Saga québécoise en trois tomes, Les filles de Caleb a connu un grand succès au Canada où elle a été notamment été adaptée à la télévision dans les années quatre-vingt dix. Ce petit bijou de la littérature est malheureusement peu connu en France; il était donc temps de réparer cette injustice en vous faisant découvrir cette magnifique saga ici...
Emilie
(Lu en avril 2009)
Trois générations de femmes dans le Québec du XXème siècle : voilà la saga qu'Arlette Cousture, romancière émérite et renommée québécoise, nous propose. Les filles de Caleb ont à coup sur été écrits dans la même veine que d'autres séries littéraires aujourd'hui devenues des classiques comme Les gens de Mogador d'Elisabeth Barbier ou les Jalna de Mazo de la Roche. Mais que le lecteur ne soit pas dupe :Les filles de Caleb Les filles de Caleb, avec ces personnages, ces lieux, ces péripéties, possèdent leur particularité propre qui en font toute leur originalité et surtout, leur qualité.
A seize ans, Emilie quitte la ferme familiale pour réaliser son rêve de toujours : être institutrice. Ce sera à Sainte-Tite, bourgade provinciale où, malgré quelques débuts difficiles, elle s'y fera une place et y trouvera même l'amour...
Le personnage d'Emilie est ce que l'on peut appeler un caractère fort; néanmoins, elle n'en demeure pas moins extrêmement attachante et, malgré ses défauts (qu'est ce qu'elle s'emporte vite Emilie parfois!), reste une femme que le lecteur admire et respecte. C'est que les temps sont durs au débuts du XXème siècle. Emilie, après son mariage, abandonne son métier d'institutrice pour s'occuper de sa famille et de ses huit enfants (!). Mariée à un époux irresponsable, Emilie devra avoir bien du courage pour faire face aux soubresauts du destin, ainsi qu'aux malheurs que le vie peut réserver. Heureusement, il y a la famille, les enfants, les amis, et cet amour inébranlable pour Ovila, coûte que coûte.
Un très bon premier tome, où le lecteur suit, haletant, la vie passionnante d'Emilie jusqu'à ses quarante ans. Avec minutie, Arlette Cousture nous relate la vie à cette époque, il y a de cela maintenant un siècle. Tout, que ce soit les us et coutumes, le langage, les bouleversements économiques dans la campagne. Nous suivons Emilie qui découvre avec émerveillement Montréal; nous la soutenons dans ses débuts d'institutrice et dans son quotidien semé d'embuches. Emilie est belle, fière et déterminée : les premières pages nous la montre tenant tête à son père, Caleb, pour que les femmes aient elles aussi le droit de manger en même temps que les hommes et tout cela est un véritable symbole de la modernité d'esprit de cette jeune fille.
Terriblement triste de quitter Emilie à la fin des 520 pages que compte ce premier tome (et comme ces pages défilent vite quand on est, comme moi, embarquée dans l'histoire), il ne reste plus qu'à découvrir la suite de cette sage avec l'histoire de Blanche, la fille d'Emilie dans le prochain tome. Ah, vivement la suite!
Ma note : 4,5/5
(Albin Michel, 526 pages)
Blanche
(Lu en mars 2010)
Ce deuxième tome de la saga québécoise d'Arlette Cousture nous emmène dans le Montréal des années vingt. Nous suivons Blanche, une des filles d'Emilie, qui décide de tenter sa chance et de devenir infirmière. Lassée de soigner des familles bourgeoises et d'être traitée avec mépris, Blanche décidera brusquement de partir dans les contrées éloignées et sauvages de l'Abitibi. Pendant trois ans, Blanche vivra alors la vie exaltante des pionniers et soigne les habitants de la petite ville de Villebois. Jusqu'au jour où Blanche fait une rencontre qui va bouleverser son existence...
Ah que j'ai eu du goût à lire cette histoire! J'avoue que j'aurais presque pleuré d'émotion lorsque j'ai été obligé de refermer le roman sur un des passages les plus poignants qu'il l'a été donné de lire. Assurément, Arlette Cousture a réussi à faire passer ici une grande palette d'émotion à travers tous les personnages qu'elle nous conte, de Emilie, femme abandonnée et obligée d'assumer seule l'éducation et la substance de ses enfants, à ses enfants justement dont nous suivons au fil des années la destinée. On s'attache à tous; Emilien, Marie-Ange, Jeanne, Paul... avec leurs défauts mais aussi leur force et leur courage qui les font se battre pour vivre, aller au bout de leurs rêves et partir, pour la plupart d'entre eux, en Abitibi, cette terre sauvage et inhospitalière où vit leur père qu'ils ont tous si peu connu pendant leur enfance.
Et pourtant... Malgré tout, c'est encore et toujours Emilie qui illumine littéralement le récit. Notamment durant la première moitié de l'histoire, où nous la suivons dans son combat de tous les jours pour élever ses enfants. Revenue à Sainte-Tite avec ses huit enfants, Emilie redevient institutrice pour gagner de l'argent et subvenir aux besoins de toute la maisonnée. C'est une vie presque de misère qu'elle offre à ses fils et ses filles qui, par la suite, feront tout leur possible pour aider en retour leur mère. Néanmoins, Emilie n'a perdu ni sa verve ni son gout effréné pour la vie et toujours, elle se battra pour ses enfants.
Blanche ne ressemble guère à sa mère. Plus douce, plus effacée, Blanche va cependant elle aussi tout faire pour réaliser son rêve : devenir médecin. Cela ne sera pas facile car outre son manque d'argent qui l'empêche de s'inscrire à la faculté, Blanche aura à se battre contre la moquerie de nombreuses autres jeunes filles élèves infirmières comme elle et jalouses de sa beauté et de son intelligence. Je me suis par instant retrouvée dans ce personnage de Blanche, et peut-être est ce pour cela qu'une certaine empathie s'est crée au fil des pages et que j'ai, en définitive, été très touchée par ce personnage.
Quelle tristesse au moment de refermer le roman; quelle déchirement de laisser tous les Pronovost alors que j'aurais tant aimé continuer à les suivre tous! Blanche aura assurément fait battre mon cœur et il faut maintenant impérativement que je me procure le dernier tome, Elise, car c'est une question de survie!
Ma note : 5/5
(Albin Michel, 552 pages)
je dois acheter les tomes 2 et 3 j'ai trouvé ce livre passionant
RépondreSupprimerNathalie, tu verras, "Blanche" est le meilleur des trois je trouve!
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