samedi 28 août 2010

Les derniers jours de Stefan Zweig - Laurent Selsik

Le 22 février 1942, Stefan Zweig, désespéré devant l’avancée des troupes nazies en Europe, se suicide et entraîne avec lui dans la mort sa jeune épouse Lotte. Tout autant que son œuvre, prolifique et grandiose, ce geste entre dans l’histoire de cet homme devenu l’un des plus grands écrivains autrichien du XXème siècle. Tentant de démêler le vrai du faux, Laurent Selsik nous délivre ici le récit des six derniers mois de Zweig et de sa femme, partis trouver refuge à Pétropolis en Brésil et dont l’attente et les espoirs sont sans fin.

Un roman intéressant dans ce sens où nous suivons sur six mois Stefan Zweig et sa jeune femme de trente ans de moins que lui, Lotte et qui l’a suivi dans ses multiples périples depuis sa fuite d’Autriche peu avant l’Anschluss. Ce fut à Londres – où l’écrivain rencontra Lotte – puis New York et enfin Ptroplis que l’écrivain juif posa ses valises de déraciné. Car comme de nombreux autres écrivains de sa génération, Zweig voit avec horreur le nazisme faire disparaître toute trace de la civilisation qu’il avait auparavant côtoyée. Et c’est avec nostalgie que cet homme de soixante ans se souvient des fastes d’antan, lorsqu’il se promenait dans les rues éclairées et animées du Vienne alors fastueux et plein d’éclats.

Nostalgique Zweig ? Pas seulement, car le caractère de cet homme a toujours été sujet à pessimisme ; il suffit pour cela de lire ses premières œuvres, où la mort et l’exil sont omniprésents. Mais le monde actuel est encore pire, et l’angoisse, la peur, l’horreur devant les exactions des Nazis entraînent Zweig dans le plus sombre des désespoirs. A quoi bon ? Tout n’est-il pas irrémédiablement perdu ? Pourquoi continuer alors à fuir, à lutter, à résister ? Le salut n’est il pas dans la mort ?

A la fois récit mélangeant réalité et fiction, Les derniers jours de Stefan Zweig nous entraîne sur les traces d’un homme ayant perdu foi dans le genre humain. Lâche Zweig ? Sûrement pas, car il en aura fallu du courage à ce grand écrivain pour oser ainsi défier le pouvoir nazi avec comme dernier message : ma mort m’appartient.

Ma note : 3/5
(Editions Flammarion, 188 pages)

Sélection Elle - Août 2010

1 commentaire:

  1. J'ai trouvé le destin de Lotte vraiment affreux... J'étais désespérée avec elle à la fin (je ne spoile pas), je voulais même la sauver !
    Mais bon... je trouve que Stefan aurait dû être honnête avec elle.
    Autrement, j'ai beaucoup aimé ce livre (bien meilleur que les deux autres de la sélection de septembre) et ai mieux compris le contexte de certaines nouvelles de Zweig que j'avais déjà lues.

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