mercredi 15 septembre 2010

Au détour des challenges...

Depuis que j'ai créé ce blog en 2009, je me suis inscrite à un certain nombre de challenges en cours sur de nombreux autres blogs littéraires.

Ce billet a donc comme objectif d'être un récapitulatif de mes challenges (je mettrai ce billet à jour au fur et à mesure de mon avancée).

Les challenges pour 2011 (MAJ 12/12/10)
  • Objectif PAL
THE flop de l'année. De 49, ma PAL est passée à 44 romans, soit bien loin des 20 que je visais.
Mais je remets ça pour 2011!
12/12/10 : PAL = 34 livres à ce jour. Mais je crains que mon décompte soit en dessous de la vérité...
  • Challenge Histoire
Deux titres de lus :
La parfaite lumière de Eiji Yoshikawa
La fête à Boro de Franck & Vautrin

Pas d'objectif particulier.
  • Challenge Chick-Lit
Objectif : lire trois titres d'ici fin décembre 2011
Rien de lu à ce jour.
  • Challenge Alexandre Dumas
Même objectif que précédemment : lire trois titres d'ici fin décembre 2011.
Et là encore, rien de lu à ce jour.
  • Challenge Nécrophile : en 2011, je me tape des auteurs morts
Objectif : lire un titre dans chacune des 4 catégories ci dessous :
  1. - un roman d'un auteur mort dans des circonstances particulières
  2. - un roman d'un auteur qui s'est suicidé
  3. - un roman d'un auteur mort avant 35 ans
  4. - un roman d'un auteur enterré à Paris


Les challenges achevés (faits en 2010) :
  • 100 ans de littérature américaine
5/5

- Le faucon de Malte (Dashiell Hammett)
- Une affaire de charme (Edith Wharton)
- Beignets de tomates verts (Fannie Flagg)
- Des fleurs pour Algernoon ( Daniel Keyes)
- Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ( Harper Lee)
  • Lunettes noires et pages blanches
Pygmalion
  • English classics
- Raisons et sentiments (Jane Austen)
- Les Hauts de Hurlevent (Emily Brontë)

  • Challenge ABC

A - Austen Jane : Raisons et sentiments
B - Bissondath Neil : Tous ces mondes en elle
C - Cousture Arlette : Elise
D - Dick Philip K : Le maître du haut château
E - Erdrich Louise : La chorale des maîtres bouchers
F - Fowles John : L'obsédé
G - Godberson Anna : Rebelles
H - Harris Jane : La servante insoumise
I - Ishiguro Kazuo : Auprès de moi toujours
J - James Henry : Washington Square
K - Kazan Elia : L'arrangement
L - Lermontov Michel : La princesse Ligovskoi
M - McEwan Ian : Expiation
N - Niffeneger Audrey : Le temps n'est rien
O - O'Faolain Nuala : L'histoire de Chicago May
P - Parrot Jean-François : L'énigme des Blancs-Manteaux
Q - Quignard Pascal : Villa Amalia
R - Russo Richard : Le déclin de l'empire Whiting
S
- Shaffer Mary Ann : Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates
T - Teulé Jean : Mangez le si vous voulez
U - Uhlman Fred : Sous la lune et les étoiles
V - Vargas Fred : Debout les morts
W - Wallace Mélanie : Sauvages
X - Xinran : Chinoises
Y - Yoshigawa Eiji : La parfaite lumière
Z : Zusak Markus : La voleuse de livres

  • Challenge Une année en Russie
3 romans de lus.

- L'étrangère aux yeux bleus (Youri Rytkheou)
- Les dames de Saint Pétersbourg (Nina Berberova)
- La princesse Ligovskoi (Michel Lermontov)

mercredi 8 septembre 2010

Le déclin de l'empire Whiting - Richard Russo

Empire Falls fut autrefois une cité industrielle prospère de l'État du Maine. A sa tête, une famille, les Whiting, propriétaires de pères en fils des usines, bureaux et autres magasins de cette ville champignon. Hélas, la crise industrielle des années soixante-dix est passée par là et de nos jours, Miles Roby, gérant de l'Empire Grill, ne peut que se satisfaire de sa petite clientèle d'habitués fidèles et tous plus désabusés les uns que les autres de la vie morne et monotone qu'ils vivent tous dans cette ville en proie au chômage. Miles, lui, doit faire face à son divorce (tumultueux par moments) avec sa femme Janice, aux tourments de l'adolescence que traverse sa fille unique et à un père volage et inconscient qui ne rêve que d'une seule chose : retourner se saouler en Floride. Et pendant ce temps, Mrs Whiting, veuve et héritière du dernier des Whiting s'amuse à tirer les ficelles derrière tout ce beau monde.

Empire Falls ou littéralement les chutes de l'empire : celui des Whiting ou celui que Miles avait fait dans son esprit de l'image qu'il avait de sa mère Grace, emportée par un cancer il y a de cela des années? C'est que le destin réserve des turpitudes étonnantes; Russo nous le fait bien comprendre à travers toutes ses pages qui défilent toutes seules, comme par magie, avec une facilité tellement étonnante, que l'on a l'impression que nous aussi, nous sommes à Empire Falls, assis sur un siège dans l'Empire Grill. A première vue, l'histoire ne présente pas d'intéret puisqu'il semblerait qu'il n'y ait pas d'intrigue. Mais c'est faux; en réalité, l'intrigue ce sont les personnages eux-mêmes, à commencer par cette mystérieuse Mrs Whiting que l'on retrouve partout, à tous les coins de rues, conversations et souvenirs. Miles Roby, lui-même, sent bien que cette femme a joué un rôle mystérieux et déterminant dans sa vie, voire même qu'elle a été trop présente dans son existence. Mais que peut bien réserver à notre héros et donc au lecteur, Richard Russo?

Les évènements, les drames se racontent, se précisent, se murmurent. Le lecteur tremble, frémit, sursaute, rit aussi beaucoup. Car encore une fois, ces personnages avec leurs travers et leurs défauts nous sont proches, comme des amis très chers que l'on aurait envie de prendre dans nos bras. Que celui qui lira ma critique ne prenne pas peur : le nombre de pages n'est pas un obstacle; au contraire, une fois le livre refermé, on regrette déjà d'avoir dévoré ce récit incomparable. Car le style est là, inimitable; le suspense, aussi, subtil et à petites doses savamment éprouvées; enfin, le dénouement, magnifique et qui ne manquera pas de vous surprendre.

Ajoutez à cela un sens de la dérision incomparable et vous comprendrez que Le déclin de l'Empire Whiting fait parti de mes meilleures lectures de cette année. Ah Miles Roby et tous les habitants d'Empire Falls, vous allez me manquer!

Ma note : 5/5
(Éditions Quai Voltaire, 522 pages)

18/26 !

dimanche 5 septembre 2010

L'obsédé - John Fowles

Publié en 1963, L'obsédé connut immédiatement un succès planétaire et fut adapté trois ans plus tard au cinéma par William Wyler sous le titre Le collectionneur, titre qui, selon moi, correspond bien plus au personnage principal que la traduction française qui avait été donnée au roman. Car ne nous y trompons pas : l'obsédé dont il est ici question n'est pas un obsédé sexuel comme on pourrait le penser. Non, au contraire, Frédérick, employé de mairie sans histoire au début du récit, n'est qu'un simple collectionneur de papillons, ces papillons qu'il aime et qu'il admire tant. Mais Fréderick n'admire pas seulement les papillons et c'est Miranda, la belle Miranda, étudiante à l'école des beaux-arts, qui le fascine au point qu'il échauffe un plan pour s'en emparer.

Prisonnière de cet homme fou amoureux d'elle, Miranda voit sa vie devenir un cauchemar. Oh, son geôlier ne la brutalise pas, ne la violente pas, ne lui fait aucun mal. Au contraire, Miranda est traitée avec mille égards et tous ses désirs deviennent des ordres. Même, face à Frederick intimidé par la personnalité vive et volontaire de sa prisonnière, on a presque l'impression que c'est Miranda qui prend le dessus. Mais l'impression est trompeuse car Fréderick est tétu, obstiné et veut croire jusqu'au bout à la pureté de Miranda. Jusqu'à la retenir prisonnière dans sa cave, sans fin et sans raison. Et Miranda, à l'instar des papillons collectionnés par Fréderick, comprend qu'elle n'est pour cet homme qu'une pièce de collection, sa plus belle etplus précieuse.

"Je ne suis pour lui qu'un spécimen dans une rangée de papillons. Quand j'essaie de battre des ailes, c'est alors qu'il me déteste. Car je suis censée être morte, épinglée, toujours la même, toujours belle. Il sait qu'une partie de ma beauté vient du fait que je suis vivante, mais c'est morte qu'il me veut. Il me veut morte vivante. [...] Il m'a montré un jour ce qu'il appelle sa "bouteille-à-tuer". C'est moi qui suis emprisonnée là-dedans. Je bats des ailes contre le verre. Et, parce que je vois à travers, je garde l'impression de pouvoir m'échapper. J'ai de l'espoir, mais tout cela n'est qu'illusion. Un mur épais, transparent et rond."


Les jours passent et Miranda, malgré ses tentatives de fuite, comprend qu'elle ne peut s'échapper. Et l'horreur atteint son comble lorsque Fréderick comprend que Miranda, avec sa personnalité, ne correspond pas à l'image lisse et parfaite qu'il s'était faite d'elle. Et le dénouement, inéluctable, ne peut qu'arriver...

Si à sa parution, L'obsédé a pu faire sensation, de nos jours ce récit parait bien moins scandaleux qu'en 1962. C'est qu'il y a des longueurs, notamment dans la seconde partie du récit, lorsque nous lisons le journal tenue par Miranda dans sa prison. Même évènements mais vu de son point de vue sans oublier ses digressions sur l'art qui, sans être intéressantes, nous éloignent plus du récit principal qu'autre chose. Quant à la fin, sans être surfaite, elle n'a rien d'étonnante, et c'est sans émotion particulière, que l'on assiste à ce qui arrive en définitive à Miranda.

Bref, un récit intéressant bien écrit, mais sans plus. Pour avoir étudié des passages qui m'avaient alléchés il y a de cela des années au lycée, j'ai été finalement déçue par le roman. Peut-être en attendais je trop, tous simplement?

Ma note : 3/5
(Éditions Points, 325 pages)

17/26!

et

samedi 4 septembre 2010

Le grand cahier - Agota Kristof

Voici, assurément un de ces romans que l'on n'oublie pas une fois la dernière ligne lue.

Autant dire que je suis restée sans voix après avoir lu ce récit d'une traite (en une soirée, rendez vous compte, cela ne m'était pas arrivé depuis des années!). C'est que l'histoire est prenante et cela, dès les premières phrases. Ce sont les enfants, les deux jumeaux, qui se racontent, à travers ce "grand cahier" où tous deux racontent leur quotidien dans cette petite ville, où leur mère, pour les protéger, les a emmenés et confiés à leur grand-mère. Terrible grand-mère, femme avare, égoïste et rude et qui, dès le départ, dépouille ses petits enfants, les oblige à travailler pour avoir à manger, les fait coucher dans la cuisine sur les bancs.

Mais les enfants, au lieu de sombrer dans le désespoir réagissent et s'endurcissent. Ensemble, ils font des exercices où ils s'entrainent à résister à la faim, aux insultes, à refouler leurs sentiments. Et puis, il y a ce grand cahier où ils s'exercent à raconter leur quotidien, pour ne pas perdre l'instruction qu'ils ont pu avoir auparavant dans la grande ville, dans cette autre vie qui parait si loin.

C'est la prose, le style utilisé par Agota Kristof qui fait toute la force et toute l'originalité du récit. C'est que de par sa phraséologie, nous sommes immédiatement projetés dans le récit, dans le quotidien atroce et terrible de ces enfants. Car ne nous y trompons pas : Le grand cahier n'est pas un roman à mettre dans toutes les mains; il suffit pour cela de continuer dans le récit, de tomber nez à nez sur des scènes particulièrement crues et malsaines (et je n'exagère pas). Ajoutez à cela un vocabulaire qui devient de plus en plus dur et libre dans ses propos et vous comprendrez que l'on se demande réellement jusqu'où le récit va aller...

Et pourtant j'ai adoré cette histoire et je suis absolument convaincue que Le grand cahier est un excellent livre sur la guerre bien sûr mais aussi sur les conséquences de celle-ci sur l'apprentissage de la vie qu'en font les deux enfants. La logique des jumeaux est pleine de justice et de respect. Tous deux dénoncent l'injustice et la pauvreté de ces temps de guerre. Et même si leurs moyens sont discutables (chantage, vengeance...), en réalité, ces deux enfants, et bien, on arrive presque à les comprendre et à justifier leurs actes.

C'est donc un livre très cru voire malsain mais aussi tellement prenant et surprenant que l'on se surprend à continuer à tourner les pages bien que les situations décrites sont de plus en plus difficiles. Et la seule chose que l’on a envie de faire à la fin du livre, c’est de se jeter sur les deux livres suivants pour savoir la suite...

Ma note : 4/5
(Éditions Seuil, 190 pages)