Antony, bâtard sans naissance, retrouve après trois ans Adèle, la femme qu'il a toujours aimée mais ne pouvait épouser. Bien que mariée et mère de famille, la sage Adèle tente de résister aux assauts et ardeurs d'Antony qui la poursuit de ses assiduités jusque dans une auberge. Se sentant déshonorée et perdue aux yeux de son mari et du monde, Adèle supplie son amant de la tuer.
Ah quelle belle pièce de théâtre romantique! Écrite et jouée pour la première fois en 1831, Antony est le premier grand succès d'Alexandre Dumas et c'est une foule en délire qui accueille la première à la Porte Saint-Martin le 3 mai 1831. Les spectatrices s'évanouissent, crient pleurent et déchirent leurs mouchoirs en dentelles, rêvant qu'un bel Antony tombe en pâmoison devant elles. Les hommes, quant à eux, souhaitent être cet Antony viril et ténébreux. Alexandre Dumas, lui, accède à la notoriété parisienne. Il a alors à peine 29 ans.
« Antony n’est point un drame, Antony n’est point une tragédie, Antony n’est point une pièce de théâtre, Antony est une scène d’amour, de jalousie, de colère, en cinq actes. » Ainsi Dumas qualifiait-il cette création autobiographique. En effet, Dumas est alors follement amoureux de Mélanie Waldor, romancière et poète, depuis quatre ans. Avec Antony, Dumas cède au courant littéraire de l'époque, le romantisme, qu'Hernani, la pièce de Victor Hugo, a mis au goût du jour un an auparavant. Antony n'échappe à la règle, la pièce fait immédiatement scandale. Il faut dire que Dumas parle d'adultère de manière favorable...
Antony est une pièce vive, à la fois dramatique, romantique mais non dépeinte d'humour par instants comme dans l'acte IV, lors de la réception chez la vicomtesse de Lacy. Dumas pointe ici le drame d'être un sans nom, ce qui empêche Antony d'épouser celle qu'il aime. Pourtant Antony ne se lamente pas de son absence de nom, tout au plus s'en énerve t-il car cela le prive d'Adèle définitivement. Les retrouvailles entre les deux amants sont hésitantes, empreintes de regrets, de doutes et de peur. Même si Adèle n'a jamais oublié son Antony et l'aime toujours, la voici désormais épouse et mère ce qui l'oblige à un certain maintien dans la société. Si Adèle cède aux assauts de son amant, (et cela de manière fortuite), le public peut-il la considérer comme toutes ces femmes qui gravitent autour d'elle et collectionnent les admirateurs? Et pourtant, pauvre Adèle qui subit les remarques et subtiles allusions de la société qui la condamne, elle femme pourtant ô combien vertueuse et méritante! Et malgré les tentatives d'Antony de réparer sa faute, ses efforts pour s'enfuir avec Adèle, la fin est inéluctable, et Adèle ne peut que mourir des mains même de son amant.
Évidemment, de nos jours, on ne pleurerait plus, ne taperait plus du pied à la lecture de cette pièce. Et pourtant Antony possède ce charme doux amère d'une époque révolue, qui avait ce "quelque chose de maladif et de bâtard" qui permettait à la jeunesse de 1830 de s'enflammer pour une passion ravageuse.
Ma note : 3,5/5
(Folio théâtre, 190 pages)
Cette pièce m'a l'air très bonne ! (j'ai mis le billet récapitulatif à jour :) )
RépondreSupprimerLa citation au début du billet fait froid dans le dos... Brrr!
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