
Un roman étrange où assurément le néant, le vide de l'existence en est le thème principal. Quelle tristesse infinie se dégage de ce roman! Aucun espoir, aucun avenir ne se dégage des personnages, en particulier Abigail Buwell ou Robert Cutter qui se rendent compte que leur existence, leur raison de vivre est loin derrière eux et que le futur, avec leur retour à la civilisation, ne peut rien leur apporter, à part l'oubli et le regret. Par bribes, le lecteur découvrira la vie d'Abigail Buwell qui ne sera véritablement elle même qu'au milieu des Indiens et non parmi les hommes qu'elle a pu côtoyer depuis son enfance faite de maltraitance et de privations. Quant au major, la perte irrémédiable de son frère lors de la guerre de Sécession, son fils fou et les morts de ses autres enfants, ont définitivement ébranlé la confiance et le respect envers ses congénères.
Mélanie Wallace nous décrit avec force l'Ouest sauvage américain comme rarement il nous est donné de le voir. Je pense sérieusement que son interprétation est effectivement plus proche que tous les films de western ou autres récits fleur bleue de cette période charnière de l'histoire américaine où "un bon indien est un indien mort". Peu de gloire ou de triomphe dans les expéditions des soldats américains dans les prairies où l'on déloge sans pitié les Indiens. Et même si ceux-ci ne sont pas tendres - Mélanie Wallace n'hésite pas en effet à décrire leurs tortures ou autres expéditions teintées de cruauté - on ne peut s'empêcher de se demander qui sont réellement les Sauvages dont le titre du récit fait en définitive mention...
Un roman dur et âpre avec une fin où la mélancolie et la tristesse transparaient violemment. Je suis ressortie de ce roman certes ébranlée mais aussi dérangée : le peu d'espoir de l'auteur envers le genre humain m'a, je l'avoue, complètement démoralisée!
Ma note : 3,25/5
(Éditions Grasset, 241 pages)
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