jeudi 29 avril 2010

Ailes - Aprilynne Pike

Laurel, fascinée, fixait les pâles choses avec de grands yeux. Elles étaient terriblement belles - trop belles pour l'exprimer en mots. Laurel se tourna de nouveau vers la glace, son regard sur les pétales voltigeant à côté de sa tête. Ils ressemblaient presque à des ailes.

Les fans de la série à succès Twilight seront comblés avec cette nouvelle série mêlant fantastique et féérie : Ailes est en effet l'archétype du roman pour adolescents surfant sur la vague du succès depuis le triomphe mondial de Twilight il y a de cela trois ans au moins. Nombre de romans et sagas fantastiques ont suivi par la suite avec plus ou moins de réussite, égalant difficilement la saga de Mme Meyer.

Alors quid de Ailes? En quoi ce roman est il si différent? Si on occulte la traduction qui m'a choquée plusieurs fois durant ma lecture et que je ne qualifierai donc pas de "formidable" bien que cet adjectif soit effectivement utilisé à tout bout de champ, c'est une histoire bien sympathique que nous propose ici Aprilynne Pike. Certes, Ailes ne révolutionne pas la littérature et n'en a pas la prétention; je pense qu'au contraire il faut le prendre pour ce que ce roman est : un divertissement.

L'auteur réussit plutôt bien à décrire les tourments que peut bien traverser une jeune fille de quinze ans qui voit son corps changer. Évidemment, il s'agit ici d'une métaphore puisque Laurel ne subit pas les affres de la puberté (acné, bouton...). Au contraire, Laurel est absolument épargnée de tous ces désagréments même si cela commence à lui sembler étrange. Mais lorsqu'un beau jour, elle aperçoit des pétales dans son dos, imaginez son choc! C'est là que j'ai trouvé que le roman était le plus intéressant puisque la panique, la peur terrible de Laurel a été extrêmement bien rendue par l'auteur. Je pense que toute jeune fille lisant ce récit se retrouvera inconsciemment dans les sentiments de Laurel.

Par la suite, le lecteur entrera de plein pied dans le monde merveilleux des fées, avec son coté merveilleux mais aussi ses dangers (c'est là que j'ai moins accroché à l'histoire; vieillirai je?). Une sombre menace plane sur l'ancienne maison des parents de Laurel convoitée par un mystérieux agent immobilier qui semble peu anodin. Il faudra bien du courage à Laurel et ses amis pour tenter de sauver ses parents confrontés à un grave danger. Mais notre héroïne sera également placée face à un terrible dilemme amoureux : David ou Tamani?

En définitive un roman agréable et que j'ai lu en quelques heures à peine. Je pense que ce récit plaira surement encore plus aux lecteurs adolescents et que cette série qui commence a de fortes chances de suivre le même chemin que Twilight...

Ma note : 3,8/5
(Éditions Ada, 333 pages)

L'avis enthousiaste de Mélopée.

dimanche 25 avril 2010

La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette - Stieg Larsson

Effervescence chez Millenium, le magazine d'investigation suédois le plus connu du pays depuis l'affaire Wennerström. En effet, la rédaction s'apprête à sortir un numéro spécial sur le commerce de la prostitution et de la violence faite aux femmes en provenance des pays de l'Est. Et autant dire que le sujet va s'avérer explosif puisque que de nombreux politiciens, journalistes, policiers et autres notables risquent d'être éclaboussés par cette affaire... Pour Erika Berger, rédactrice en chef et Mikael Blomkvist, journaliste célèbre grâce à ses révélations sur le magnat pourri Wennerström, le scoop s'avère énorme et ils sont convaincus que les révélations que leur proposent Mia Bergman et Dag Svenson sont véridiques et blindés. Mais lorsque tous deux sont retrouvés assassinés sauvagement dans leur appartement, l'affaire prend un nouveau tournant... Surtout lorsque la principale suspecte s'appelle Lisbeth Salander!

Suite des aventures de Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, ce deuxième opus de la trilogie Millenium démarre fort et vite! Il faut dire que nous suivons aussi bien Lisbeth, qui, devenue riche grâce à ses manipulations informatiques sur l'empire Wennerström, voyage avant de découvrir la belle vie à son retour en Suède que Mikael qui se lance dans une nouvelle croisade contre la société suédoise "pourrie". Comme dans le tome précédent, Stieg Larsson prend le temps de poser l'intrigue et ses personnages. C'est avec forces détails et descriptions que l'auteur décrit les turpitudes du monde du sexe et de la prostitution forcée. Mais Larsson décrit aussi avec précision ses personnages et on ne peut qu'être fasciné par celui de Lisbeth, véritable héroïne ici, puisque accusée des meurtres de Svensson et Bergman.

Dans cet épisode, le lecteur en apprendra donc beaucoup sur Lisbeth et les révélations toutes plus étonnantes sur sa personnalité et son passé ne pourront que surprendre et étonner. Mais il ne faut pas occulter la précision de l'enquête policière et journalistique que nous propose ici Larsson. En effet, durant tout le roman, nous suivrons tour à tour aussi bien Lisbeth qui cherche à comprendre pourquoi on la pourchasse que l'équipe policière, la rédaction de Millenium qui tente de mener elle aussi une enquête minutieuse sur les meurtres de deux de ses collaborateurs ou encore la société Milton Security où a travaillé Lisbeth avec à sa tête un Dragan Armanskij qui souhaite blanchir son ancienne employée.

Rebondissements, surprises et suspens sont au rendez-vous de ce récit passionnant du début à la fin. Et une fois le livre refermé, le lecteur ne peut que se demander ce qui va bien arriver par la suite à Lisbeth et Mikael. Mais pour cela, il faudra lire le dernier tome de cette saga à succès : La reine dans le palais des courants d'air.

Ma note : 4,5/5

Lu dans la cadre d'une lecture commune avec notamment Belledenuit et des membres du forum Livraddict. Je suis en retard mais ce fut une belle lecture!

vendredi 16 avril 2010

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Voilà un roman bien agréable et duquel on ressort le sourire aux lèvres. Et pourtant, le thème principal du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates est la guerre 39-45 dans les îles anglo-normandes et plus précisément sur l'île de Guernesey. Comment les auteurs (je dis les car ce récit a été achevé par Annie Barrows, nièce de Mary Ann Shaffer) ont-il bien pu réussir à nous faire presque oublier la noirceur de cette époque?

Le style du récit en forme épistolaire y est surement pour beaucoup : quoi de mieux en effet que des lettres échangées entre les personnages pour connaître réellement les points de vue et sentiments des différents protagonistes de cette île envahie dès le début du conflit par les nazis? Beaucoup d'humour se détache de ces lettres et le lecteur se délecte de chaque péripétie savoureuse rapportée par l'un et reprise par un autre d'un tout autre point de vue... Si le récit tourne évidemment autour d'un personnage principal, en l'occurrence Juliet, jeune écrivain de 32 ans que le hasard met en relation avec le cercle littéraire de l'île de Guernesey, le lecteur apprend à connaître et à apprécier chacun de ceux qui vont tourner en orbite autour de Juliet, qu'il s'agisse de Sydney, son éditeur, de son amie Sophie vivant en Écosse et bien évidemment de tous les habitants de Guernesey - Isola, Dawsey, Amélia, Eben, Kit... Et surtout de la mystérieuse Élisabeth dont inconsciemment Juliet se sent elle aussi très proche.

On apprend beaucoup de l'occupation allemande sur les îles anglo-normandes, de l'envoi des enfants en Angleterre, aux constructions de bunkers sur la plage sans oublier les travailleurs prisonniers étrangers venus travailler de force sur les îles jusqu'à épuisement. Évidemment, nous aurons droit au bel officier allemand au coeur pur ainsi qu'au méchant anglais n'hésitant pas à trahir ses compatriotes. Mais qu'importe puisque le récit se lit vite et bien et que sans s'en rendre compte, les quelques quatre cents pages du récit se lisent, pardon, se dévorent à une telle vitesse que le lecteur, déçu, ne peut que se dire en lui-même "comment? Déjà fini?".

Un récit où on s'attache donc énormément aux personnages, à leurs joies, à leurs peines et à leurs souffrances. Si j'ai peut-être trouvé la fin moi aussi quelque peu précipitée par rapport au reste, il n'en demeure pas moins que ce récit aura été un très agréable moment de lecture.

Ma note : 4/5
(Éditions Nil, 396 pages)


(9/26)

Mes comparses de la blogosphère : Mélopée, Abeille, Marie L. et Maijo qui m'ont accompagnée dans le cadre de cette belle lecture commune!

vendredi 9 avril 2010

Les chats en particulier - Doris Lessing

Voici un récit que tous les passionnés de chats adoreront à coup sûr!

Doris Lessing nous raconte ici les relations qu'elle a pu avoir auprès de la gente féline depuis son enfance au Zimbabwe à son installation à Londres où elle adopte deux chattes, la chatte grise et la chatte noire, qui dès le premier instant se détestent copieusement. C'est avec un mélange d'humour et de tendresse qu'elle nous décrit les mimiques et autres simagrées de ses compagnons à quatre pattes dont le quotidien est rythmée par les maternités successives, les chasses de souris et d'oiseaux ou encore la découverte de la campagne anglaise avec tous ses mystères.

Durant ces quelques cent pages, le lecteur pensera forcément à Colette qui elle aussi avait mis en lumière le caractère ô combien particulier des félins qui, comme l'explique bien Doris Lessing, peuvent retomber facilement dans la vie sauvage. La ferme familiale en Afrique est "infestée" de chats, et le terme employé n'est même pas assez fort pour faire ressentir à quel point l'envahissement des chats sur la ferme peut avoir comme conséquences désastreuses. C'est la mère qui doit se charger de la triste besogne d'abattre les chats, elle qui les aime tant ces matous! Et lorsqu'elle se révolte et refuse de faire sa tache, son mari et sa fille Doris comprennent alors avec horreur que tuer les chats n'est pas une chose aussi banale qu'il n'y parait.

Quel changement de perception en arrivant à Londres! En ville, le chat n'est plus une menace mais un animal domestique à part entière. Et pourtant... C'est que la chatte grise et la chatte noire ont toutes deux leurs caractères et ce sera à qui aura les faveurs des maîtres... Même si elle s'en défend par instants - son enfance n'a t-elle pas été rythmée par les chats traités comme nuisibles?- Doris Lessing aime ses chats et elle en fera la preuve en tentant le tout pour le tout pour sauver la chatte noire. Néanmoins, Doris Lessing n'a pas de relations où, comme le héros de La Chatte de Colette, elle serait dominée par ses bêtes. Il n'en est ainsi absolument rien et on ne peut que louer le bon sens de l'auteur d'avoir su réussir à rester le maître face à deux chattes aux caractères si bien trempées!

Encore une fois, Colette n'est pas loin même si les deux styles n'ont rien à voir intrinsèquement. Ou plutôt si, un point commun primordial se dégage de ce beau récit : un amour indéfectible pour les chats.

Ma note : 4,5/5
(Le livre de poche, 123 pages)

Un grand merci à Louvalouna du forum du club des rats de biblionet pour m'avoir permis de découvrir ce petit bijou. Et je ne peux que vous inviter à lire sa superbe critique ici.

mercredi 7 avril 2010

L'étrangère aux yeux bleus - Youri Rytkheou

En 1947, arrive à Ouelen, ville reculée de la Sibérie, une jeune scientifique russe, Anna Odintsova, qui souhaite s'intégrer au peuple autochtone, les Tchouktches, afin de les étudier de l'intérieur. Dès son arrivée, Anna épouse rapidement un jeune fils de la Toundra, Tanat, qui l'emmène avec lui dans sa famille d'éleveurs de rennes nomades.

Pour Anna Odintsova, son intégration dans l'univers des Tchouktches est une révélation : si au départ, son but premier est de récolter le plus rapidement possible le plus d'informations ethnographiques sur le mode de vie Tchouktche, peu à peu, Anna s'intègre entièrement dans sa nouvelle famille pour devenir une véritable Tchaoutchouvanaou malgré les critiques et reproches voilées des hommes et femmes de la petite tribu à laquelle elle appartient désormais.

Ce roman est avant tout une histoire d'amour; histoire d'amour d'Anna envers le peuple Tchouktche et ses traditions millénaires. Avec elle, nous découvrons la vie rude des Tchouktches mais qui est aussi tellement entière et respectueuse de la Nature et du monde qui l'entoure. C'est avec fascination que nous la suivons dans son apprentissage des dures taches quotidiennes (le dépeçage des rennes, la couture des peaux de rennes, la garde des rennes...). L'histoire est échelonnée de moments de bonheur mais aussi de drames plus intimes comme la mort de la petite fille d'Anna... Mais toujours transparait au premier plan cet amour indéfectible pour la nature, la Toundra, le mode de vie extrêmement inventif des Tchouktches dont tout repose sur l'élevage des rennes. Un mode de vie menacé de par la kolkholisation forcée dont est victime ce peuple par le pouvoir Soviétique qui fait la chasse aux Koulaks.

Un roman ethnographique superbe avec des moments particulièrement forts comme lorsque Rinto forme Anna à devenir chaman à son tour. On tremble, on vibre, on se révolte face aux péripéties de l'histoire qui n'aura pas ménagé ce peuple, qui, aujourd'hui, compte un peu moins de dix mille habitants en Sibérie.

Ma note : 4/5
(Acte Sud, 275 pages)



lundi 5 avril 2010

Le temps n'est rien - Audrey Niffenegger

Lorsque Henry rencontre Claire pour la première fois à vingt-huit ans, lui ne la connait pas alors que Claire le connait depuis qu'elle a six ans... Cela fait en effet des années que Henry traverse le temps pour rendre visite à la jeune Claire en cachette. Secrètement amoureuse d'Henry, Claire recherchera par la suite à le retrouver mais qu'il est difficile d'aimer un homme que l'on connait alors que lui ne vous connait pas encore! D'autant plus qu'Henry continue à voyager dans le temps, dans son passé principalement mais aussi dans le futur et cela n'est pas sans danger...

Quel roman étrange! Et surtout, comme il est difficile de se retrouver dans toutes ses époques qui se mélangent, se croisent et s'emmèlent en permanence! S'il arrive ainsi qu'une Claire enfant croise un Henry de quarante ans, il arrive également que Henry se rencontre enfant ou croise un Henry de quelques mois seulement plus âgé!

La première surprise passée et une fois que l'on arrive à s'habituer à ce mélange des époques, le lecteur se surprend à ressentir une ceriane gène. En effet, même si rien n'est dit, on se doute bien que tous ces voyages temporels ne peuvent pas durer indéfiniment et que les risques sont bien plus nombreux que l'on pourrait le penser... Car si Henry voyage dans le temps, c'est sans prévenir, aussi bien de jour comme de nuit, que dans les moments les plus importants de son existence, comme son mariage avec Claire par exemple ou en pleine rue. Et son "retour" au présent n'est pas des plus simples non plus.

Bien sûr, c'est d'une histoire d'amour qu'il s'agit et le personnage de Claire, telle Pénélope attendant sans fin son Ulysse patio-temporel, est très beau. Quelle patience et quelle abnégation! Penser que cette enfant attend son Henry depuis qu'elle a six ans! Et qu'elle l'attend, encore et toujours dans le présent et dans le futur...

Pouvons nous changer le futur via le passé? Mais Henry a t-il le choix alors que son Moi futur a déja façonné Claire plus jeune? Se poser toutes ces questions peuvent vous donner le tournis et Henry lui même comprend qu'il ne peut changer le cours des choses. Ou du moins ne l'ose t-il pas car qui sait, les conséquences pourraient être plus graves...

Un roman qui, malgré une première partie qui m'a semblé bien longue (dommage!) réserve des surprises et un final plutôt réussi. Surement pas un coup de cœur comme pour d'autres lecteurs mais assurément un récit original avec un thème des plus troublants.

Ma note : 3,75/5
(J'ai Lu, 521 pages)

et

(8/26)