Le Pygmalion dont il est question dans la pièce de Bernard Shaw est Henry Higgins, émérite professeur de phonétique. Un soir, à Covent Garden, il fait la connaissance du Colonel Pickering et d’une marchande de fleurs nommée Eliza Doolittle. Souhaitant élever sa position sociale, Eliza propose au savant de l’engager pour qu’il lui enseigne les bonnes manières et la débarrasse de son accent « cockney ». Tout d'abord sceptique, Higgins accepte le défi et accueille la jeune fille chez lui...
Shaw s'est ici inspiré du mythe grec pour évoquer la relation qui unit Higgins à Eliza. Comme le sculpteur grec, Higgins est misogyne et est donc demeuré un célibataire endurci. Mais l'arrivée d'Eliza va bouleverser son existence même si Higgins se comporte en véritable tyran envers la jeune fille puisqu'il l'abrutit de leçons et n'hésite pas à la rabrouer et à se moquer d'elle et de ses manières. Mais contre toutes attentes, au bout de six mois, Eliza est présentée à Buckingham et en revient adulée et triomphante. Triomphe dont se prévalent Higgins et Pickering tout en ignorant la pauvre Eliza, qui, déçue, humiliée, triste, s'en va...
C'est une pièce de théâtre avec des réparties qui font mouche et, bien souvent, bourrée d'humour et de malice. Évidemment, le personnage d'Eliza en est la principale cause puisque Shaw a bien sur joué sur l'antagonisme du milieu aristocratique dans lequel évolue désormais Eliza et ses origines bien plus "modestes" des faubourgs populaires de Londres. Pour souligner ce décalage, Shaw a ainsi ajouté comme personnage le père d'Eliza, ivrogne et fainéant notoire, mais qui, brusquement, devient riche.
Avec cette pièce, Shaw critique avec finesse la haute-société britannique mais aussi et surtout les hommes tels que Henry Higgins, persuadé d'avoir raison mais en réalité un fieffé égoïste un brin macho mais à qui Eliza va affliger en définitive une jolie leçon...
Pièce tombée en partie dans l'oubli de nos jours, c'est en fait à Brodway que cette pièce a réellement charmé les foules. Mais c'est surtout le cinéma, avec le célèbre film My Fair Lady, qui en a fait une histoire culte...
My Fair Lady
Adaptation musicale de Pygmalion de George Bernard Shaw, My Fair Lady a été montée pour la première fois à New York, au Mark Hellinger Theater le 15 mars 1956. George Cukor en réalise l'adaptation filmographique en 1964. Le film obtiendra 8 oscars dont l'oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur.
La première chose qui frappe en regardant le film après avoir lu la pièce (ce qui a été personnellement mon cas) est que l'esprit de la pièce est incroyablement bien respecté. Si l'on omet la fin, légèrement modifiée, le scénariste Alan Jay Lerner a suivi pratiquement au pied de la lettre la pièce. Pour preuve, de nombreuses répliques de la pièce sont répétées mot pour mot dans le film dont certaines sont devenues célèbres :
«Il faut se conduire comme si on était au ciel, où il n'y a pas de voiture de troisième classe et où une âme en vaut une autre.»
«Le grand secret, ce n'est pas d'avoir de bonnes ou de mauvaises manières, c'est d'avoir les mêmes manières vis-à-vis de toutes les créatures humaines.»
Il faut savoir qu'avant d'en autoriser l'adaptation en comédie musicale, Bernard Shaw avait été extrêmement strict dans le souci du respect de sa pièce originelle. Et il étonnant de penser que la scène du bal du film a été en fait imaginée à l'origine par Shaw lui même!
Mais revenons au film qui en 1964, obtint un triomphe. Il va sans dire que Audrey Hepburn qui joue ici le rôle principale y est pour beaucoup. D'ailleurs, pour l'anecdote, bien que pas chanteuse, elle fut finalement préférée à Julie Andrews créatrice du rôle à Broadway (mais Julie Andrews, fut par la suite embauchée par Disney et joua coup sur coup dans Mary Poppins et La mélodie du bonheur). Autant dire que la jolie frimousse d'Audrey Hepburn a réellement marqué le grand public et que pour beaucoup, Eliza Doolittle a à jamais ses traits.
La comédie musicale en elle-même est assez plaisante même si les chansons du film sont bien moins connues que d'autres films de la même époque (ou est ce moi qui manque de culture dans ce domaine? Peut-être...). Néanmoins, là encore, Alan Jay Lerner, qui, pour l'anecdote est également l'auteur de la comédie musicale de Broadway, a suivi l'esprit de la pièce de Bernard Shaw à travers les multiples chansons. Par exemple, Henry Higgins raille ses concitoyens dans la chanson intitulée "Why can’t the English ?".
Bien que la film dure presque trois heures, j'ai passé un agréable moment avec cette comédie musicale, qui bien qu'ayant un peu vieillie, n'en demeure pas moins avec un charme certain. Autant dire que ce genre de film n'est plus fait de nos jours et c'est bien dommage car on en ressort le sourire aux lèvres et en train de fredonner les airs. Et les toilettes portées par Audrey Hepburn sont superbes.
Mais laissons le mot de la fin à George Cukor himself : « Je pense que My Fair Lady est un film charmant… Audrey a joué ça avec beaucoup de brio. Elle travaille dur… Elle est extrêmement intelligente, inventive, modeste… et drôle. Quand vous travaillez avec elle vous ne sauriez croire qu’elle est une super star. Elle est pleine de tact, c’est la créature la plus charmante du monde. Rex Harrison est magnifique également, il a réalisé une grande performance comme il l’avait fait sur scène. »
Note globale (pièce + film) : 4/5
(Edition Le livre de Poche, 150 pages pour la pièce. Le DVD du film est disponible chez Paramount Home Entertainment)
Je crois bien que j'ai vu "My fair lady" en cours d'anglais au collège ou au lycée... Un sacré bail!
RépondreSupprimerwaouuw ! Ö
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