Sixième opus des aventures du plus célèbre reporter photographe de la littérature contemporaine, Cher Boro nous entraîne en 1942, dans le monde sombre et mystérieux de la Résistance. On ne peut que saluer le travail précis et exhaustif des auteurs qui recréent avec une véracité rare ce que furent les réseaux de la Résistance civile à cette époque aussi bien en France libre qu'occupée qu'au sein de l'Allemagne nazie même où Boro côtoie un instant les membres de l'organisation secrète de L'Orchestre rouge ou Société des amis, société qui fut démantelée et ses membre tous exécutés cette même année.
Mais n'allons pas trop vite et revenons à l'intrigue même : parachuté en France libre, Boro fait la connaissance de la jeune et jolie Bleu Marine, opératrice radio envoyée comme lui clandestinement en France sur les ordres de Londres. De Paris à Lyon, en passant par Berlin ou Caluire, nous suivons donc notre héros qui, avec ses acolytes hongrois ex-membres comme lui de la défunte agence Alpha Press, luttent coûte que coûte avec les moyens du bord contre l'occupant nazi. Car c'est bien de cela dont veulent parler en particulier les auteurs Franck et Vautrin : les premiers réseaux de la Résistance ont été artisanaux voire plus que restreints dans cette France où le Maréchal Pétain pactise avec l'ennemi. Et même si nombreux sont ceux qui haïssent les Nazis, rares sont ceux qui osent se dresser face à leurs multiples exactions. Priorité à la survie individuelle avant tout.
C'est un récit beaucoup plus sombre que les précédents et où le lecteur, à la suite de notre intrépide héros, se sentira le plus souvent tendu et sur ses gardes. C'est que même au sein de la Résistance, les traitres et les délations ne manquent pas, à l'instar de la réunion de Caluire où un certain Jean Moulin fut arrêté après la trahison de René Hardy, épisode que les auteurs décrivent et romancent.
Récit où les larmes, les peurs et les morts bousculent et atteignent notre héros et le lecteur avec, Cher Boro nous chamboule et nous atteint au plus profond de nous mêmes. Il est bien dommage que le récit souffre de longueur au début car Cher Boro reste un témoignage troublant d'une époque sombre et impitoyable. Époque que nous retrouverons dans l'épisode suivant : La fête à Boro.
Ma note : 3,5/5
(Éditions Fayard, 460 pages)
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