samedi 4 septembre 2010

Le grand cahier - Agota Kristof

Voici, assurément un de ces romans que l'on n'oublie pas une fois la dernière ligne lue.

Autant dire que je suis restée sans voix après avoir lu ce récit d'une traite (en une soirée, rendez vous compte, cela ne m'était pas arrivé depuis des années!). C'est que l'histoire est prenante et cela, dès les premières phrases. Ce sont les enfants, les deux jumeaux, qui se racontent, à travers ce "grand cahier" où tous deux racontent leur quotidien dans cette petite ville, où leur mère, pour les protéger, les a emmenés et confiés à leur grand-mère. Terrible grand-mère, femme avare, égoïste et rude et qui, dès le départ, dépouille ses petits enfants, les oblige à travailler pour avoir à manger, les fait coucher dans la cuisine sur les bancs.

Mais les enfants, au lieu de sombrer dans le désespoir réagissent et s'endurcissent. Ensemble, ils font des exercices où ils s'entrainent à résister à la faim, aux insultes, à refouler leurs sentiments. Et puis, il y a ce grand cahier où ils s'exercent à raconter leur quotidien, pour ne pas perdre l'instruction qu'ils ont pu avoir auparavant dans la grande ville, dans cette autre vie qui parait si loin.

C'est la prose, le style utilisé par Agota Kristof qui fait toute la force et toute l'originalité du récit. C'est que de par sa phraséologie, nous sommes immédiatement projetés dans le récit, dans le quotidien atroce et terrible de ces enfants. Car ne nous y trompons pas : Le grand cahier n'est pas un roman à mettre dans toutes les mains; il suffit pour cela de continuer dans le récit, de tomber nez à nez sur des scènes particulièrement crues et malsaines (et je n'exagère pas). Ajoutez à cela un vocabulaire qui devient de plus en plus dur et libre dans ses propos et vous comprendrez que l'on se demande réellement jusqu'où le récit va aller...

Et pourtant j'ai adoré cette histoire et je suis absolument convaincue que Le grand cahier est un excellent livre sur la guerre bien sûr mais aussi sur les conséquences de celle-ci sur l'apprentissage de la vie qu'en font les deux enfants. La logique des jumeaux est pleine de justice et de respect. Tous deux dénoncent l'injustice et la pauvreté de ces temps de guerre. Et même si leurs moyens sont discutables (chantage, vengeance...), en réalité, ces deux enfants, et bien, on arrive presque à les comprendre et à justifier leurs actes.

C'est donc un livre très cru voire malsain mais aussi tellement prenant et surprenant que l'on se surprend à continuer à tourner les pages bien que les situations décrites sont de plus en plus difficiles. Et la seule chose que l’on a envie de faire à la fin du livre, c’est de se jeter sur les deux livres suivants pour savoir la suite...

Ma note : 4/5
(Éditions Seuil, 190 pages)

1 commentaire:

  1. là tu m'intrigues et ce roman m"'intéresse bien . Je vais le noter tout de suite !

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