jeudi 30 décembre 2010

La maison d'à côté - Lisa Gardner

Sandra Jones, jeune femme de 23 ans, a disparu sans laisser de trace. C'est son mari, Jason Jones, qui prévient la police quelques heures après et D.D. Warren se charge alors de l'enquête. Enquête qui s'annonce pour le moins spéciale, à commencer par le mari, justement, qui ne réagit pas comme on pourrait s'attendre. Réticences à répondre aux questions, mutisme, absence de réaction et d'émotion, autant dire que Jason Jones n'a pas l'air d'être particulièrement ému de savoir si sa femme a seulement fugué ou si elle a été enlevée. Que peut-il bien cacher, se demande D.D. Warren qui sait le temps compté si elle veut retrouver Mme Jones vivante...

C'est la première fois que je lis un récit de Lisa Gardner et assurément, La maison d'à côté est un de meilleurs thrillers qu'il m'a été donné de lire. L'intrigue, efficace, entraîne le lecteur dans des questionnements sans fin. Qui est Jason Jones? Que s'est-il passé la nuit où Sandra a disparu? Seul témoin du drame, Ree, la petite fille du couple, âgée d'à peine quatre ans. D.D Warren en est persuadée : la petite fille en sait plus long qu'elle ne laisse entendre et ceci énerve le commandant de police, qui doit également faire face aux soupçons vis-à-vis d'un voisin délinquant sexuel fiché, d'un beau-père absent et qui refait brusquement surface et d'un adolescent, élève de Mme Jones et surdoué en informatique, visiblement amoureux de sa professeur. Et pendant ce temps, les heures tournent...

Un thriller efficace, avec une intrigue solide et captivante. On se laisse entrainer par la plume vive et fluide de l'auteur qui dresse là un roman mené de main de maître avec un dénouement inattendu. En bref, un suspense réussi, et on en redemande!

Ma note : 4,5/5
(Albin Michel, 420 pages)

Sélection de janvier 2011

mercredi 29 décembre 2010

Nos étoiles ont filé - Anne-Marie Revol

Un tel récit ne devrait pas exister, ne devrait pas être écrit, ne devrait pas à devoir être raconté. Et pourtant...

Août 2008. Dans la maison de leurs grands-parents, Paloma et Pénélope, à peine quatre ans à elles deux, meurent asphyxiées dans l'incendie qui a pris dans leurs chambres. Absents durant le drame, le choc est terrible, insurmontable, impossible à croire pour leurs parents qui voient leur univers et leur raison de vivre s'effondrer en quelques minutes. Comment vivre après un tel drame? Comment continuer à suivre la litanie des jours quand tout autour de vous vous rappelle vos enfants absents, tellement jeunes et innocents, eux qui n'ont pas eu le temps de voir ce que la vie pouvait réserver. Comment tout simplement continuer à vivre quand l'envie n'y est plus?

Alors Anne-Marie Revol écrit. Elle écrit chaque jour des lettres, tendres et émouvantes, à ses deux princesses, ses deux bijoux, ses étoiles qui ont filé tellement vite. Pour se raccrocher à elles, à leurs mémoires, pour les sentir encore et toujours près d'elle. Véritable témoignage d'amour envers deux petites filles que la mort aura fauché trop tôt, ce récit est aussi le témoignage de deux êtres qui s'accrochent l'un à l'autre, qui tentent de redonner un sens à leur vie, de redresser la tête et de continuer à avancer, pour l'autre mais pour elles aussi.

Un récit bouleversant mais aussi empli d'humanité. Entre rires et larmes, entre espoir et désespoir, ce récit redonne aussi espoir en la vie, à l'instar du petit Lancelot, né à la fin du récit. Comme une promesse faite à deux petites filles pour surmonter le désespoir.

Ma note : 5/5
(Stock, 393 pages)

Sélection de janvier 2011

lundi 27 décembre 2010

Six mois, six jours - Karine Tuil

Riche héritière d'une famille d'industriels allemands, Juliana Kant tombe amoureuse d'un homme qu'elle ne connait pas et qu'elle a croisé par hasard dans une station balnéaire suisse. Leur liaison durera six mois et six jours, au bout desquels Juliana comprendra avec stupeur que son amant a filmé leurs ébats et qu'il menace de la faire chanter si elle ne paye pas une somme extraordinaire. Mais le gigolo est dénoncé par Juliana à la police qui l'appréhende, est trainé en justice sous des médias déchainés et écope d'une peine de prison. La morale est sauve et les Kant respire. Mais pas pour longtemps car des révélations sur les agissements des Kant durant la seconde guerre mondiale refont surface. Mais tout a t-il été dit pour autant?

Suis-je aimé pour la valeur sociale que je représente ou pour moi-même? Cette question taraude l'essentiel du roman, à l'instar des questionnements de Juliana envers son amant. C'est que pour la première fois, Juliana n'est plus obligée de respecter l'image qu'elle se doit de donner d'elle, des Kant tout entiers. Pour la première fois, Juliana Kant découvre l'amour, le désir, la passion dans les bras d'un homme qu'elle ne connait pas et dont elle ne sait rien. Oubliant toute prudence, c'est avec délectation qu'elle rejoint son amant dans une chambre d'hôtel, qu'elle délaisse son mari et refuse d'écouter les mises en garde de l'homme de main de la famille qui relate ici cette histoire. Le choc est alors d'autant plus grand lorsqu'elle comprend que cet homme n'est qu'un gigolo comme on dit, qui l'a extorquée du début à la fin et pire que tout, qui ne l'a jamais aimé. Alors qu'elle, si.

Avec ce fait divers torride, le passé des Kant, guère glorieux, refait surface. Et c'est notamment l'image d'une femme, une autre, qui hante le roman comme un spectre menaçant et trouble. Magda Goebbels, femme belle et redoutable, seconde épouse de Gunther Kant, qui n'hésite pas à renier son père adoptif qui a pour seul tort d'être juif. Ce qui pourrait faire "tache" dans la vie luxueuse quelle mènera auprès d'un époux obsédé par l'argent et qui la délaisse. Alors Magda le quitte, pour aller dans les bras d'un autre homme aux agissements encore plus troubles, un certain Goebbels, alors en pleine montée nazie. Le dénouement, on le connait, avec leur suicide collectif à la fin de la guerre.

Le plus étonnant dans cette histoire c'est qu'elle est vraie. En effet, Karine Tuil s'inspire fortement du fait divers qui avait défrayé la chronique en 2009 lorsqu'il s'était avéré que Suzanne Klatten, la femme la plus riche d'Allemagne et héritière notamment de BMW, avait été trompée par un gigolo qui avait tenté de lui extorquer sept millions d'euros. Karine Tuil reprend alors l'histoire à son compte et ne change en bref que les noms, les lieux et quelques détails sans importance. La famille Kant est devenue riche pendant la guerre grâce à ses relations avec le régime nazie? Les Klatten aussi. Juliana Kant, jeune fille de bonne famille, a été élevée selon des principes strictes, tout en étant préparée très jeune à succéder à son père? Suzanne Klatten aussi. Juliana Kant dépanne son amant de quelques millions d'euros lorsque celui-ci prétend être en proie à un maître chanteur albanais? Suzanne Klatten aussi. Juliana Kant préfère prévenir la police et avoir son nom dans les journaux plutôt de céder? Suzanne Klatten également.

Un récit captivant où le thème principal est l'amour, l'amour malgré tout et envers tout. L'amour d'un homme envers une femme qui le conduira dans les voies du nazisme. L'amour d'une femme qui a tout (argent, pouvoir, mari, enfants) et qui va tout mettre en jeu et perdre pour le désir d'un seul homme. Dans l'espoir inconscient et enfui d'être aimé pour ce qu'elle est et non ce qu'elle représente. La désillusion finale n'en est que plus dure.

Ma note : 4/5
(Grasset, 253 pages)

Sélection de janvier 2011

mercredi 22 décembre 2010

Rions un peu en attendant la mort

Ou du moins amusons nous sur ce thème à priori infâme. Voici ce que nous propose Fashion avec ce challenge qui, à coup sûr, restera dans les annales!

Pour réussir ce challenge nécrophile, il va falloir réussir à trouver quatre auteurs différents rentrant dans les catégories suivantes:

- un roman d'un auteur mort dans ds circonstances particulières
- un roman d'un auteur qui s'est suicidé
- un roman d'un auteur mort avant 35 ans
- un roman d'un auteur enterré à Paris

Incroyable mais vrai : certains romans de ma PAL rentrent dans les catégories!

Fin du challenge : 31 décembre 2011.

mardi 21 décembre 2010

Le tour d'écrou - Henry James

Une gouvernante se remémore l'étrange été qu'elle passa à Bly où elle était chargée de l'instruction du jeune Miles et de sa petite sœur Flora, deux enfants irréprochables en apparence. Mais des évènements troublants vont bouleverser le quotidien de la maisonnée et faire craindre quant à la sécurité des enfants.

Quel ennui que cette histoire! Heureusement que Le tour d'écrou ne fait que 155 pages car l'idée d'abandonner m'a rapidement traversée l'esprit. Je me suis pourtant accrochée vaille que vaille, dans l'espoir que l'histoire décolle enfin. Et puis, Le tour d'écrou n'est il pas considéré comme un des plus célèbres d'Henry James?

Autant le dire, je n'ai jamais eu peur, ni frissonné la moindre seconde. Quant au récit fantastique... je n'ai vraiment pas trouvé que ce récit pouvait se rapprocher de ce genre littéraire! L'histoire aurait-elle vieilli alors? Peut-être en effet qu'en 1898, date de sa parution, Le tour d'écrou a t-il fait trembler quantité de lecteurs ce qui expliquerait l'engouement envers ce récit qui a inspiré de nombreux films et même un opéra de Benjamin Britten. Mais pour moi, non, mille fois non, Le tour d'écrou ne vaut pas le Washington Square du même auteur qui m'avait enthousiasmée. En terme de récits fantastiques, je conseillerai largement les récits de Maupassant, bien mieux à mon sens.

Une grande déception donc. Il ne me reste plus qu'à trouver un autre roman d'Henry James pour oublier cet échec.

Ma note : 2/5
(Filio 2€, 155 pages)
Mois de décembre

lundi 20 décembre 2010

C'est lundi, que lisez vous?


Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Que lirai-je la semaine qui vient ?

(sur une idée originale de Mallou)



  • Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Trois livres à savoir Nos étoiles ont filé de Anne-Marie Revol, La maison d'à coté de Lisa Gardner et Le tour d'écrou de Henry James. Une semaine fructueuse!

  • Qu'est ce que je lis en ce moment ?
J'entame enfin La reine dans le palais des courants d'air de Stieg Larsson, dernier tome de la série Millenium. Bien contente de le lire enfin!

  • Que lirai-je la semaine qui vient ?
Surement encore La reine dans le palais des courants d'air. Ou alors un roman de ma PAl, j'ai de quoi faire!

mercredi 15 décembre 2010

Challenge Alexandre Dumas

Pour 2011, Ankya nous propose de partir à la découverte de ce grand écrivain qu'est Alexandre Dumas.

Comme je ne sais pas dire non et qu'Alexandre Dumas est un auteur que j'affectionne particulièrement, je n'ai pas pu m'empêcher de m'inscrire à ce challenge littéraire pour 2011!

Pas de limite de livres ni de dates, c'est donc le cœur léger et l'esprit confiant que je me lance dans ce nouveau défi. Néanmoins, comme j'aime me fixer des objectifs, je me fixe pour l'instant un objectif de 3 récits d'Alexandre Dumas à lire d'ici fin décembre 2011 (nous verrons bien comment cela se passe en cours d'année). Et comme la bibliothèque de ma ville est plutôt bien fournie dans ce domaine, cela ne devrait pas poser de problème.

Si vous aussi cela vous intéresse, allez voir ici!

lundi 13 décembre 2010

C'est lundi, que lisez vous?


Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Que lirai-je la semaine qui vient ?

(sur une idée originale de Mallou)



  • Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Ce fut une semaine riche en lectures puisque j'ai lu Elise de Arlette Cousture ce qui m'a permis de finir (enfin!) mon challenge ABC 2010 et Six mois, six jours de Karine Tuil (lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle)

  • Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Toujours pour Elle, je suis plongée dans Nos étoiles ont filé de Anne-Marie Revol, un témoignage époustouflant que j'ai du mal à lâcher. Comme j'avance bien, je devrais enchainer par la suite avec La maison d'à coté de Lisa Gardner.

  • Que lirai-je la semaine qui vient ?
La reine dans le palais des courants de Stieg Larsson parce que trois personnes après moi l'attendent à la médiathèque alors je n'ai pas le droit de trop trainer!

dimanche 12 décembre 2010

Elise - Arlette Cousture

Des années soixante au début des années quatre-vingt dix, la vie d'Élise Lauzé, jeune femme vivant à Montréal avec sa mère Blanche et sa sœur Micheline. Orphelines de père, les deux sœurs Lauzé ne se ressemblent absolument pas : alors qu'Élise rêve de campagne, de vie tranquille avec un mari et des enfants, Micheline, elle, se lance dans des études de droit, participe aux campagnes nationalistes québécoises et collectionne les amants. Et tandis que le monde autour d'Élise se bouleverse de plus en plus vite, son propre destin à elle n'est pas de tout repos, et il en faudra du courage à cette jeune femme douce mais déterminée pour accéder au bonheur qu'elle aspire...

Troisième et dernier tome de la série à succès Les filles de Caleb d'Arlette Cousture, Élise nous emmène dans le Québec moderne, notamment celui des années soixante-dix et quatre-vingt. Émancipation des femmes qui font des études supérieures poussées, droit à la pilule et à l'avortement, indépendance financière, les Québécoises de la seconde moitié du XXème siècle sont résolument modernes. Micheline, sûre de son charme et de son aplomb, fait figure de porte-étendard, et refuse absolument de se marier et d'avoir des enfants, tout occupée qu'elle est à conserver sa liberté et son indépendance. Élise, au contraire, ne rêve que de vie simple, et c'est auprès de Côme, dans la campagne québécoise, qu'elle croit l'avoir trouvé. Mais les désillusions sont nombreuses, que ce soit d'une maternité qu'elle aspire désespérément que d'un mari terriblement volage.

Élise, à la différence de sa mère Blanche et de sa grand-mère Émilie, est bien moins spectaculaires qu'elles. Arlette Cousture nous dépeint ici une héroïne calme et douce mais pourtant résolument déterminée à acquérir sa propre liberté. Nombreux sont les lecteurs qui ont moins apprécié ce volume aux deux précédents et je ne suis pas en reste même si cette lecture a été un véritable plaisir. En tant que personnage, Élise m'a beaucoup plu et je me suis beaucoup attachée à elle ainsi qu'à sa sœur Micheline, sa mère Blanche mais aussi aux personnages secondaires comme les Philippe ou Marcel et Jacqueline. Mais il est vrai que le récit souffre de quelques longueurs et s'essouffle un peu vers la fin. Ce léger bémol mis à part, Élise n'en demeure pas moins un vibrant hommage aux femmes québécoises d'hier et d'aujourd'hui et je ne peux assurément encore une fois que conseiller cette série littéraire qui fait chaud au cœur et à l'âme.

Ma note : 4/5
(Albin Michel, 375 pages)

Critiques des deux tomes précédents ICI.


Lecture du mois de décembre

et


26/26!
Ce qui clôt mon challenge ABC 2010!

jeudi 9 décembre 2010

Expiation - Ian McEwan

En 1935, Brionny Tallis, 13 ans, a décidé qu'elle serait écrivain. N'écrit-elle pas des contes de fées depuis plusieurs mois où la morale et les bons sentiments sont les maîtres mots? Mais en cette lourde journée d'été, rien ne va: la pièce qu'elle a écrite et qu'elle souhaite jouer en l'honneur de son frère avec l'aide de ses cousins n'arrive pas à se mettre en place, l'ambiance dans la maison est lourde entre le divorce de sa tante, les migraines à répétition de sa mère et l'agacement qu'elle éprouve envers sa cousine Lola. Et puis, tout semble aller étrangement de travers ce jour là entre un vase qui se brise, une jeune fille qui plonge dans une fontaine, un fils de domestique qui l'envoie porter un mystérieux message à sa sœur. Pour Brionny qui a décidé que son enfance était terminé, cette soirée s'annonce comme le tournant de sa vie.

Oserai-je le dire? J'ai été terriblement déçue par ce récit sur lequel j'avais entendu tant de bien. Je me suis littéralement ennuyée du début à la fin et j'avoue n'avoir pu finir la troisième partie... Beaucoup de longueurs au départ, Ian McEwan prend en effet beaucoup voire trop de temps pour présenter ses personnages et poser l'intrigues. Brionny s'est révélée détestable à mon sens et c'est avec exaspération que j'ai suivi son petit manège dans la première partie. Bizarrement, la seconde partie, avec le récit de la retraite anglaise vers Dunkerque m'a bien mieux plu. Je trouve d'ailleurs qu'il est bien rare que l'on relate ainsi la déroute française et anglaise de 1940 face à l'avancée allemande. A cet instant, j'ai ainsi pu lire de belles descriptions du climat de l'époque, de la campagne française et de l'exode qui s'en suivi.

Peut-être aurais-je du persévérer et aller au bout de récit. Mais c'était au dessus de mes forces car je n'en récoltais qu'ennuis et lassitude. Une autre fois?

Ma note : 3/5
(Folio, 487 pages)

25/26!

et

Lecture du mois de décembre

mardi 7 décembre 2010

L'indésirable - Sarah Waters

Une demeure isolée dans l’Angleterre au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le Dr Farraday, appelée pour une consultation, retrouve la demeure qui l’avait marqué jeune enfant et qui tombe en ruine avec, à l’intérieur, une famille, les Ayres, qui vivote plus qu’autre chose. Mrs Ayres, femme jadis belle et riche, vit désormais démunie de tout, entourée de ses enfants Caroline, jeune femme fantasque et libre, et Roderick, terriblement marqué par le conflit. Mais très vite, des évènements étranges s’y déroulent et Hundred Falls, devient peu à peu inquiétante…

Un récit extraordinaire qui flirte avec délectation du coté du fantastique. Imaginez en effet une propriété tombant en ruine, en plein hiver, perdue dans le brouillard et la pluie. Des couloirs sombres et froids, des pièces abandonnées et cloisonnées, et au milieu de tout cela, des êtres qui se débattent avec violence face aux éléments qui les menacent. On frissonne, on tremble, et pourtant, non, nous ne nous trouvons pas dans un roman d’horreur. Car c’est bien là tout le talent de l’auteur que de distiller avec lenteur et patience, à petites doses, les ingrédients nécessaires à faire monter l’ambiance.

Tout est dans l’atmosphère très « victorienne » du roman qui distille avec bonheur une ambiance très surannée, très vieille Angleterre. Ce récit m’a beaucoup fait penser au film « Les autres » de Alejandro Amenábar du fait de son ambiance et de l’époque. Mais les comparaisons s’arrêtent ici car L’indésirable possède son caractère propre qui en fait un roman à part, inclassable et époustouflant.

Première incursion sans l’univers littéraire de Sarah Waters et c’est une complète réussite ! Un grand coup de cœur pour ce roman que j’ai dévoré et lu de bout en bout avec passion. Et avec un dénouement somptueux et inoubliable. A lire !

Ma note : 5/5 (Denoël, 707 pages)

Sélection du mois de décembre

lundi 6 décembre 2010

C'est lundi, que lisez vous?

Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Que lirai-je la semaine qui vient ?

(sur une idée originale de Mallou)



  • Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Peu de temps pour lire la semaine dernière mais j'ai néanmoins fini L'indésirable de Sarah Waters ainsi que Expiation de Ian McEwan. Un coup de coeur et un abandon, mes lectures se suivent mais ne se ressemblent pas!

  • Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Elise de Arlette Cousture, dernière lecture pour mon challenge ABC. Et j'aime toujours autant cette série littéraire! Malheureusement, c'est le dernier tome!

  • Que lirai-je la semaine qui vient ?
La reine dans le palais des courants de Stieg Larsson (après 3 mois d'attente à la médiathèque de ma ville, le roman est enfin disponible!). A moins que je ne commence déjà à me plonger dans la nouvelle sélection de Elle. Nous verrons bien!

dimanche 5 décembre 2010

Silence Radio - Robert Rotenberg

« Je l’ai tuée, monsieur Singh. Je l’ai tuée. »

C’est avec ces quelques mots que Kevin Brace s’accuse du meurtre de sa compagne qui gît pleine de sang dans la baignoire de leur appartement. Puis c’est dans un mutisme pesant que celui-ci se renferme tandis qu’autour de lui toute la machine policière, judiciaire et journalistique se met en branle, afin de traiter une des affaires de meurtre les plus sensationnelles qu’ait pu connaître le Canada…

Un excellent policier : voilà ce qui ressort de ce récit ficelé d’une main de maître par un auteur qui signe ici son premier roman. Et quel roman ! D’une précision sans égal, Robert Rotenberg nous dévoile ici l’envers du décor. Nous suivons ainsi aussi bien l’enquête de police, absolument passionnante, que le casse-tête et les ennuis judiciaires que supportent le procureur et encore plus l’avocate de Kevin Brace. Tout y est, entre les entrevus entre l’accusé et son avocat, les audiences préliminaires ou les auditions de témoins. Sans oublier, les magouilles, pressions ou révélations qui bouleversent l’intrigue et nous tient en haleine de bout en bout.

Les personnages sont tous extrêmement fouillés. L’intrigue est là, sans exagération ni artifices. Encore une fois, tout est admirablement maîtrisé et c’est avec fascination que l’on suit les tribulations et rebondissements de l’histoire que l’on croirait presque réelle. Un excellent policier et autant dire que j’aimerai lire plus souvent ce genre de récit alliant un tel degré de précision et de suspense.

Ma note : 4/5
(Presses de la cité, 400 pages)

Sélection du mois de décembre

samedi 4 décembre 2010

Le philosophe nu - Alexandre Jollien

Qu’est ce que la passion ? C’est pour répondre à cette question et par là même comprendre ses différents émois qu’Alexandre Jollien se livre ici à une véritable introspection.

Se mettant littéralement à nu, Alexandre Jollien, écorché dans sa chair, nous livre ici ses différentes réflexions sur la joie, cet état d’esprit si difficile à maîtriser et à comprendre. Citant de multiples philosophes comme Spinoza ou Nietzsche mais aussi tirant de sa vie de tous les jours des exemples concrets et parlant, il tente de comprendre les différents états de son Moi le plus profond et de résoudre les problèmes affectifs et psychologiques qu’il rencontre. Comment s’accepter et accepter le regard des autres ? Comment vaincre ses regrets et ses déceptions, se détacher de ses illusions ? Autant de questionnements que tout un chacun a déjà subi et qu’Alexandre Jollien décortique avec discernement.

Un récit clair avec des mots simples, l’auteur use beaucoup de dérision à son sujet et sur les difficultés qu’il rencontre durant sa recherche de la vérité. Évidemment, l’auteur cite de nombreux philosophes que j’avais effleuré lors de mes cours de philosophie au lycée (je dis bien effleurer car cela n’a jamais été mon fort). Autant dire que même si le sujet s’est révélé bien intéressant, j’ai malgré tout plus survolé que lu ce récit. Que voulez-vous, la philosophie, ce n’est pas mon truc du tout.

Ma note : 2/5
(Seuil, 198 pages)

Sélection du mois de décembre

lundi 22 novembre 2010

C'est lundi, que lisez-vous?

Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Qu'est ce que je lis en ce moment ?
Que lirai-je la semaine qui vient ?

(sur une idée originale de Mallou)

J'avais laissé de coté ce rendez-vous hebdomadaire ces derniers temps, il était temps que je m'y remette...

  • Qu'est ce que j'ai lu la semaine passée ?
Ma vie de lectrice depuis peu est marqué par la "plurilecture", genre que Prospéryne affectionne particulièrement et qui m'a contaminée à mon tour, je le crains. La semaine dernière a donc été marquée par la lecture (non achevée) de Expiation de Ian McEwan que j'ai donc du laisser de coté du fait des ouvrages reçus pour la sélection ELLE du mois de décembre. J'ai donc lu (et peu aimé mais j'en parlerai plus tard) Le philosophe nu de Alexandre Jollien ainsi que Silence Radio de Robert Rotenberg (que lui, par contre, j'ai adoré).

  • Qu'est ce que je lis en ce moment ?
L'indésirable de Sarah Waters, toujours pour ELLE. J'ai aussi pas mal de BDs qui me font de l'œil près du lit (et je crois que c'est ce que je vais lire ce soir). Notons que j'ai aussi Expiation qui m'attend sagement.

  • Que lirai-je la semaine qui vient ?
Surement Expiation (je vais y arriver...) si je n'arrive pas à le finir d'ici la fin de cette semaine. Puis ce sera vraisemblablement La porte de Magda Szabo.

dimanche 21 novembre 2010

Grand Prix des blogueuses Elle 2010

Oyez, oyez! Le grand prix des blogueuses Elle 2010 a lieu tout ce mois de novembre! 110 blogs ont été sélectionnés par la rédaction du magazine dans 11 catégories comme Mode, Beauté, Voyages ou encore cuisine. Évidemment, la lecture est également représentée avec 10 blogs sur les devants de la scène.

Ce prix a comme mérite de nous faire découvrir de nouveaux blogs littéraires, tous plus originaux et intéressants les uns que les autres. Bref, l'occasion de faire de bien belles découvertes. Et certains blogs rivalisent d'imagination pour que l'on vote pour eux!

Vous avez jusqu'à la fin du mois de novembre pour voter pour votre blog préféré!

Toutes les infos ici.

vendredi 19 novembre 2010

Ouragan - Laurent Gaudé

Dans la Nouvelle-Orléans en proie à l'ouragan Katrina, le hommes et les femmes fuient. Fuient devant cette catastrophe qui s'annonce, catastrophe annonciatrice d'une nature qui se révolte, qui se moque de l'humanité qui a osé se dresser contre elle et qui a tenté de la dominer. Mais que faire face aux éléments qui se déchainent, qui déchainent les cœurs et les âmes, qui balaient tout sur leur passage, sans raison?

Joséphine Linc. Steelson le sait bien elle, l'a bien senti dès le début que cet ouragan ne serait pas comme les autres, serait bien plus dévastateur que ce que les experts en disent. Mais elle ne partira pas, oh non, pas elle qui, du haut de ses cent ans, est fière de sa couleur noire qu'elle brandit fièrement comme l'étendard de sa révolte cachée au fond d'elle depuis tant d'années. Et cet ouragan, là qui se déchaine avec fureur, lui rappelle ses souvenirs, ses peurs, ses regrets et Marley, disparu dans le bayou il y a bien longtemps...

Et pendant ce temps, pendant que le vent, la pluie se déchainent, que les digues s'apprêtent à se fissurer, la vraie nature de tout un chacun se déchaine elle aussi. Un prêtre qui se croit investi d'une mission divine erre dans les rues dévastées. Des prisonniers s'enfuient de leurs geôles détruites. Sont-ils libres pour autant de leurs désirs, de leurs envies et du groupe auquel, inconsciemment, ils appartiennent? Keanu, lui, fonce vers La Nouvelle-Orléans, vers Rose la femme qu'il a toujours aimée et qu'il n'a jamais pu oublier durant ses années passées loin d'elle sur cette plateforme pétrolière là aussi en proie aux éléments rageurs.

La mort du roi Tsongor, lu il y a de cela plusieurs années m'avait enthousiasmée mais j'avais oublié à quelle point la plume de Laurent Gaudé était belle. Plus que belle même, elle est subtile, gracieuse dans sa délicatesse de phrasée, tout en étant percutante dans ses descriptions. Comme une mélopée qui tout en longueur se déploie, le récit nous entraine à travers la destinée de ces personnages qui nous ressemblent. Ballottés de phrase en phrase, les mots s'entrechoquent dans notre imaginaire balayé par la force des mots de l'écrivain. Ce récit court dans son nombre de pages mais puissant de par sa force évocatrice, nous percute, nous ploie sous sa puissance. Et on ressort comme déboussolé à la fin de cette lecture dont les mots nous entrainent, les yeux fermés, au travers de cet ouragan aux conséquences des plus imprévisibles.

Ma note : 4/5

Un grand merci à Doriane pour le prêt!

jeudi 18 novembre 2010

Chick Lit Challenge

Oui oui oui, vous avez bien lu, je viens de m'inscrire au challenge concocté par Evy, à savoir le chick Lit Challenge.

Celui-ci consiste à lire d'ici le 31 décembre 2011, un ou plusieurs romans de ce genre particulier qu'est la chick Lit et que l'on peut définir comme étant des romans écrits par les femmes, pour le marché féminin.

Je me rends compte que j'ai très peu lu ce genre de romans, à part Le diable s'habille en Prada ou encore Rebelles d'Anna Godbersen. Il est donc temps de remédier à cela et de combler mes lacunes en ce domaine! Je me fixe donc un objectif de 3 récits à lire au moins d'ici la date butoir.

Et si vous aussi cela vous intéresse, allez faire un tour sur le blog d'Evy, très bien fait d'ailleurs!

mercredi 17 novembre 2010

La fête à Boro - Franck & Vautrin

Tout d'abord et que l'on ne s'y trompe pas, même si le titre choisi est très mauvais (mais pourquoi donc La fête à Boro???), ce septième épisode des aventures de Boro est bien meilleur que ce que l'on pourrait penser au premier abord. Si le tome précédent était plutôt décevant, ce nouveau récit nous emmène dans le Paris de 1943 où peu à peu nait dans l'esprit des Français la pensée que la Libération n'est peut-être pas une idée si farfelue que cela, surtout quand on voit les derniers résultats calamiteux de l'armée allemande en Russie. Mais en attendant, les temps sont toujours aussi durs, l'hiver 1943 est particulièrement rude surtout en ces temps de privations où rationnement et marché noir font partis du quotidien. Sans oublier les exactions de la Gestapo qui arrête à tout va juifs, résistants, communistes. Boro fait parti de ces personnes recherchées depuis qu'il a pris part malgré lui à une fusillade qui a mal tournée pour un haut dignitaire nazi. De cachette en cachette, Boro, aidé de ses amis de toujours aura fort à faire pour tenter de sauver une poignée de juifs menacée. Y parviendra t-il?

La fête à Boro clôture les aventures de Boro pendant la seconde guerre mondiale (trois tomes sur sept de la série y ont quand même été consacrés!). Là encore, nous suivons les péripéties des réseaux de Résistance don Boro est un des chefs sous le pseudonyme de Bouvier. Par contre, dans cet épisode, les auteurs insistent moins sur l'organisation et les méandres de la Résistance (ce qui avait été alors le cas dans Cher Boro) mais se focalisent sur un personnage que Boro et ses amis vont croiser sur leur route : le docteur Petiot. Ce personnage qui a réellement existé, est resté tristement célèbre dans les annales des affaires judiciaires du XXème siècle pour avoir assassiné vingt-sept personnes, juives pour la plupart. Ses victimes, alléchées par sa promesse d'une fuite vers l'Amérique du Sud, étaient empoisonnées, équarries comme à l’abattoir puis dissoutes à la chaux vive (je n'invente malheureusement rien!). Autant dire que les passages du récit dans lesquelles apparaissent Petiot sont les plus fortes du roman et que la plume des deux auteurs rend fascinant ce personnage absolument abject.

L'intrusion de Petiot dans les aventures de Boro occulte le reste des péripéties et met dans l'ombre le reste des personnages. Pourtant, on retrouve toujours avec plaisir la bande de malfrats de Pépé l’Asticot, reconvertie dans le trafic à la petite semaine mais toujours prête à donner un coup de main à Boro, ainsi que les prostituées d’Olga Polanovna, dont le bordel sert de planque à Boro et ses amis. On croise aussi Germaine Fiffre que l'on avait oubliée depuis Boro s'en va t-en guerre tandis que d'autres comme Maryka Vremler, Dimitri ou les amis hongrois de Boro ne jouent ici aucun rôle.

Les dernières pages du récit survolent plus qu'elles ne décrivent les derniers mois de guerre avec le débarquement, l'avancée des troupes alliées en France et la prise de Berlin. Lassitude des auteurs qui souhaitaient passer à autre chose et tourner la page de la seconde guerre mondiale? Toujours est il que ce récit s'achève avec Boro de retour à Munich, ville dévastée mais libérée du joug nazie. Et une grande question, avec la fin du régime nazi, se pose : qu'en sera t-il du destin de Boro désormais?

Ma note : 4/5 (Éditions Pocket, 535 pages)

Critiques des tomes précédents ici et encore là.

Lecture de Novembre

et


lundi 15 novembre 2010

Eiji Yoshikawa

Eiji Yoshikawa est un écrivain de langue japonaise né en 1892 dans la préfecture de Kanagawa près de Tōkyō. Il est principalement influencé par des écrits classiques majeurs en Asie tels que le dit des Heike, le dit des Genji, les Chroniques des Trois Royaumes, Au bord de l'eau. Il publie à vingt ans ses premiers textes dans des revues de Tōkyō. Son œuvre est marquée par l'écriture de la biographie romancée de Miyamoto Musashi, un samouraï légendaire, qui a été tirée à plus de 120 millions d'exemplaires. Il meurt d'un cancer en 1962, couvert de gloire.

(Source : http://fr.wikipedia.org)


La pierre et le sabre
Dans le Japon du XVIIème siècle, Myamoto Mushashi va par monts et par vaux afin de découvrir et de suivre la réelle Voie du Sabre. Au gré de ses rencontres et des multiples périls qu'il doit affronter, le jeune homme va ainsi essayer de tendre vers son idéal : devenir un samouraï expert.

Roman d'aventure et d'apprentissage, La pierre et le sabre est une grande épopée dans le Japon du XVIIème siècle. On avance de rebondissements en rebondissements; aucun temps mort, pas de description superflue qui alourdirait inutilement l'histoire. Au contraire, l'auteur réussit à tenir en haleine le lecteur qui ne voit en aucun cas passer les quelques 850 pages du romans.

Le héros, Myamoto Mushashi, croise au fil des routes et des situations une multitude de personnages qui eux mêmes se croisent et se recroisent au fil des pages. On sent que Eiji Yoshikawa a particulièrement bien structuré son histoire. D'ailleurs, le roman étant d'abord paru en feuilleton, l'histoire est découpée en multiples petits chapitres qui permettent ainsi une lecture claire et agréable.

C'est le Japon du XVIIème siècle qui revit sous nos yeux avec les samourais et leur code d'honneur mais aussi les quartiers de plaisirs avec ses geishas ou encore les seigneurs féodaux et leurs castes. C'est aussi et surtout la sagesse, le respect et l'écoute de la nature sans oublier, évidemment, le grand sens de l'honneur.

Un magnifique roman, classique de la littérature japonaise, que j'ai lu sans discontinuer jusqu'à la dernière ligne. Un plaisir à ne pas bouder.

Ma note : 5/5
(Editions J'ai lu, 856 pages)
Lu en décembre 2007


La parfaite lumière
Suite et fin des aventures de Myamoto Mushashi que nous retrouvons là où nous l'avions laissé dans le tome précédent - La pierre et le sabre- sur la route vers Tokyo en compagnie de son discipline Jotaro et de la belle Otsu. Mais le destin, emmené par la plume alerte et vive de Eiji Yoshikawa, n'en a pas fini avec les aventures et Myamoto Mushashi a encore un long chemin avant d'accéder à la parfaite lumière que tout ronin doit atteindre avant de devenir enfin un grand samouraï.

Dans la même veine que La pierre et le sabre, La parfaite lumière nous emmène tambour battant dans le Japon médiéval du XVIIème siècle où rivalités entre seigneurs ne nous font pas oublier que la vie de l'époque était pénible et semée d'embuches, à commencer par les pillages, attaques et viols que subissaient les paysans d'alors. Encore une fois, Yoshikawa nous restitue avec précision ce Japon méconnu; le lecteur passe ainsi des descriptions du Tokyo alors en pleine construction et expansion, à la campagne isolée où la vie est rude et soumise aux aléas de la nature. Infatigable voyageur, Mushashi va par monts et par vaults à la recherche de la sagesse et de la vérité afin d'atteindre enfin la plénitude du Zen et de maintenir l'art du sabre. Mais la route est longue et il faudra encore que Mushashi rabaisse encore plus son orgueil et ses idéaux avant d'arriver à son but.

Pendant ce temps, les rencontres continuent, de nouveaux personnages secondaires apparaissent comme Iori, son nouveau disciple, ou Gonnosuke, attaquant redoutable au baton, d'autres refont surface comme Matahachi ou Osugue, d'autres disparaissent ou ne font qu'une apparition restreinte. Aurant dire qu'il n'est pas toujours facile de suivre et de se rappeler avec précision qui est qui (notamment entre les samouraï et autres chefs de guerre) et j'ai bien regretté d'avoir laissé deux ans et demi entre ces deux lectures!

Malgré ce désagrément, j'ai encore une fois été captivée par cette lecture qui mêle aventure, roman historique (où on en apprend un peu plus sur les clivages politiques de l'époque et les relations troubles entre seigneurs) et récit initiatique. Car, et c'est là l'essentiel, Yoshikawa nous donne une belle leçon d'humilité et de recherche de soi, avec des passages remplis de sagesse et de vérité sur l'existence.

Enfin, la bataille finale, sur l'île de Funashima, voit enfin s'affronter Mushashi à Kojiro. Et c'est avec émotion que l'on referme le livre, triste malgré tout de quitter tous ses personnages auxquels Yoshikawa nous avait attachés au fur et à mesure.

Ma note : 4,25/5
(Éditions Le livre de poche, 700 pages)

24/26!

et

Lecture de Novembre

et

dimanche 14 novembre 2010

La chorale des maîtres bouchers - Louise Erdrich

Au lendemain de la première guerre mondiale, Fidélis Waldvogel part en Amérique tenter sa chance, muni seulement de ses couteaux de bouchers et d'une valise remplie de saucisses qu'il vend au fur et à mesure de sa progression dans l'Ouest jusqu'à atterrir finalement à Argus, petite bourgade du Dakota du Nord. Rapidement, sa femme Eva et son fils le rejoignent et ensemble ils ouvrent une boucherie où leurs saucisses à la recette inégalable font leurs succès. Commence alors une douce et simple existence pour cette famille qui s'intègre facilement à la communauté de la ville jusqu'au jour où Delphine, saltimbanque, revient avec son "mari" Cyprien dans sa ville natale...

Que l'on ne s'y trompe pas, La chorale des maîtres bouchers fait parti de ses romans que l'on n'oublie pas une fois la dernière ligne lue. C'est que Louise Erdrich sait particulièrement nous rendre attachante cette petite ville perdue qu'est Argus, loin des soubresauts qui agitent le monde et les existences. Avec des mots et des phrases simples, Erdrich nous laisse entendre des passages absolument magnifiques où se chantent l'amitié entre les hommes, l'entraide, la solidarité et la joie simple d'exister. Les personnages, sans être complexes, sont absolument complets dans leurs descriptions aussi bien du cœur que de leur âme et c'est avec ravissement que l'on suit les péripéties de tous sur une trentaine d'années. Les passages tristes et dramatiques font échos à d'autres cocasses ou drolatiques; l'auteur n'hésite cependant pas à faire passer ses messages sur l'horreur de la guerre, le racisme et la xénophobie inutile et destructrice, la pauvreté et les ravages de l'alcoolisme.

Comment oublier des personnages comme Fidélis, à la belle voie de stentor et aux mains brutales et pourtant extraordinaires en maniement de ses couteaux? Surtout, l'auteur fait la part belle aux personnages féminins, qu'il s'agisse des principaux - Delphine, évidemment, au destin chaotique mais au déterminisme évident- aux secondaires comme Mathilde ou "Un pas et demi". Et on ne peut que ressortir touchés de l'amitié indéfectible qui lie Eva à Delphine, amitié qui transfigure et illumine le roman du début à la fin.

C'est beau, c'est admirable, en un mot, un roman époustouflant de réalisme et de véracité sur l'existence humaine.

Ma note : 4,5/5
(Éditions Albin Michel, 480 pages)


23/26!

samedi 13 novembre 2010

Comment ma cousine a été assassinée - Joseph Sheridan Le Fanu

Il y a de ces auteurs, qui, après voir connu un certain succès à leur époque, tombe par la suite dans l'oubli le plus total. Joseph Sheridan Le Fanu fait parti de ceux là et il est étonnant de penser que de nos jours, rares sont ceux qui connaissent l'auteur de Carmilla, son œuvre la plus connue. Mais présentons un peu l'auteur.

Joseph Sheridan Le Fanu est né en Irlande en 1814. Fils de Dean Thomas Philip Le Fanu, recteur à la Royal Hibernian Military School, Joseph fera ses études à la réputée Trinity College de Dublin et se lancera assez vite dans le journalisme en travaillant au Dublin Evening Mail, l'un des plus importants journaux de Dublin. Joseph deviendra plus tard directeur et propriétaire du journal The Warder.
Les écrits de Le Fanu ne se limiteront pas aux écrits journalistiques et au contraire, il se tournera rapidement vers l'écriture de nouvelles fantastiques. Les premiers succès interviendront dans les années 1850 avec la publication de son premier recueil de nouvelles fantastiques : Ghost Stories and Tales of Mysteries. Ce ne sera pourtant qu'après la mort de sa femme Susanna en 1858, mort qu'il se reprochera toujours et qui l"branlera à jamais, que ses œuvres atteindront une certaine maturité. Citons pour cela The House by the Churchyard (La Maison près du cimetière), ou encore Uncle Silas, considéré comme son chef d'œuvre.
Il décède à Merrion square, à Dublin, le 7 février 1873 alors qu'il était en train de rédiger son ultime texte, au titre prémonitoire, Willing to Die (Prêt à mourir).

Comment ma cousine a été assassinée n'est donc assurément pas l'écrit le plus célèbre de Joseph Sheridan Le Fanu même si on y retrouve les principales caractéristiques des romans de cet auteur. Car cette nouvelle fantastique "surfe" sur le thème gothique alors à la mode dans la société victorienne de l'époque.

Une jeune fille, laissée orpheline à la mort de son père, est contrainte d'aller vivre dans le manoir reculé de son oncle. Là-bas, elle est rapidement soumise au caractère délabrée et lugubre de la demeure, aux menaces de son oncle qui s'avère rapidement dangereux et aux avances brutales de son cousin qui n'en veut qu'à sa fortune. Pour notre héroïne, la situation est claire : on en veut à sa vie.

Récit très court, Comment ma cousine a été assassinée se lit vite et bien mais il est indéniable que l'histoire a hélas bien vieillie. Peu voire pas de profondeur dans les personnages (on en sait bien peu sur eux, en définitive et autant dire qu'il aurait été nécessaire de les étoffer un peu), clichés à répétition, intrigue plutôt faible... Bref, pas de quoi remuer ciel et terre et autant dire qu'il vaut mieux oublier cet essai. C'est pourtant bien dommage car on sent qu'il y a de l'idée. Et puis, l'atmosphère victorienne de l'époque est plutôt bien rendue, rendons cela à l'auteur.

En définitive, un récit très mélancolique et sombre mais qui laisse malheureusement un gout d'inachevé... Dommage!

Ma note : 2/5
(Éditions Mille et une Nuits, 79 pages)

lundi 1 novembre 2010

Vacances!


Départ aujourd'hui pour dix jours de vacances à La Réunion.
Je pars avec pas mal de livres car le voyage aller et retour est assez long.

A bientôt!


mercredi 27 octobre 2010

Mémoires à contre vent - Peter Adam

Juif allemand, Peter Adam a traversé le XXème siècle grâce à son métier de reporter pour la BBC. A ses cotés, dans cette autobiographie qui couvre le XXème siècle de 1932 à 1989, Peter Adam se livre peu mais nous décrit plutôt les évènements, les personnalités qu’il a côtoyés durant toute son existence mouvementée.

Jeune juif allemand à Berlin et issu d'un milieu bourgeois, Peter Adam nous décrit la vie quotidienne que fut la sienne pendant le IIIème Reich. Nous découvrons ainsi un Berlin appauvri culturellement pendant le régime nazi, mais où les actes de résistance furent plus nombreux qu’on ne croit. On apprend aussi que Berlin fut une des villes les plus bombardées par les Alliés et que les lendemains de guerre furent les plus difficiles pour sa famille dans une Allemagne alors occupée et où la faim, le froid et la pauvreté touchèrent de plein fouet sa famille.

Devenu reporter par la suite, c’est d’une manière toute « journalistique » que Peter Adam se livre, sans excès, sans fioritures ni émotions trop exagérées. De même, c’est avec simplicité et sans supériorité qu’il nous raconte ses différentes rencontres avec des artistes comme Jean Cocteau, Bertholt Brecht, Françoise Sagan, Luchino Visconti. Avec lui, nous sommes emmenés dans le tourbillon artistique des années 50 et 60, avec le développement de nouveaux courants artistiques, la Nouvelle Vague notamment.

En définitive, un récit intéressant et complet sur une bonne partie du XXème siècle et qui nous éclaire particulièrement sur des époques différentes et pourtant ancrées dans nos mémoires.

Ma note : 3/5
(Éditions La Différence, 443 pages)

3ème sélection Elle - Octobre

mardi 26 octobre 2010

Treize heures - Deon Meyer

Treize heures mouvementées dans la vie d’un policier du Cap, Benny Griessel, réveillé dès l’aube par un appel téléphonique qui lui apprend qu’une jeune fille a été retrouvée égorgée près de Long Street. Les heures se succèdent et ce n’est plus un, mais deux meurtres qui sont confiés à de jeunes policiers sud-africains que Benny doit épauler. Mais le temps presse, une jeune touriste américaine pourchassée par de mystérieux agresseurs est à retrouver. Ajoutez à cela les rivalités entre flics, une chanteuse sur le déclin alcoolique accusée de meurtre, des magouilles suspectes dans l’industrie du disque ou encore une soif inextinguible qui ne cesse pas et vous comprendrez pourquoi cette journée risque de paraître bien longue pour notre héros…

Avec 13 heures, Deon Meyer n’en est pas à son premier roman policier et cela se sent. En effet, ce qui surprend dans tout ce récit c’est son unité, sa logique d’enchaînement, son rythme régulier. Quelle maîtrise dans le sujet ici ! Il est assez rare de souligner en effet que 13 heures n’est pas un thriller classique, encore moins banal ou d’une trivialité affligeante comme on peut malheureusement en voir souvent. Que nenni, et c’est avec passion que l’on suit les enquêtes successives de ce brave Benny à qui on s’attache immédiatement, malgré ses défauts et travers flagrants.

Et pourtant il y avait de quoi s’emmêler les pinceaux puisque Déon Meyer s’amuse à traiter deux affaires en même temps, à sauter d’une situation à une autre, à mettre en scène des dizaines de personnages différents, sans que l’on sache parfois si celui que l’on croise à ce moment là est un personnage clé ou non de l’histoire. Et c’est là tout le génie du roman que d’être si complet, si précis dans ses détails que l’on s’y croirait nous aussi au Cap, dans cette ville où l’on ressent la poussière, la chaleur, où la violence est l’une des pires au monde et où la peur est le sentiment dominant. Et pourtant, cette ville, Deon Meyer a réussi à me la faire aimer, à me donner envie d’y aller, de me promener à mon tour dans ses rues, pour y ressentir l’ambiance.

Un récit subtil, des personnages complexes et complet, une intrigue à vous tenir en haleine du début à la fin avec un final en apothéose, une plume aiguisée et tranchante :13 heures c’est tout cela à la fois et bien plus encore. A lire absolument !

Ma note : 4,5/5
(Éditions Seuil Policiers, 460 pages)

3ème sélection Elle - Novembre

lundi 25 octobre 2010

Ru - Kim Thuy

Ru signifie berceuse en vietnamien et c’est donc sur le rythme d’une berceuse, dans un ton lancinant et presque mélancolique que Kim Thuy nous livre ses souvenirs. De son enfance enchanteresse au Vietnam vite rattrapé par les soubresauts de l’histoire à son exil au Canada en passant par sa fuite avec sa famille dans un de ces nombreux Boat People, Kim Thuy nous relate les péripéties de son enfance mouvementée et à jamais disparue.

La plume de Kim Thuy est d’une douceur et d’une pureté merveilleuses. Et c’est avec émotion que l’on suit son témoignage où, d’une voix fluette et mélancolique elle nous livre ses souvenirs et ses espérances. Comment ne pas ressentir de compassion envers la petite fille alors enfermée dans un camp de réfugiés en Malaisie dans la crasse, la faim et les maladies ? Comment ne pas se révolter face aux exactions et autres brimades subies par sa famille par les troupes de Nord qui envahissent le Sud ? Comment ne pas sourire enfin à la lecture de sa découverte du monde occidental, un monde où la liberté et les désirs enfin possibles la déstabilisent ?

Ce premier roman qui se lit vite et sans effort, est un superbe témoignage des souffrances de tout un peuple. Vibrant hommage à tous ces gens qui se sont enfuis au péril de leurs vies dans des bateaux surchargés dont beaucoup périront en mer dans l’indifférence générale. Hommage également à ceux qui sont restés mais qui ont aidé les autres à partir malgré les dangers. Hommage enfin à ceux qui les ont accueillis, aidés, nourris et logés dans un pays étranger, malgré leurs coutumes et langues différentes.

Un très beau récit, d’une simplicité touchante mais d’une force d’évocation évidente. Une réussite.

Ma note : 3,75/5
(Éditions L. Levi, 143 pages)


3ème sélection Elle - Novembre

dimanche 24 octobre 2010

Xinran

Xinran est née en 1958. Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges, à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l’impérialisme ».
A partir de 1983, la Chine a besoin de personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débat éducatives tout en s’assurant que les sujets « interdits » sont évités. Xinran devient rapidement l’animatrice d’une émission de radio, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit.
En 1997, elle décide de quitter la Chine et s’installe en Angleterre. Elle s’y marie et a un fils.
Depuis la publication de son premier livre, Chinoises, un best-seller international, Xinran est connue dans le monde entier. Elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC.
(Sources : http://www.editions-picquier.fr/)


Funérailles célestes
En 1956, Wen et Kejun sont deux jeunes étudiants en médecine, plein de l'idéologie communiste en vigueur en Chine. Alors qu'ils ne sont mariés que depuis trois mois, Kejun s'enrôle comme médecin volontaire dans l'armée chinoise en partance pour le Tibet. Quelques mois plus tard, Shu Wen apprend que Kejun aurait trouvé la mort sur les plateaux tibétains. Ne pouvant y croire, elle décide alors de se rendre en plein conflit sino-tibétain au Tibet afin de partir à la recherche de son mari et de découvrir ce qui lui est réellement arrivé...

Quel roman magnifique! Xinran décrit ici un formidable portrait de femme avec le destin extraordinaire de Shu Wen, confrontée à un paysage et un mode de vie auxquels elle n'a absolument pas été préparée. Liée d'amitiée avec Zhuoma, fille d'un chef de clan tibétain, recueillie par des nomades explorant toutes les montagnes sacrées du Tibet ainsi que les innombrables plaines, Shu Wen n'aura de cesse de consacrer sa vie à retrouver son mari.

J'ai été littéralement transportée au Tibet, suivant pas à pas les recherches de Shu Wen, tremblant, espérant pour elle et les amis qu'elle se fait au cours de sa vie au Tibet. Coupée du monde, Shu Wen ne sait rien des multiples bouleversements qui ébranlent la Chine - la mort de Mao, la Révolution culturelle, les réformes de Deng Xiaoping. Au contraire, là-bas, Shu Wen apprend la spiritualité au contact de ces gens simples dont la vie est rythmée par les saisons et les transhumances.

J'ai adoré ce roman; j'en suis d'ailleurs encore complètement émue. Se dire d'autant plus qu'il s'agit d'une histoire est encore plus bouleversant. Xinran, avec ce récit, a ainsi montré jusqu'où l'on peut aller par amour et par détermination. Un immense respect pour Shu Wen, et un grand bravo pour Xinran d'avoir retranscrit ici son histoire.

Ma note : 5/5
(Éditions Philippe Picquier, 190 pages)
Lu en décembre 2007

Baguettes chinoises
Baguettes chinoises raconte la destinée de trois femmes dans la Chine d'aujourd'hui. Trois, Cinq et Six ont quitté leur village pour partir travailler à Nankin, ville tellement éloignée à leurs yeux du monde dans lequel elles ont vécu jusqu'à présent. Quel choc pour ces jeunes femmes n’ayant jamais vu de leurs yeux un ordinateur, n’étant jamais monté dans une automobile, n’ayant jamais réellement circulé librement dans les rues ! Et c’est par leur travail que ces trois sœurs vont acquérir peu à peu leur autonomie puis leur confiance en elle pour enfin, s’affranchir des carcans de la société de leur milieu et devenir libres.

Inspiré d’histoires vraies, Baguettes chinoises est un très beau portrait de ces Chinoises d’aujourd’hui, dans un pays de plus d’un milliard d’habitants, qui, brusquement à partir des années 90, s’ouvre au monde et à « l’économie de marché ». Le bouleversement est immense pour ce peuple ayant connu pendant des années le régime maoïste avec ses aberrations et ses horreurs, notamment lors de la révolution culturelle que Xinran mentionne par instants dans son récit. Mais plus encore que les hommes, ce sont les femmes qui ont vu leurs existences chamboulées par la transformation de la société. Autrefois considérées comme seulement bonnes à faire des enfants (et des fils si possible) et à tenir la maison, les femmes désormais gagnent leurs vies, et très souvent comme les trois sœurs dont il est ici question, ce sont elles qui assurent la subsistance du reste de leurs famille restée à la campagne. La secousse est immense pour ces campagnardes brusquement propulsées dans un nouveau monde. Ainsi, même si Nankin n’est pas si loin d’où habitent leurs parents, Trois, Cinq et Six se rendent très vite du fossé entre les villes et les campagnes, restées encore en pleine féodalité.

C’est une Chine méconnue qui s’ouvre ici aux yeux du lecteur. Mais encore plus, ce sont des personnalités étonnantes de femmes que Xinran ici met en valeur. C’est avec un immense respect que nous suivons le parcours de ces femmes, de leurs doutes à leurs espoirs, de leurs déceptions à leur réussite finale, lorsque leur père reconnaîtra enfin le bien que ses trois filles ont pu apporter à leur famille de par leur travail et l’argent amassé.

Xinran, à la fin du récit, apporte un éclairage particulier sur le devenir de ses femme et plus particulièrement, sur celles qui ont inspiré les héroïnes fictives de ce récit. La lecture en est ainsi d’autant plus intéressante que l’on sent l’intérêt et encore plus l’amitié de Xinran envers ses consœurs, qui, coûte que coûte chercheront à s’élever au dessus de leurs conditions et assouvir leurs rêves.

Pour nous, femmes occidentales, Baguettes chinoises devrait être un exemple. Encore plus, c’est d’une leçon d’humilité et de courage dont il est ici question. Et rien que pour cela, le destin de ses trois femmes restera à jamais gravé dans notre cœur.

Ma note : 4/5
(Éditions Philippe Piquier, 340 pages)
Lu en septembre 2009

Chinoises
Journaliste chinoise à la radio d'Etat, Xinran a recueilli pendant huit années les témoignages de ses compatriotes lors de son émission radiophonique "Mots sur la brise nocturne". Chinoises est un condensé de plusieurs de ces histoires tour à tour émouvantes, tragiques et poignantes.

Ces destins de femmes font parti de ceux qui forcent l'admiration. Après Funérailles Célestes et Baguettes chinoises, Chinoises est le troisième récit que je lis de cet auteur et encore une fois j'ai été touchée par cette force d'évocation que possède l'auteur. Xinran réussit à disparaitre pour laisser en pleine lumière toutes ces femmes de générations, régions, cultures et conditions sociales différentes et qui, pourtant, toutes à leurs manières, lui expliquent leurs existences, leurs vies faites de souffrance, de peur, de tristesse mais aussi d'espoir.

Qu'est ce qu'être chinoise aujourd'hui? C'est pour répondre à cette question et comprendre ces millions de femmes que Xinran créa dans les années quatre-vingt son émission de radio qui obtint un succès considérable. Des milliers de témoignages de femmes ont alors afflué, forçant Xinran à découvrir des vérités pas toujours belles à voir. Mariages forcés, viols, pauvreté, folie, familles déchirées... C'est avec horreur et frisson qu'on lit certaines de ces histoires qui toutes sont malheureusement vraies. A travers ces témoignages de femmes courageuses et téméraires et sur lesquelles bien souvent toute une famille se reposait, apparait aussi une réalité : celle de la Chine de Mao puis de la Révolution culturelle dont les ravages seront bien nombreux. Autant dire que les premières victimes de ces années noires furent les femmes, écartelées entre le monde ancien où elles n'étaient rien et un monde "neuf" en plein chambardement et chaos et où elles étaient des proies et victimes faciles...

De ces récits souffle cependant un vent d'espoir et de bonheur. Car ces femmes, mine de rien, nous inculquent une leçon de respect inégalé. Toutes en effet oublient leurs tourments de brefs instants et ne se focalisent que sur l'amour. L'amour envers leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs enfants, leurs amants. Et c'est avec émotion que j'ai refermé Chinoises tout en ayant une pensée émue pour toutes ces femmes inconnues mais rescapées de l'oubli à jamais grâce à ce récit.

Ma note : 4/5
(Éditions Philippe Pasquier, 330 pages)


22/26!