mardi 10 mai 2011

Noces bourgeoises - Roger Béteille

A peine sortie de l'adolescence, Pauline Labarthe épouse son beau-frère veuf suivant en cela la volonté inflexible de son père, le riche homme d'affaire Henri Labarthe qui a fait fortune dans le négoce de tissus. Malheureusement, peu de choses rapprochent Pauline et son mari Charles qui fait presque le double de son âge à part les enfants qu'il avait eus avec Agathe, la sœur ainée de Pauline. Malgré tout, de ce mariage resté vierge, va éclore entre ces deux êtres une tendresse et une grande confiance, accrue par la tenue quotidienne du magasin L'incomparable, fierté des Labarthe à Espalion. La crise des années trente et plus encore la guerre ne vont-elles pas faire vaciller ce fragile équilibre?

D'une plume douce et avec une simplicité étonnante, Roger Béteille nous reconstitue le quotidien fascinant d'une petite ville des abords de Rodez de l'entre deux guerre et plus encore, d'une famille bourgeoise pour qui la seule chose qui compte est la cohésion familiale, coûte que coûte. Rien ne pourra faire fléchir Henri Labarthe qui est prêt à tout pour sauvegarder la dynastie et les affaires de la communauté. Même si cela doit passer par un mariage de raison entre sa fille Pauline et son gendre veuf.

Personnage effacée pendant presque les deux tiers du roman, Pauline ne se marie ni par amour ni de force. Car c'est réellement de la tendresse et de la compassion qu'elle éprouve pour Charles. Cependant, toujours Pauline se refusera à cet homme qui l'aime d'un amour absolu et tendre. Et malgré les relations difficiles qu'elle éprouve avec Agathe la fille ainée de Charles, Pauline, finalement, y trouvera son compte. Mais la guerre et ses bouleversements vont tout chambouler dans ce bel ordre fragile.

Je ne pourrai comparer Noces bourgeoises à un portrait de femme car en réalité, c'est plus d'une famille en son ensemble qu'il s'agit que d'un être en particulier. Roger Béteille réussit notamment à décrire les bouleversements économiques de cette France encore très rurale et pas encore rattrapée par la modernité. La transformation de l'Incomparable en grand magasin parisien, le développement des premiers camions de vente directe, les techniques de vente d'Hugues de Roffiac... sont autant de nouvelles techniques commerciales qui assurent le succès aux Labarthe mais aussi de nombreuses jalousies...

Un récit subtil même si je regretterai que les passages sur l'Occupation n'aient pas été plus développés. Néanmoins, Noces bourgeoises n'en demeure pas moins un roman d'une grande justesse avec des personnages particulièrement bien campés.

Ma note : 3,25/5
(Éditions Du Rouergue, 335 pages)

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas vraiment ce qui m'attire dans ce livre, mais j'ai bien envie de le découvrir :)

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