mardi 22 février 2011

Pas facile de voler des chevaux - Per Pettersen

"Tu viens, on va voler des chevaux."

Norvège, de nos jours. Il s'appelle Trond Sander, a 66 ans, et il vient d'acquérir un chalet d'alpage abandonné pour y finir ses vieux jours. Balades douces et tranquilles dans la neige et le froid de cet hiver qui commence avec sa chienne Lyra, travaux d'aménagement du chalet, préparation en vue de l'hiver qui vient; Trond organise méthodiquement ses journées afin de s'occuper l'esprit et le corps. Un jour, cependant, il fait la connaissance de son voisin le plus proche et c'est stupeur qu'il reconnait Lars qu'il avait connu lorsqu'il avait quinze ans lorsqu'il passait ses vacances d'été avec son père dans un village proche de la frontière suédoise. Cette rencontre inattendue réveille de vieux souvenirs chez Trond, souvenirs qui le ramène en été 1948, l'été qui allait bouleverser son existence.

Attention, roman magnifique en vue! Pas facile de voler des chevaux fait parti de ces récits étonnants où les sentiments humains, dans toutes leurs simplicité et complexité, sont restitués ici comme nulle part ailleurs. Per Petterson possède ce style simple mais pourtant précis qui permet de restituer l'ambiance d'un petit village suédois à la fin de la seconde guerre mondiale. Moi qui ne suis guère friande de cela, j'ai adoré les descriptions de l'auteur sur la nature, en particulier ces pages sublimes sur la foret norvégienne et suédoise, mais aussi la coupe du bois, ou les promenades en pleine nature à cheval. Mais plus encore, c'est la transformation d'un jeune garçon de quinze ans en homme que nous suivons ici et c'est une véracité rare que Per Petterson met le doigts sur les bouleversements subis par Trond cet été là.

Pourquoi, au détour d'une phrase anodine, Jon, l'ami cet été-là de Trond, se met-il soudain dans une colère noire? Que s'est-il passé des années auparavant que son père cache à Trond? Que cache t-on au jeune Trond? Les révélations au fil des pages vont bon train et cependant, chaque personnage garde encore sa part de mystère car l'auteur ne révèle jamais tout. Et à vrai dire, peu importe, car c'est presque avec une sérénité rare que l'on referme ce récit une fois fini. Du grand art!

Ma note : 5/5
(Folio, 301 pages)

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