dimanche 29 août 2010

Rupture - Simon Lelic

Londres, par un mois d’été torride. Samuel Szajkowski, professeur d’histoire apparemment sans histoire, ouvre le feu lors d’une réunion et tue trois élèves et un collègue avant de se tuer à son tour. Pour les médias et le public tout entier, c’est sans conteste l’œuvre d’un fou, d’un dégénéré. Mais pour la commissaire Lucia May en charge de l’enquête, ceci ne s’annonce pas aussi simple et malgré les pressions de toutes parts, elle refuse de clôturer l’affaire. Car une questions la taraude sans cesse : pourquoi Samuel a-t-il tiré ?

Un excellent roman policier, sûrement un des meilleurs de lu jusqu’à présent cette année. C’est que l’auteur nous emmène dans un quartier populaire de Londres, dans un lycée où, apparemment, il n’y a pas de problème. Mais il suffit à Lucia de gratter un tout petit peu pour que le vernis s’écaille et que les langues se délient. Racisme, violences, persécutions de toutes sortes : tout n’est pas rose dans ce lycée qui, bientôt, se verra attribuer des fonds afin d’être l’un des plus en pointe du royaume. Et les enfants entre eux ne sont pas les seuls à être les victimes, mais les professeurs aussi. Notamment Samuel Szajkowski.

On s’attache aussi énormément à l’enquêteuse, Lucia, jeune femme en proie aux doutes et au malaise. Et c’est avec fascination et impatience que l’on suit cette enquête où les révélations, parfois sordides, font frémir. On frémit d’autant plus que ce que l’auteur décrit a déjà eu lieu dans des lycées (américains notamment). Mais toutes ces descriptions de brimades, sévices ou autres tortures morales, hélas, elles, ont bien lieu aussi chez nous et sont malheureusement légion.

Un récit percutant et qui fait mal parfois dans ses descriptions. A lire !

Ma note : 3,5/5
(Éditions Masque, 305 pages)

Sélection Elle - Août 2010

samedi 28 août 2010

Les derniers jours de Stefan Zweig - Laurent Selsik

Le 22 février 1942, Stefan Zweig, désespéré devant l’avancée des troupes nazies en Europe, se suicide et entraîne avec lui dans la mort sa jeune épouse Lotte. Tout autant que son œuvre, prolifique et grandiose, ce geste entre dans l’histoire de cet homme devenu l’un des plus grands écrivains autrichien du XXème siècle. Tentant de démêler le vrai du faux, Laurent Selsik nous délivre ici le récit des six derniers mois de Zweig et de sa femme, partis trouver refuge à Pétropolis en Brésil et dont l’attente et les espoirs sont sans fin.

Un roman intéressant dans ce sens où nous suivons sur six mois Stefan Zweig et sa jeune femme de trente ans de moins que lui, Lotte et qui l’a suivi dans ses multiples périples depuis sa fuite d’Autriche peu avant l’Anschluss. Ce fut à Londres – où l’écrivain rencontra Lotte – puis New York et enfin Ptroplis que l’écrivain juif posa ses valises de déraciné. Car comme de nombreux autres écrivains de sa génération, Zweig voit avec horreur le nazisme faire disparaître toute trace de la civilisation qu’il avait auparavant côtoyée. Et c’est avec nostalgie que cet homme de soixante ans se souvient des fastes d’antan, lorsqu’il se promenait dans les rues éclairées et animées du Vienne alors fastueux et plein d’éclats.

Nostalgique Zweig ? Pas seulement, car le caractère de cet homme a toujours été sujet à pessimisme ; il suffit pour cela de lire ses premières œuvres, où la mort et l’exil sont omniprésents. Mais le monde actuel est encore pire, et l’angoisse, la peur, l’horreur devant les exactions des Nazis entraînent Zweig dans le plus sombre des désespoirs. A quoi bon ? Tout n’est-il pas irrémédiablement perdu ? Pourquoi continuer alors à fuir, à lutter, à résister ? Le salut n’est il pas dans la mort ?

A la fois récit mélangeant réalité et fiction, Les derniers jours de Stefan Zweig nous entraîne sur les traces d’un homme ayant perdu foi dans le genre humain. Lâche Zweig ? Sûrement pas, car il en aura fallu du courage à ce grand écrivain pour oser ainsi défier le pouvoir nazi avec comme dernier message : ma mort m’appartient.

Ma note : 3/5
(Editions Flammarion, 188 pages)

Sélection Elle - Août 2010

vendredi 27 août 2010

Les disparues de Vancouver - Elise Fontenaille

Elles s’appelaient Sarah, Heather, Nancy, Wendy, Marcella, Dawn, Sheryl, Tiffany, Elaine… Toutes prostituées à Vancouver, dans le downtown eastside, elles ont disparu sans laisser de trace et sans que personne ne s’en inquiète.

Wayne, fou amoureux de Sarah, l’une d’elle, est un des rares à s’en émouvoir et à tenter de lever le voile sur ces disparitions, qui atteignent ce chiffre fou de soixante-neuf. A partir de témoignages, souvenirs et autres fragments de leurs vies dissolues, la romancière Elise Fontenaille tente d’éclaircir ce qui allait devenir l’un des pires faits-divers du Canada.

Plus qu’un rapport des faits, le récit d’Elise Fontenaille est un véritable hommage à toutes ses femmes qui, à Vancouver, sont traitées comme des moins que rien. C’est vif, bouleversant de par sa véracité, poignant et atroce par instants : l’auteur ne néglige rien tout en restant résolument neutre et à l’écart car, ce qu’elle cherche à mettre en pleine lumière ce sont elles, les victimes.

Pauvres filles, tombées très jeunes le plus souvent et par désespoir dans la prostitution la plus sordide, entremêlée de drogue et d’alcool. Sans oublier les clients parfois dingues voire brutaux et qui n’hésitent pas à se défouler sur elles. Beaucoup d’entre elles proviennent des réserves indiennes ou descendent de parents natifs qu’elles n’ont jamais connus, à l’instar de Sarah, qui ne s’est jamais sentie à sa place dans sa famille adoptive. Ici l’auteur n’hésite pas à pointer du doigt la politique longtemps en vigueur et qui consistait à arracher les enfants indiens de leurs familles afin de les placer dans des foyers blancs. Une politique aux conséquences désastreuses.

On sort de ce récit répugné, horrifié, scandalisé aussi par le laisser-faire de la ville. Elise Fontenaille aura réussi ici à donner une véritable dignité à toutes ses femmes victimes d’un monde où elles étaient exclues et qui ne les reconnaissaient pas.

En réalité les filles du downtown eastside ne demandaient pas grand-chose, seulement le droit de vivre. Peut-être était-ce trop demander ?

Note : 3,75/5
(Editions Grasset, 191 pages)

Sélection Elle - Août 2010

mardi 24 août 2010

Au détour des blogs... quelques challenges pour la rentrée

Voici un bref aperçu des différents nouveaux challenges en vogue pour la rentrée...

1) On en rêvait, Fashion et Chiffonette l'ont fait : Les célébrissimes Harlequinades sont de retour depuis juillet :


Allez voir les critiques d'Ofelia, c'est à se tordre de rire!

2) Vous avez (comme moi), raté complètement l'objectif PAL qu'avait lancé Antigone l'année dernière? Pas de souci, car là aussi, on remet ça! Avec cette fois-ci, plutôt qu'un objectif de faire descendre sa PAL de X livres, on s'engage à lire un livre de sa PAL par mois (je sais, je suis déja en retard pour le mois d'août).
J'en suis, of course.


3) Enfin, pour achever ce tour rapide et forcément incomplet des challenges littéraires qui tournent sur la toile (mais il y en a tellement aussi!), comment ne pas parler du challenge du 1% littéraire là encore relancé cette année par Schlabaya sur son blog. Un défi fort intéressant et que je suivrai avec intéret même si je n'y participerai pas (je ne lis, hélas, pas assez de nouveautés littéraires).



Enfin, n'oublions pas tous les autres challenges qui continuent leur route dans le monde merveilleux de la blogosphère littéraire comme Une année en Russie, le challenge Mythes et Légendes, le challenge Wilkie Collins, le challenge English Classics, le challenge Ich liebe Zweig, 100 ans de littérature américaine, le challenge A lire et à manger, ou encore In the mood for Japan... Bref, il y en a pour tous les goûts!

Il va sans dire que je vais moi aussi devoir sous peu faire un point sur mes différents challenges, mais autant dire que ce n'est pas brillant...

Si avec ça, vous ne trouvez pas votre bonheur!

dimanche 22 août 2010

La servante insoumise - Jane Harris

Quelle drôle de maîtresse, cette Arabella Reid! En tout cas Bessy, jeune servante embauchée à son service, ne se doutait pas de ce qui l'attendait en entrant à Castle Haivers. Excentrique, d'humeur changeante, Arabella exige de Bessy qu'elle consigne dans un journal tous ses faits et gestes de la journée ainsi que ses pensées les plus intimes. Et que penser de sa conduite extravagante, avec les drôles d'ordre qu'elle exige de Bessy, ses réveils en pleine nuit ou encore les mesures étranges qu'elle prend d'elle? Jusqu'à ce que Bessy tombe sur Les Observations...

Un excellent roman, même si pour les puristes, La servante insoumise ne pourrait être considéré comme un Grand roman de la littérature. Et bien, je ne suis pas d'accord car j'ai passé avec ce récit un rare bon moment de lecture en la compagnie de Bessy et de sa maîtresse. L'auteure distille un soupçon d'humour et de malice et saupoudre le tout d'une bonne dose de mystère qui fait que l'on ne peut lâcher le roman avant d'en avoir achevé la dernière ligne.

C'est qu'après avoir découvert les sombres secrets de sa maîtresse, Bessy cherchera à se venger. Mais cette vengeance se retournera bien vite contre elle et c'est avec horreur qu'elle s'apercevra que sa maîtresse sombre peu à peu dans une folie douce amère. Sans oublier que le passé refait toujours surface aux pires moments, qu'il s'agisse de celui d'Arabella ou de celui de Bessy, qui, en terme de secrets, en a aussi plusieurs, et des croustillants, croyez moi.

Du suspense, des personnages attachants, une intrigue ficelée mêlée à une satire de la société étriquée écossaise du milieu du XIXème siècle : tous les ingrédients sont réunis pour faire de La servante insoumise un excellent roman pour se divertir et que je recommande chaudement à tous.

Ma note : 4,5/5
(Éditions
Seuil, 475 pages)

16/26

samedi 21 août 2010

Le maître du Haut Château - Philip K Dick

L'uchronie est une évocation imaginaire dans le temps. En littérature, l'uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé. Lorsqu’elle est associée à des moyens techniques qui permettent de remonter dans le temps et donc de modifier le passé, l’uchronie est directement associée au genre de la science-fiction. L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles.(sources : Wikipedia)

Et si en 1947, les Alliés avaient perdu la guerre au profit des forces de l'Axe (Japon et Allemagne nazie)? Dans l'imaginaire de Philip K. Dick, le monde, notre monde an aurait été bouleversé d'une manière irrémédiable. Ainsi, les Etats-Unis sont coupés en deux, la côte ouest appartenant aux Japonais, la côte est à l'Allemagne avec une zone centrale "officiellement" libre. Le Japon, grand vainqueur en Asie, occupe l'Australie. Les forces allemandes ont renvoyés en Asie les peuples slaves. Tous les juifs dans les pays conquis par l'Allemagne ont été exterminés et les fours crématoires continuent à bruler. La Méditerranée a été asséchée pour être une immense zone cultivable et l'Afrique a été transformée en une zone d'épuration ethnique à grande masse...

Dans ce monde où la pensée japonaise contrôle tout, où la culture américaine d'avant le conflit est devenue objets d'art pour collectionneurs japonais fortunés, un livre, La sauterelle pèse lourd, circule en cachette dans tous les Etats-Unis. Interdit en Allemagne, ce récit est une uchronie, dans le sens où l'auteur, un certain Abendsen, invente un monde où les Alliés ont gagné la guerre en 1945...

Uchronie dans l'uchronie... Ce récit a ceci d'intéressant qu'il nous décrit un monde, notre monde, tel qu'il aurait pu être si les forces de l'Axe avaient remporté la seconde guerre mondiale. L'auteur s'intéresse particulièrement à l'Ouest des Etats-Unis, où l'usage du Yu-King, un livre ancien prédisant des oracles, a été diffusé dans tous les foyers américains. La pensée japonaise réglemente tout; plus étonnant, cette pensée commence à devenir celle des Américains conquis qui doivent se plier au bon vouloir de l'occupant.

L'histoire est bien ficelée dans le sens où nous suivons un petit groupe de personnages qui tous gravitent autour de ce même mystère qu'est La sauterelle pèse lourd. Qui est Abendsen, ce soit-disant "Maître du Haut-Château"? Et ce roman, que raconte t-il vraiment? Et alors que les tensions entre les deux forces mondiales s'exaspèrent de plus en plus, que la mort du plus haut dignitaire nazi jette le trouble dans les relations diplomatiques, une menace pèse sur le maître du Haut-Château...

Un roman énigmatique, notamment à travers son dénouement où le lecteur se rend compte que ce qu'il croyait comme acquis ne l'est pas. Autant dire que la fin de l'histoire m'a perturbée et longuement questionnée. Qu'est ce qui est vrai dans cette histoire et qu'est ce qui est faux? De même, si Le maître du Haut Château nous décrit un monde où les forces de l'Axe ont perdu, ce nouveau monde qu'il décrit n'est pas celui tel qu'il a été réellement à la fin de la guerre. Uchronie dans l'uchronie donc, et il y a de quoi se perdre voire être perturbé par ce récit où on ne sait plus trop où s'arrête la réalité et où commence la fiction. Notre monde réel l'est il en réalité?

Un récit de science-fiction original et qui remet en question le lecteur. Seul regret : que l'auteur n'ait pas assez décrit ce nouveau monde; on aurait aimé en savoir encore plus.

Ma note : 3,5/5
(Éditions J'ai Lu, 318 pages)

15/26

mercredi 18 août 2010

Auprès de moi toujours - Kazuo Ishiguro

Kath, Ruth et Tommy ont ceci de commun qu'ils ont tous été élèves de Hailsham, une pension anglaise au milieu de nulle part. Aujourd'hui, Kath se souvient de ces jours idylliques même si au fond d'elle même, certains secrets et mystères qu'elle et les autres ont suspectés, refont surface et la force désormais à se questionner. Quel était, en réalité, le but d'Hailsham? Qui était cette mystérieuse "Madame"? Qui sont-ils, tous, réellement?

Au fil des pages, le malaise ambiant ressenti dès le début grandit démesurément, pour, peu à peu, déranger le lecteur qui se sent bien intrigué par cette pension perdue dans la campagne anglaise. Non dits, silences, interrogations : l'oppression devient manifeste et on n'ose pas deviner ce que Ishiguro, au fur et à mesure, nous fait comprendre. Ce sentiment d'impuissance et d'injustice devient d'autant plus manifeste dans les dernières pages lorsque la réalité se fait jour...

Critique du monde moderne et des ravages (non voulus?) de la science, ce récit, fort bien construit, nous interroge, nous questionne sur notre monde et son devenir. Cette société qu'Ishiguro décrit, n'est ce pas la nôtre en train de la devenir? Comment ne pas être émus par les destinées de ces trois personnages, destinées irrémédiables? Il est d'ailleurs étonnant voire dérangeant de se rendre compte de l'absence de révolte des protagonistes. Tout au plus s'accrochent ils à une chimère, qui, lorsqu'elle s'avèrera sans fondement, ne les forcera pas à refuser leur destin mais plutôt, les convaincra de sa nécessité.

Une histoire très bien écrite et qui fait froid dans le dos : qui sait, si bientôt, des êtres comme Kath, Ruth et Tommy n'existeront pas réellement? Un récit qui fait réfléchir et auquel, pour ma part, je n'ai pas été insensible. A lire!

Ma note : 5/5
(Éditions Les 2 terres, 448 pages)

14/26

mardi 17 août 2010

Le dernier rêve de la colombe diamant - Adrian Hyland

Australie, de nos jours.

Emily Tempest revient sur les lieux de son enfance, dans le camp aborigène de Moonlights Downs qu'elle avait été obligé de quitter bien des années auparavant. Pauvres, démunis de tout, les membres de la communauté aborigène vivent cependant suivant des coutumes ancestrales et où la magie prédomine. Mais voilà que peu de jours après, Lincoln, le leader de la communauté, est retrouvé assassiné à la lisière du campement. Emily décide alors de tout faire pour trouver le coupable.

Un premier roman intéressant qui nous emmène au sein de la culture aborigène avec ses rites et usages mais aussi et surtout ses problèmes et difficultés actuels - drogue, alcool, pauvreté et racisme en provenance de la société blanche dont les riches propriétaires terriens détiennent tout le pouvoir et l'argent. L'auteur décrit particulièrement bien la nature et les lieux de vie aussi bien des aborigènes que des hommes blancs trimant dans les mines ou autres exploitations agricoles alentour.

On sent la crasse, la chaleur; on devine presque l'odeur voire la puanteur des environs à l'instar de la description sans concession ni détour de Bluebush, la seule grande ville alentour où s'échouent, comme Emily, tous ceux qui ne savent où aller. Pas de clichés ni d'idées toutes faites; nous sommes bien loin de l'Australie des cartes postales avec sa nature et ses paysages propres où les aborigènes, heureux de leur sort, vivent dans le bonheur et le contentement. Non, et c'est là tout le mérite de l'auteur, c'est de l'Australie dans aussi bien toute sa splendeur (car, pas à dire, les étendues où courent Emily et Hazel sont magnifiques) que sa saleté et son horreur que le lecteur prend connaissance ici.

Un seul bémol : l'histoire policière a peut-être été un peu "bâclé" par instant - certains passages trainant en longueur. Mais pour un premier essai, celui-ci est néanmoins réussi!

Ma note : 3,5/5
(Éditions 10-18, 410 pages)

Un grand merci à Doriane pour ce prêt!

lundi 16 août 2010

Les dames de Saint-Pétersbourg - Nina Berberova

En pleine révolution russe, Barbara Ivanovna et sa fille Marguerite fuient Saint-Pétersbourg pour se réfugier dans un petit village au sein de la pension de famille du Docteur Byrdine. Mais dès la première nuit, Barbara meurt brusquement, laissant orpheline sa fille. Pour Marguerite, le choc est d'autant plus terrible qu'elle se retrouve seule et abandonnée auprès de gens qu'elle ne connaît pas et dont elle ne ressent aucune affinité. Oui mais voilà, les temps sont rudes et difficiles, et il faut enterrer au plus vite la défunte...

Encore une fois, la plume de Nina Berberova est une pure merveille et c'est avec ravissement que le lecteur se laisse emporter dans le tourbillon des phrases décrivant la société russe d'avant la Révolution. C'est bien écrit donc; et c'est avec plaisir que j'ai ainsi pu retrouver ce style que j'avais tant apprécié dans L'accompagnatrice. Mais...

Mais l'histoire, hélas, ne m'a pas convaincue. Oserai-je même le dire, je me suis ennuyée en lisant cette nouvelle, qui heureusement, ne fait que 77 pages car vraiment, je ne vois vraiment pas l'intérêt de cette histoire. Certes, le désespoir et le chagrin de Marguerite sont touchants; de même, Nina Berberova critique avec une férocité froide la société bourgeoise provinciale de cette petite ville perdue au fin fond de la campagne russe. Il suffit ainsi de comprendre que pour les autres pensionnaires du Dr Byrdine, la mort de Barbara Ivanovna est plus un ennui qu'une peine. Quant au reste de la population, hostile aux habitants de la pension, le vent qui tourne à Saint-Pétersbourg commence à arriver déjà ici et pour les paysans pauvres, l'heure de la revanche semble proche...

L'épisode de l'enterrement est particulièrement poignant puisque c'est dans une misère, une hâte et sous un ciel pesant et menaçant que l'on ensevelit Mme Ivanovna. Tous les éléments semblent contre la pauvre Marguerite, à l'instar de ce ciel de plomb qui brusquement se transforme en orage violent. L'avenir de Marguerite parait bien sombre; elle-même le perçoit: ne lui reste t-il donc plus que le mariage?

En réalité, c'est la fin qui m'a déçue. La chute - si on peut l'appeler ainsi - m'a paru bien fade et insipide. Une fois arrivé aux dernières lignes, on ne peut s'empêcher de se dire : "Comment c'est fini? Ainsi?". Quelle déception!

En bref, une lecture à oublier; heureusement que Nina Berberova a écrit de nombreuses nouvelles car je pense en lire d'autres à l'avenir et qui sait, peut-être changerai-je d'avis sur cet auteur.

Ma note: 2/5
(Éditions Actes Sud, 77 pages)

dimanche 1 août 2010

Vacances!


A mon tour de partir en vacances à partir de demain!

J'ai fait le plein de lectures (dont la première cuvée de romans pour le grand prix littéraire Elle).

Je vous raconte tout cela à mon retour...

A bientôt!