Ce fut la collision. Et l'accident qui transforma mon existence."

Il s'appelle Eddy Anderson, la quarantaine, et dans les quartiers huppés de Los Angeles, il est montré comme étant le parfait modèle de la réussite. Alors pourquoi, brusquement, laisse t-il tout tomber - travail, famille, maison chic, femme aimante et parfaite, relations - pour partir à New York? Là où son père, ce père qu'il a tant haï, se meurt mais réclame à corps et à cri son fils ainé? Ou alors, serait-ce pour cette Gwen, son ancienne maitresse, qu'il n'arrive pas à oublier?

Impossible de résumer un roman pareil en quelques lignes, aussi faudra t-il vous contenter des trois lignes ci-dessus! C'est que L'arrangement n'est pas un récit comme les autres du fait de sa profondeur, de sa complexité, de la réflexion qu'il engage auprès de ses lecteurs. Dès les premières pages, le personnage d'Eddy m'a paru un des héros de roman les plus profonds qu'il m'a été donnée de lire. Là encore, je serais particulièrement incapable d'arriver à vous décrire l'exhaustivité des sentiments et des comportements de cet homme, qui brusquement, refuse et rejette l'existence qu'il a toujours menée.

Évidemment tout quitter du jour au lendemain ne se fait pas ainsi. Surtout vis à vis de ceux qui ont toujours vécu avec vous et vous ont côtoyé. C'est à partir de l'instant où Eddy décide de mener sa vie et non plus celle que la société lui a imposée que les autres autour de lui s'intéressent à lui, lui parlent, se préoccupent de son sort. Par peur bien sûr, des conséquences que cela pourrait avoir sur leurs petites existences à eux. Et puis, change t-on réellement ainsi, du jour au lendemain? Ne restons nous pas toujours le même? Eddy lui même en fait l'amère expérience quand il revoit son père et que celui-ci recommence à le tétaniser de peur, comme dans son enfance.

Il y a beaucoup d'Elia Kazan dans le personnage d'Eddy. Comme lui, Kazan était le fils d'immigrants turcs d'origine grec. Comme Eddy, Kazan cherchera la rédemption à la fin des années 60, notamment pour faire oublier et se faire pardonner sa délation envers certains de ses confrères à la grande époque du Maccarthysme... Il est facile de détester un personnage comme Eddy Anderson, et pourtant, moi je l'ai aimé. Pire, je l'ai admiré. Qui, de nos jours, pourrait en effet se vanter de tout vouloir et de tout pouvoir quitter? Quel courage à mon sens! Certes, Eddy, si on s'arrête à certains de ses actes ou de ses pensées, peut se révéler comme un personnage abject. Et pourtant, j'ai ressenti une grande empathie envers cet homme bien que tout m'oppose à lui; alors qu'à l'inverse, sa femme Florence m'a littéralement tapée sur les nerfs.

"Florence, Florence, je sais que j'ai mal agi envers toi et envers d'autres. Mais ce n'est rien à coté de ce que je me suis fait. J'ai péché contre moi-même. Je me suis trahi. Je suis devenu tout ce que je ne voulais pas être. Je me méprisais, Florence, comme j'étais."

Certains passages m'ont particulièrement beaucoup plus : la fête de mariage chez les Rojas qui se termine en bagarre généralisée, la longue errance en pleine nuit d'Eddy complètement saoul et pourtant terriblement lucide sur lui même, les rencontres entre Eddy et son père à l'hôpital ou encore la nuit d'Eddy dans sa maison d'enfance qui finira en flammes... Quant aux personnages, Gwen m'est apparue comme une femme moderne, forte et déterminée, à coté d'un Eddy encore perdu dans ses actes et dans ses pensées. Étrangement, le personnage de M Flannigan, le patron d'Eddy m'a aussi paru bien intéressant alors qu'encore une fois, celui de Florence, la femme trompée, m'a paru bien morne.

« Laissez-moi vous présenter les choses une dernière fois, dans les termes les plus simples. Personne ne peut vivre absolument comme il le désire. Nous payons tous quelque chose, en temps perdu et en dégout de soi-même, pour payer le loyer et l’épicerie. C’est un compromis que nous faisons avec la société, qui en elle-même n’est qu’un compromis, vous comprenez ? en somme, voilà ce qui se passe : je renonce à une portion de mon âme, vous me donnez du pain. Nous tous, à un degré ou à un autre, feignons d’aimer ce que nous détestons. En général, nous le faisons pendant si longtemps que nous oublions que nous le détestons. Mais en dépit de tout, c’est une civilisation comme les autres . Non ? Dites-moi. »

Peut on changer, refuser cet arrangement tacite que nous tous, en réalité, avons fait entre nous même et la société afin d'être intégré dans celle-ci? Eddy, dans sa "folie" n'est il pas le plus sensé en réalité? N'est ce pas nous qui sommes fous ou illogiques de vivre ainsi? Écrit il y a presque quarante ans, L'arrangement garde aujourd'hui encore une modernité incroyable. Autant le dire : de tels romans ne seraient plus écrits ainsi.

Pour finir, je ne pouvais passer sous silence cette terrible et complexe histoire d'amour que contient L'arrangement. Car à vrai dire, sans Gwen, Eddy serait encore et toujours le grand publicitaire Eddy Andersen. Quelle femme que cette Gwen! Je l'avoue, j'ai presque été jalouse d'elle de par son assurance et sa rage de vivre. Ah si seulement j'avais un tant soit peu du culot de cette Gwen!

Ce récit, je l'ai fini il y a près de deux semaines et pourtant, aujourd'hui, je me surprends à me souvenir de certains passages, d'analyser certains faits et gestes, de me remémorer des instants clés du roman. Un récit qui n'a pas fini de me faire réfléchir...

Ma note : 5/5


11/26!

et


mardi 22 juin 2010

Le joueur d'échecs - Stefan Zweig

Sur le navire qui l'emmène en Amérique du Sud, le narrateur fait la connaissance de Czentovic, champion du monde des échecs en titre. Personnage inculte et vénal, Czentovic n'accorde que dédain et mépris aux autres passagers qui l'invitent à disputer une partie contre eux. Sans surprise, Czentovic écrase ses adversaires jusqu'au moment où un certain Monsieur B. intervient dans une partie et réussit à faire partie nulle face au maître. Rapidement, une autre partie est programmée entre les deux hommes. Mais qui est réellement ce Monsieur B. qui affirme ne plus avoir touché à un échiquier depuis plus de vingt ans?

Texte posthume de l'écrivain autrichien Stefan Zweig qui se donna la mort avec sa femme à Pétropolis au Brésil en 1942, Le joueur d'échec est le témoignage de l'horreur et de la consternation de cet écrivain face à la montée du nazisme dans cette Europe qu'il avait connue et tant aimée.

Que les novices en matière de jeu d'échec se rassurent : il n'est absolument pas nécessaire de connaître les règles ou subtilités de ce jeu millénaire pour suivre les péripéties de l'histoire. En réalité, tout l'intérêt de cette courte nouvelle est dans le personnage de ce mystérieux Monsieur B. Arrêté lors de l'arrivée des Nazis en Autriche, Monsieur B. est soumis à la plus horrible des tortures morales qui puisse être imaginée. Sa seule consolation et espoir réside dans le jeu d'échec qui lui permet de s'évader en pensée de son emprisonnement alors que les interrogatoires se succèdent. Jusqu'à ce que le jeu se retourne contre lui et le menace de folie...

Témoignage de l'horreur ressentie face à la catastrophe des années quarante, Le joueur d'échec est un récit où l'écriture simple mais précise de Zweig nous permet de découvrir toutes les horreurs de l'âme humaine. Une nouvelle qui comblera tous les amateurs de ce grand écrivain autrichien et ceux qui souhaiteraient le (re)découvrir.

Ma note : 4,5/5
(Editions
Bibliothèque cosmopolite Stock, 112 pages)

A noter que Karine:) et Caro[line] ont créé le challenge "Ich liebe Zweig"sur la blogosphère. Les détails ICI par Karine :)!

dimanche 20 juin 2010

La maison de Petrodava - C.V. Gheorghiu

Dans la Roumanie du début du 20è siècle, l'instituteur Lucian Apostol épouse la belle et ténébreuse Roxana Roca, fille unique des Roca, famille d'éleveurs de chevaux célèbre dans tous les Carpates. Après trois ans d'attente, il est fou de joie à l'idée d'épouser celle qu'il aime et à qui il jure une fidélité éternelle. Mais épouser Roxana Roca, ce n'est pas épouser une fille banale, aussi Apostol devrait se méfier du caractère violent et entier de sa femme. Et lorsque Roxana découvre que son mari la trompe, sa vengeance sera terrible, à la hauteur du tempérament fier et ombrageux de ces gens que sont les Roca de Petrodava...

Un récit particulier et qui emmène le lecteur dans la vallée de Bistriza, sur le versant oriental des Carpates, lieu éloigné de tout dans les montagnes et où les habitants, à l'image des Roca, ont toujours vécu dans des conditions difficiles dans ces montagnes dangereuses et qui ne pardonnent aux malheureux imprudents. Le mari de Roxana, puis ceux de sa fille Stella en seront les premières victimes, eux qui n'étaient aucunement préparés à supporter les climats et autres péripéties de Petrodava. Il y a le froid, la neige, les parois escarpées et dangereuses; il y a aussi et surtout les femmes de Petrodava, qui, à elles seules, sont l'âme et le corps de la maison de Petrodava. Rien, ni les intempéries, les guerres, les drames, ne les feront plier ni renoncer à leur mode de vie et à ce lieu chargé de mémoire et d'histoire familiale où les Roca ont toujours vécu. Enfants de la montagne, Roxana et sa fille Stella sont des femmes au tempérament fort presque "lyrique" et irréel et qui vivent par et pour leurs cheveux, la fierté existentielle des Roca. Ceci, ni Apostol, ni Michel Basarab, époux de Stella, n'arriveront à s'y faire et seul le drame, terrible et entier, peut achever cette histoire passionnelle.

Les sentiments des personnages sont entiers, puissants, magnifiques : on ne peut qu'être éperdus d'admiration devant des caractères aussi forts que ceux des femmes de Petrodava à coté desquelles les hommes font pâle figure. Évidemment, toutes ces grandes envolées lyriques et passionnelles peuvent surprendre voire lasser par instants notamment quand Stella ou Roxana font de grands discours que l'on imagine malgré tout difficiles à sortir de leurs bouches. Mais qu'importe puisque l'histoire en elle-même est étonnante en son genre dans ce sens que l'on découvre avec stupéfaction et éblouissement la vie perdue et oubliée de ces gens fiers et extraordinaires des Carpates.

Écrit en 1961 en France, La maison de Petrodava est un récit étonnant de par son écriture et son histoire. Par un des plus grands écrivains roumains du 20è siècle, auteur de l'inoubliable Vingt-cinquième heure.

Ma note : 3,5/5
Editions Le livre de poche, 318 pages

jeudi 17 juin 2010

Grand Prix des lectrices 2011 de Elle

C'est avec joie et fierté que je vous annonce que j'ai été sélectionnée pour faire partie du jury du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2011! Grande première pour moi qui n'ai jamais participé à ce type d'évènement et c'est avec enthousiasme mais aussi un peu d'appréhension que j'attends les premiers arrivages de livres dès le mois d'août.

Outre les 7 ouvrages que j'aurais à lire, commenter et départager en avril, je recevrai également chaque mois les 3 livres sélectionnés par les autres jurys. Ce qui va donc m'amener à lire au total pas moins de 28 nouveautés littéraires! Chic!

Et maintenant, à ma PAL : je me dois de la faire descendre au plus vite!

mardi 15 juin 2010

Le faucon de Malte - Dashiell Hammett

A San Francisco, le détective privé Sam Spade n'est pas content du tout et pour cause : son adjoint s'est fait descendre en pleine rue tandis qu'il effectuait une filature pour le compte d'une mystérieuse cliente. Même si Sam n'appréciait pas vraiment Miles Archer, il va sans dire qu'il ne peut laisser ce crime impuni... Et lorsque l'enquête se complique, Sam réalise que ce n'est plus un meurtrier qu'il recherche mais aussi et surtout une statuette de grand prix que beaucoup semblent vouloir s'approprier...

Voici donc ce roman que beaucoup considère comme un des plus grands classiques de la littérature policière. Que le lecteur ici ne recherche pas une intrigue complexe ou trop fouillée car Le faucon de Malte, avant tout, c'est une ambiance, celle des USA des années 30 avec ses gangsters en complets. L'impression qui se dégage dans tout le roman est celle d'un film en noir & blanc des années 40/50, avec le beau Humphrey Bogard et son imper... Quant aux femmes, Hammett les présente comme des créatures fatales et belles comme sur du papier glacé, mais gare aux mauvaises surprises...

Il y a du rythme, du suspense, du rebondissement : pour avoir lu du même auteur La clé de verre, je dois avouer que j'ai préféré Le faucon de Malte où j'ai trouvé que l'intrigue tenait mieux la route. Le scénario ne souffre pas d'incohérence, mais ce sont surtout les personnages qui font le roman à l'instar de la belle Miss Wonderly alias Brigid O'Shaugnessy qui tente de mener en bateau notre héros. Sam Spade surtout est emblématique en ce sens que tout le charme de ce personnage suinte à travers le papier et on imagine sans peine ce privé au charme indéniable et opiniâtre.

Le faucon de Malte, c'est donc une intrigue classique mais plaisante à lire et qui permet de se replonger dans l'atmosphère
où l'on imagine sans peine le café, les bouteilles de gin, les cigarettes et les femmes en fourreau.

Ma note : 4/5

(5/5)

et


mercredi 9 juin 2010

Blog en pause

Pour cause de mariage (en l'occurrence, le mien!), ce blog est mis temporairement en mode pause et cela jusqu'en milieu de semaine prochaine.

Les critiques attendront; mais autant l'avouer je ne lis plus beaucoup en ce moment!

A bientôt et croisez les doigts pour qu'il fasse beau samedi!