vendredi 20 novembre 2009

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur - Harper Lee


"Comment ont-ils pu faire ça, comment ont-ils pu?
- Je ne sais pas, mais c'est ainsi. Ce n'est ni la première ni la dernière fois, et j'ai l'impression que quand ils font ça, cela ne fait pleurer que les enfants."

En 1935 à Maycomb, Atticus Finch est commis d'office pour défendre un homme noir accusé d'avoir tenté de violer une femme blanche. Si pour cet avocat, il ne fait pas de doute qu'il s'agit de l'affaire de sa vie, pour ses deux enfants, et notamment sa fille "Scout", rien ne sera plus comme avant...

Raconté avec des yeux d'enfants, en l'occurrence ceux de la jeune Scout, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un récit où les thèmes de la ségrégation, des préjugés durs et vivaces et du racisme sont décrits avec une acuité rare qu'il m'a rarement été donné de retrouver dans d'autres récits. Mais Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, ce n'est pas seulement cela; c'est aussi et surtout le récit de trois étés que passa la jeune Scout avec son frère Jem dans la petite cité de Maycomb.

Située dans le sud des Etats-Unis, Maycomb est une ville marquée par l'esclavagisme et où la ségrégation raciale est instaurée sans que personne n'ait à y redire. Blancs et Noirs ne se côtoient pas ou si peu; chacun vit de son coté sans chercher à se mélanger les uns les autres. Pour bien comprendre également le contexte de l'histoire, il ne faut pas oublier également que les Etats-Unis dans les années trente sont en pleine récession économique. Si les Finch sont épargnés, il n'en est pas de même des autres habitants de Maycomb. Certes, les Noirs sont les plus touchés, eux qui vivent de misère près de la décharge. Mais des familles "blanches" subissent elles aussi la pauvreté comme les Ewell, par qui le procès arrive...

Scout a six ans et elle est plus garçon manqué que petite fille modèle. Les étés se passent en jeux divers avec son grand frère Jem et leur ami Dill venu passer les vacances dans le quartier. D'une intelligence et d'une sagacité étonnante, Scout se doute bien qu'il se passe quelque chose chez les Radley, ces voisins énigmatiques. D'autant plus que cela fait bien des années que leur fils Boo Radley n'a pas mis un pied dehors... Mais très vite les évènements, notamment ceux liés à l'affaire Robinson vont frapper les enfants Finch qui vont être confrontés à la dure réalité de l'existence.

Ragots, menaces, injures : Scout et Jem ne sont guère épargnés par la population de Maycomb qui trouve scandaleux qu'Atticus Finch puisse défendre un Noir. Même la propre sœur d'Atticus ira le blâmer de jeter ainsi l'opprobre sur sa propre famille et ses enfants. Mais le père de Scout ne veut pas renier ses opinions d'autant plus qu'il tente d'inculquer à ses enfants des valeurs de tolérance, d'humanité et de probité.

Un récit sur lequel tant de choses serait à dire que ce serait peine perdue. Grâce à un style simple mais non dénué d'humour ni de tendresse, Harper Lee réussit à faire revivre sous nos yeux l'état d'esprit d'une petite ville de province américaine en proie au doute et au questionnement. L'histoire se lit avec une simplicité étonnante; l'auteur réussit en effet à s'effacer au bénéfice de sa petite héroïne espiègle et fort sympathique. Cependant, avec la fin du procès et ses conséquences, c'est aussi la fin du temps de l'innocence pour Scout et son frère qu'elle nous décrit.

Écrit dans les années 60, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur a connu aux Etats-Unis un succès considérable. Un roman méconnu en France et c'est bien regrettable : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est, dans ses thèmes et ses réflexions, encore, hélas, terriblement d'actualité ...

Un roman indispensable à lire!

Ma note :5/5

Editions de Fallois, 345 pages

9 commentaires:

  1. C'est un livre que j'ai abandonné il y a deux semaines parce que je lisais en anglais et que je n'étais pas motivée pour lire en VO... Je m'y remettrai quand j'aurai plus de temps, parce qu'il a l'air génial visiblement!

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  2. C'est dommage car c'est vraiment un très bon roman. Par contre, j'avoue que le lire en anglais ne doit pas être évident, personnellement, je ne suis pas assez douée en langue pour lire un roman en VO!

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  3. C'est un livre que j'ai vraiment beaucoup aimé et dont je me souviens très bien, même si ma lecture remonte à plusieurs années!

    (PS: c'est Karine, de "Mon coin lecture" (celui du challenge english classics)... je ne trouve pas l'option "nom/url" dans les commentaires!!)

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  4. Hello Karine!
    Effectivement ce roman semble faire l'unanimité auprès de ceux qui le lisent!
    J'ai regardé pour les commentaires et en principe, maintenant c'est bon pour l'option "nom/url"! ouf!

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  5. Très beau livre en effet, à la fois tendre et dur, et aussi beaucoup de mystère... Seul le début est un peu lent mais après quel régal!

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  6. Ah je vois que je ne suis pas la seule à avoir trouver le début un peu poussif, cela me rassure. Mais heureusement le suite veut le détour et fait que l'on oublie l'impression du départ. En tout cas, c'est un roman que je conseille à ceux qui ne l'auraient pas encore lu!

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  7. Excellente critique, c'est un classique qui manque à l'appel chez moi, je vais donc réparer cet oubli sans tarder.

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  8. Merci Folfaerie de ton gentil mot! En tout cas je ne peux que te conseiller cette lecture que j'ai réellement appréciée!

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  9. Ce livre est aussi dans mon challenge 100 ans de litt. américaine! Avec ton billet positif, j'ai encore plus hâte de le découvrir! :o)

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