vendredi 27 novembre 2009

Challenge ABC 2010

Un des défis les plus célèbres sur la blogosphère littéraire est le challenge ABC.

Pour ceux qui ne connaissent pas, ce défi consiste pour chaque participant à établir une liste de 26 romans dont les noms des auteurs commencent chacun par une lettre de l'alphabet différente. Évidemment, on peut corser la chose et faire une liste avec un thème précis (le roman historique, les polars, que des auteurs féminins...) mais déjà, réussir à lire tous les romans est un exploit!

J'avais participé à l'édition 2007 (3 ans, déjà!) et ai voulu retenter l'expérience de 2010. J'avais alors réussi à lire l'ensemble des titres de ma liste (avec certes quelques jours de retard), nous allons donc voir si je suis capable de la même chose en 2010!

Pas de thème particulier dans ma liste, si ce n'est que j'ai beaucoup pioché dans ma PAL et que j'ai aussi choisi des romans disponibles à la bibliothèque (en 2007, j'avais galéré pour trouver certains livres). Quelques hésitations encore pour quelques lettres; mais voici ma liste (que je me réserve le droit de changer, si besoin et si l'envie se fait sentir!) :

A - Austen Jane : Raisons et sentiments
B - Bissondath Neil : Tous ces mondes en elle
C - Cuneo Anne : Le trajet d'une rivière
D - Dick Philip K : Le maître du haut château
E - Erdrich Louise : La chorale des maîtres bouchers
F - Fowles John : L'obsédé
G - Godberson Anna : Rebelles
H - Harris Jane : La servante insoumise
I - Ishiguro Kazuo : Auprès de moi toujours
J - James Henry : Washington Square
K - Kazan Elia : L'arrangement
L - Lampedusa Tomasi di : Le guépard
M - McEwan Ian : Expiation
N - Niffeneger Audrey : Le temps n'est rien
O - O'Faolain Nuala : L'histoire de Chicago May
P - Parrot Jean-François : L'énigme des Blancs-Manteaux
Q - Quignard Pascal : Villa Amalia
R - Russo Richard : Le déclin de l'empire Whiting
S
- Shaffer Mary Ann : Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates
T - Teulé Jean : Mangez le si vous voulez
U - Uhlman Fred : Sous la lune et les étoiles
V - Vargas Fred : Debout les morts
W - Wallace Mélanie : Sauvages
X - Xinran : Chinoises
Y - Yourcenar Marguerite : L'œuvre au noir
Z : Zusak Markus : La voleuse de livres


Vais je y arriver? Verdict le 31 décembre 2010!

mercredi 25 novembre 2009

Le palanquin des larmes - Chow Ching Lie

"Je suis née dans un pays féodal, je me suis mariée l'année où la
Chine s'apprêtait à franchir d'un seul coup plusieurs siècles."


Chow Ching Lie a treize ans quand sa famille la contraint à épouser le fils ainé d'une des plus riches familles de Shanghai. Pour cette jeune fille ne connaissant rien au mariage et encore moins à l'amour, le choc est rude, d'autant plus qu'elle a vécu une enfance douce et heureuse et qu'elle se voyait entrer un jour au conservatoire et devenir pianiste. Mais ses parents, et notamment sa mère, en ont décidé autrement : de par sa merveilleuse beauté, Chow Ching Lie pourrait être courtisée par n'importe qui et il n'est pas question qu'elle connaisse à son tour les affres de la pauvreté. Alors Chow Ching Lie se rend et accepte de monter dans le palanquin du mariage...

Nous sommes en 1950 et une jeune fille d'à peine treize ans se voit devoir épouser un homme qu'elle ne connait pas et de dix ans son ainé. Dans la Chine de la moitié du XXème siècle, la chose est encore banale et courante et il faudra attendre l'avènement de Mao quelques mois plus tard (trop tard pour Chow Ching Lie comme elle même le reconnaitra amèrement) pour que les choses changent et que les mariages arrangés pour ne pas dire imposés soient interdits.

A travers le récit de sa jeunesse, Chow Ching Lie dépeint la Chine qu'elle a vue et où elle a vécu avec sa famille. Le palanquin des larmes peut ainsi se scinder en trois parties toutes intéressantes et qui montrent bien les métamorphoses rapides de l'Empire du milieu. Tout d'abord, nous suivons l'héroïne durant son enfance à Shanghai dans une Chine alors envahie par les Japonais. La seconde guerre mondiale fait rage et les Chinois ne seront guère épargnés : le conflit fera près de 5 millions de morts... Pour la population chinoise, la vie est dure. L'auteur là encore nous en donne un brillant exemple quand elle nous raconte les risques pris par son père pour les tirer de la pauvreté. La fin du conflit n'amène cependant ni la paix ni la prospérité tant espérées. Il est alors étonnant d'imaginer le Shanghai des années 40, un mélange de Chicago avec ses gangs, ses buicks dans les rues, ses dancings et autres lieux de débauches qui fleurissent dans toute la ville, et notamment dans les concessions étrangères, quartiers chics et réputés où les Chow réussiront à trouver finalement un logement. Mais la vie chinoise d'alors, malgré cette modernité apparente, reste cependant terriblement ancrée dans les traditions. Le décalage est immense entre les coutumes strictes et sévères et les timides aspirations de liberté ici ou là. Les femmes, notamment, se doivent de rester irréprochables, de devoir obéissance et respect tour à tour à leur père, puis leur mari et enfin leur fils. L'exemple le plus criant est celui de la mère de Chow Ching Lie, qui, après son mariage, devient le véritable esclave de sa belle-mère.

Cependant, que l'on ne s'y trompe pas : si de telles pratiques étaient faites, personne, en son for intérieur n'y trouvait quoi à y redire ou y voyait du mal. Ainsi l'exemple du mariage "arrangé" de Chow Ching Lie: pour sa famille et notamment ses grands-parents, il est sur et certain que grâce à cela, elle sera à l'abri définitif du besoin et de la pauvreté. Quand on lit les misères et malheurs qu'ont subi ses parents et grands-parents, on peut comprendre aisément le point de vue qui a motivé leurs décisions.

La deuxième partie du roman nous emmène donc dans la nouvelle vie d'une Chow Ching Lie jeune épouse. Les descriptions des fastes du mariage valent à elles seules le détour et permettent d'avoir une vision détaillée de multiples coutumes chinoises, de la préparation du trousseau à l'arrivée de la mariée dans sa nouvelle demeure (en l'occurrence celle de ses beaux-parents) en passant par le banquet. Si son mari l'aime passionnément, ce n'est guère le cas de sa nouvelle famille, à commencer par ses belles-sœurs ou encore sa belle-mère. L'arrivée d'un fils puis d'une fille changeront peu de choses à cet état de fait, il faudra que les évènements intérieurs se déchainent pour que commence à s'effriter une configuration familiale vieille de plusieurs siècles.

Car Mao est monté au pouvoir et avec lui, c'est l'instauration du communisme. Chose étonnante : l'entourage de Chow Ching Lie accueille plutôt bien cette nouvelle, voire, comme son frère, certains y prennent part. C'est que comme l'explique là encore l'auteur, le maoïsme a eu ceci de bon que de multiples pratiques moyenâgeuses sont enfin abolies comme la prostitution, le mariage forcé ou l'asservissement des bonzes et que les Chinois, après avoir été asservis par les puissances étrangères, ont pu reprendre en main leur pays. S'en suivent ensuite le Grand Bond en avant, la période dite "des cent fleurs" puis une terrible famine qui frappe cruellement Chow Ching Lie et les siens.

La dernière partie du roman, peut-être la moins intéressante à mes yeux, se déroule à Hong Kong où Chow Ching Lie devra traverser encore bien des tourments avant de pouvoir enfin s'envoler vers la France où une carrière de pianiste, l'espère t-elle, l'attend.

Le ton employé par Chow Ching Lie durant tout le récit est un ton simple et mesuré où nul ressentiment ni regret ne transparait. Au contraire, c'est un immense amour pour son pays, la Chine, qui est ici décrit et l'auteur nous retranscrit le plus fidèlement possible les soubresauts subis par la Chine et ses habitants. Certes, Chow Ching Lie ne nous montre que ce que elle, elle a vécu (les erreurs ou les victimes du communisme ne sont pas évoquées) mais là encore, ce sont tour à tour avec des yeux d'enfants, puis de jeune épouse puis enfin, de femme libre, que nous suivons cette jeune femme admirable qui, tout en respectant les traditions, s'est également élevée à la modernité.

Lire Le palanquin des larmes en définitive c'est partir pour un long voyage passionnant, de la Chine féodale de l'impératrice Tseu Hi au régime maoïste, en passant par la guerre sino japonaise ou encore l'avènement du communisme. C'est également l'immersion dans une famille chinoise et encore plus dans ses traditions, modes de vie et pensées. Sans oublier aussi et surtout l'histoire d'une jeune fille à qui un jour on avait prédit qu'elle prendrait en main le rênes de sa vie grâce à une "chose qui contient beaucoup de métal" : le piano.

Ma note : 5/5

Éditions
J'ai lu, 380 pages

mardi 24 novembre 2009

Les cent livres préférés des Français


Voici ci-dessous la liste des cent livres préférés des Français. Le but du jeu ici consiste à indiquer ceux que l'on a lus. En ce qui me concerne, j'ai donc déjà lu (en rouge) :

1 La Bible (des extraits seulement)
2 Les Misérables de Victor Hugo (pas encore mais je le prévois pour 2010)
3 Le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry (lu il y a longtemps mais pas de grands souvenirs)
4 Germinal d'Emile Zola (un excellent roman!)
5 Le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien
6 Le rouge et le noir de Stendhal
7 Le grand Meaulnes d'Alain-Fournier (lu cette année, un coup de coeur)
8 Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne (mon père, grand fan de Jules Verne, m'avait "obligée" petite à lire Jules Verne. Je ne plus lire cet auteur depuis!)
9 Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody
10 Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas (beaucoup aime, il faudrait que je le relise)
11 La gloire de mon père de Marcel Pagnol (beaucoup aimé le film)
12 Le journal d'Anne Frank d'Anne Frank (lu plusieurs fois et toujours poignant!)
13 La bicyclette bleue de Régine Deforges (pas mal mais je me suis arrêtée aux 3 premiers tomes)
14 La nuit des temps de René Barjavel
15 Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen Mc Cullough (abandon!)
16 Dix petits nègres d'Agatha Christie (un grand classique!)
17 Sans famille d'Hector Malot (lu au collège, plus aucun souvenir!)
18 Les albums de Tintin de Hergé (vous l'avourais-je? Je déteste Tintin et pourtant je les ai tous lus!)
19 Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell (Grandiose! Et Vivien Leigh est si belle!)
20 L'assommoir d'Emile Zola (lu aussi mais pas mon préféré de Zola)
21 Jane Eyre de Charlotte Brontë (lu deux fois et à chaque fois, quel ravissement!)
22 Dictionnaires Petit Robert, Larousse, etc (forcément!)
23 Au nom de tous les miens de Martin Gray
24 Le comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas (Dumas en pleine forme!)
25 La cité de la joie de Dominique Lapierre
26 Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley (une claque en le lisant)
27 La peste d'Albert Camus
28 Dune de Frank Herbert
29 L'herbe bleue Anonyme
30 L'étranger d'Albert Camus (seul roman de Camus lu. Il faudrait que j'en lise d'autres)
31 L'écume des jours de Boris Vian (pas du tout aimé)
32 Paroles de Jacques Prévert
33 L'alchimiste de Paulo Coelho (une belle découverte)
34 Les fables de Jean de La Fontaine (combien ai je du en apprendre par coeur à l'école!)
35 Le parfum de Patrick Süskind (très réussi. Un auteur à relire)
36 Les fleurs du mal de Charles Baudelaire
37 Vipère au poing d'Hervé Bazin
38 Belle du seigneur d'Albert Cohen
39 Le lion de Joseph Kessel (lu il y a longtemps mais pas un souvenir impérissable)
40 Huis clos de Jean-Paul Sartre
41 Candide de Voltaire
42 Antigone de Jean Anouilh
43 Les lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet
44 Premier de cordée de Roger Frison-Roche
45 Si c'est un homme de Primo Levi
46 Les malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur (j'étais une grande fan de Mme de Ségur petite. J'ai du pratiquement tout lire d'elle)
47 Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne
48 Les fourmis de Bernard Werber
49 La condition humaine d'André Malraux
50 Les Rougon-Macquart d'Emile Zola (la série? pas tout lu loin de là!)
51 Les rois maudits de Maurice Druon
52 Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand (un grand classique du théatre)
53 Les hauts de Hurlevent d'Emily Brontë (aaah Heathcliff! Quel homme!)
54 Madame Bovary de Gustave Flaubert (abandon à la 1ere tentative, révélation à la 2nd!)
55 Les raisins de la colère de John Steinbeck (SUPERBE!)
56 Le château de ma mère de Marcel Pagnol
57 Voyage au centre de la Terre de Jules Verne
58 La mère de Pearl Buck
59 Le pull-over rouge de Gilles Perrault
60 Mémoires de guerre de Charles de Gaulle
61 Des grives aux loups de Claude Michelet
62 Le fléau de Stephen King
63 Nana d'Emile Zola
64 Les petites filles modèles de la comtesse de Ségur
65 Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway
66 Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez (lu il y a quelques années, j'en garde un très bon souvenir)
67 Oscar et la dame rose d'Eric-Emmanuel Schmitt
68 Robinson Crusoé de Daniel Defoe
69 L'île mystérieuse de Jules Verne
70 La chartreuse de Parme de Stendhal
71 1984 de George Orwell(très bon mais j'ai presque préféré "la ferme des animaux")
72 Croc-Blanc de Jack London
73 Regain de Jean Giono
74 Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
75 Et si c'était vrai de Marc Levy(pas trop aimé, pas mon style de lecture)
76 Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline
77 Racines d'Alex Haley
78 Le père Goriot d'Honoré de Balzac
79 Au bonheur des dames d'Emile Zola (mon Zola préféré)
80 La terre d'Emile Zola
81 La nausée de Jean-Paul Sartre
82 Fondation d'Isaac Asimov
83 Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway (seul roman d'Hemingway que j'ai lu, pas aimé)
84 Louisiane de Maurice Denuzière (une grande saga comme je les aime!)
85 Bonjour tristesse de Françoise Sagan
86 Le club des cinq d'Enid Blyton(beaucoup lu de romans d'elle petite)
87 Vent d'est, vent d'ouest de Pearl Buck
88 Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir
89 Les cavaliers de Joseph Kessel
90 Jalna de Mazo de la Roche (lu les 16 tomes. Si si!)
91 J'irai cracher sur vos tombes de Boris Vian
92 Bel-Ami de Guy de Maupassant
93 Un sac de billes de Joseph Joffo
94 Le pavillon des cancéreux d'Alexandre Soljenitsyne
95 Le désert des Tartares de Dino Buzzati
96 Les enfants de la terre de Jean M. Auel
97 La 25e heure de Virgil Gheorghiu (une révélation que ce livre... A lire!)
98 La case de l'oncle Tom de H. Beecher-Stowe
99 Les Thibault de Roger Martin du Gard (MON roman culte.)
100 Le silence de la mer de Vercors

Bilan des courses : 52/100 soit plus de la moitié. Je m'épate moi même!

dimanche 22 novembre 2009

Challenge 100 ans de littérature américaine


C'est une idée de challenge plutôt intéressante que Bouh a lancé sur son blog : lire des oeuvres de la littérature américaine du XXème siècle.

A la base, j'aime beaucoup les auteurs américains du siècle dernier (et oui, nous sommes au XXIème siècle!). Je me souviens avoir déjà dévoré Steinbeck, Fitzgerald ou encore Tennessee Williams. Mais ce challenge m'a aussi montré qu'il y en avait énormément que je n'avais encore pas lus ou que je n'avais que survolés comme Faulkner, Miller, Capote ou Irving. Bref, ce challenge tombe à pic pour (re)faire ma culture américaine!

Le principe est fort simple : lire un nombre d'oeuvres déterminées à la base avant le 31 décembre 2010 (ce qui, mine de rien, laisse du temps). Je me suis fixée personnellement un objectif initial de 5 romans (je verrai en cours de route si j'augmente ou non la liste!). Je n'ai pas d'auteurs ou romans déterminés à l'avance, cela se fera au fur et à mesure selon mes envies et surtout, selon ce que je dénicherai! Cependant, je vais essayer de privilégier des auteurs que je n'ai encore jamais lus.

Premier roman de lu : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee

vendredi 20 novembre 2009

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur - Harper Lee


"Comment ont-ils pu faire ça, comment ont-ils pu?
- Je ne sais pas, mais c'est ainsi. Ce n'est ni la première ni la dernière fois, et j'ai l'impression que quand ils font ça, cela ne fait pleurer que les enfants."

En 1935 à Maycomb, Atticus Finch est commis d'office pour défendre un homme noir accusé d'avoir tenté de violer une femme blanche. Si pour cet avocat, il ne fait pas de doute qu'il s'agit de l'affaire de sa vie, pour ses deux enfants, et notamment sa fille "Scout", rien ne sera plus comme avant...

Raconté avec des yeux d'enfants, en l'occurrence ceux de la jeune Scout, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un récit où les thèmes de la ségrégation, des préjugés durs et vivaces et du racisme sont décrits avec une acuité rare qu'il m'a rarement été donné de retrouver dans d'autres récits. Mais Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, ce n'est pas seulement cela; c'est aussi et surtout le récit de trois étés que passa la jeune Scout avec son frère Jem dans la petite cité de Maycomb.

Située dans le sud des Etats-Unis, Maycomb est une ville marquée par l'esclavagisme et où la ségrégation raciale est instaurée sans que personne n'ait à y redire. Blancs et Noirs ne se côtoient pas ou si peu; chacun vit de son coté sans chercher à se mélanger les uns les autres. Pour bien comprendre également le contexte de l'histoire, il ne faut pas oublier également que les Etats-Unis dans les années trente sont en pleine récession économique. Si les Finch sont épargnés, il n'en est pas de même des autres habitants de Maycomb. Certes, les Noirs sont les plus touchés, eux qui vivent de misère près de la décharge. Mais des familles "blanches" subissent elles aussi la pauvreté comme les Ewell, par qui le procès arrive...

Scout a six ans et elle est plus garçon manqué que petite fille modèle. Les étés se passent en jeux divers avec son grand frère Jem et leur ami Dill venu passer les vacances dans le quartier. D'une intelligence et d'une sagacité étonnante, Scout se doute bien qu'il se passe quelque chose chez les Radley, ces voisins énigmatiques. D'autant plus que cela fait bien des années que leur fils Boo Radley n'a pas mis un pied dehors... Mais très vite les évènements, notamment ceux liés à l'affaire Robinson vont frapper les enfants Finch qui vont être confrontés à la dure réalité de l'existence.

Ragots, menaces, injures : Scout et Jem ne sont guère épargnés par la population de Maycomb qui trouve scandaleux qu'Atticus Finch puisse défendre un Noir. Même la propre sœur d'Atticus ira le blâmer de jeter ainsi l'opprobre sur sa propre famille et ses enfants. Mais le père de Scout ne veut pas renier ses opinions d'autant plus qu'il tente d'inculquer à ses enfants des valeurs de tolérance, d'humanité et de probité.

Un récit sur lequel tant de choses serait à dire que ce serait peine perdue. Grâce à un style simple mais non dénué d'humour ni de tendresse, Harper Lee réussit à faire revivre sous nos yeux l'état d'esprit d'une petite ville de province américaine en proie au doute et au questionnement. L'histoire se lit avec une simplicité étonnante; l'auteur réussit en effet à s'effacer au bénéfice de sa petite héroïne espiègle et fort sympathique. Cependant, avec la fin du procès et ses conséquences, c'est aussi la fin du temps de l'innocence pour Scout et son frère qu'elle nous décrit.

Écrit dans les années 60, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur a connu aux Etats-Unis un succès considérable. Un roman méconnu en France et c'est bien regrettable : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est, dans ses thèmes et ses réflexions, encore, hélas, terriblement d'actualité ...

Un roman indispensable à lire!

Ma note :5/5

Editions de Fallois, 345 pages

jeudi 19 novembre 2009

PAL


Suite à mon message du 16 novembre dernier, voici donc l'état de ma PAL à ce jour :





  1. Neil BISSONDATH Tous ces mondes en elle
  2. Albert CAMUS Le mythe de Sisyphe
  3. CHOW CHING Lie Le palanquin des larmes Lu!
  4. Anne CUNEO Le trajet d'une rivière
  5. Maxence FERMINE Le violon noir
  6. John FOWLES L'obsédé
  7. Charles FRAZIER Retour à Cold Mountain Lu!
  8. C.V. GHEORGHIU La maison de Petrodava
  9. Anna GODBERSEN Rebelles
  10. David GOODIS La lune dans le caniveau
  11. Graham GREENE Notre agent à La Havane
  12. Philippe GRIMBERT Un secret
  13. Clara GUELFENBEIN Ma femme de ta vie
  14. Dashiell HAMMETT Le faucon de Malte
  15. Mary HIGGINS CLARK Un cri dans la nuit
  16. Susan HILL Je suis le seigneur du château
  17. William IRISH J’ai épousé une ombre
  18. Elia KAZAN L’arrangement
  19. Douglas KENNEDY L’homme qui voulait vivre sa vie
  20. Daniel KEYES Des fleurs pour Algernon
  21. Yasmina KHADRA L’attentat
  22. Stephen KING Colorado Kid
  23. John KNITTEL Via Mala
  24. John KNITTEL Thérèse Etienne
  25. John KNITTEL Amédée
  26. Marc LEVY Le premier jour
  27. Patricia MACDONALD J’ai épousé un inconnu
  28. Katherine MANSFIELD La Garden Party
  29. Ian McEWAN Expiation
  30. John Mc GAHERN Haute-Terre
  31. Henry de MONTHERLANT Les jeunes filles
  32. Kate MORTON Le jardin des secrets Lu!
  33. Harry MULLISH La découverte du ciel
  34. Jean François PARROT L’homme au ventre de plomb
  35. Arturo PEREZ-REVERTE La reine du Sud
  36. Anne PERRY Resurrection Row
  37. Anne PERRY Rutland Place
  38. Anne PERRY Le cadavre de Bluegate Fields
  39. JK ROWLING Harry Potter et les reliques de la mort Lu!
  40. Lisa SEE Fleur de neige Lu!
  41. Sara SHERIDAN Le labyrinthe
  42. SIMENON L’aîné des Ferchaux
  43. SIMENON La guinguette à deux sous
  44. SIMENON Maigret voyage
  45. SIMENON Maigret et l’indicateur
  46. Mélanie WALLACE Sauvages
  47. Edith WHARTON Une affaire de charme
  48. Eiji YOSHIKAWA La parfaite lumière
  49. Lajos ZILAHY L’ange de la colère

49 romans à lire donc, sachant que j'en lis au mieux un par semaine, et qu'il y a 52 semaines en 2010, j'ai de quoi lire pour toute l'année qui vient!

Pars vite et reviens tard - Fred Vargas


Lorsque Adamsberg se voit accosté par une femme terrorisée par des peintures de "4" à l'envers sur plusieurs immeubles de la capitale, le commissaire parisien, lui, n'y voit que les agissements d'une bande de blagueurs. Mais quand on lui rapporte que des messages étranges en vieux français ou latins sont adressés chaque jour au crieur de la place Edgar Quinet pour qu'il les lise à tous, il se sent pris d'un étrange pressentiment. Pressentiment qui se révèle fondé lorsque un puis deux habitants des immeubles peints de "4" sont retrouvés morts. D'autant plus que les victimes sont recouvertes de taches noires et piquées de puces... Le Fléau de Dieu serait il de retour comme les missives mystérieuses semblaient l'annoncer?

Un roman policier original et qui, dès les premières lignes, prend le lecteur au piège de son intrigue habillement ficelée. Pas de temps mort; au contraire, Vargas distille au fur et à mesure ses indices et développe le mystère qui entoure ce semeur de peste. Beaucoup de références historiques, l'auteur s'est appliquée à rendre presque crédible son récit; pour preuve on y croirait presque à son histoire de Peste ressurgie au XXème siècle. Le succès de Pars vite et reviens tard s'explique aussi par des personnages de qualité, à commencer par le personnage principal, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, en proie à des doutes et à des questionnements, aussi bien au sujet de l'enquête qui piétine que sur sa vie privée qui dérape. Mais plus encore, ce sont les personnages secondaires qui l'on retiendra; de Joss Le Guern ce crieur breton bourru mais "chez les Le Gern, on est des brutes pas des brigands", aux autres habitants de la place Edgar Quinet en passant par Danglard ou encore ces quatre hommes atypiques mais plus que cultivés que Adamsberg sollicite dans son enquête pour l'aider.

Un roman qu'une fois commencé, on ne peut plus lâcher : preuve irréfutable que ce roman policier à la française est une véritable réussite. On se doute bien que des personnages croisés dans ce récit, on en retrouvera un certain nombre dans les autres aventures de Adamsberg. Et rien qu'à cette idée, c'est avec impatience que j'attends de pouvoir lire un autre roman de Fred Vargas !

Ma note : 4/5

Editions J'ai lu, 350 pages

lundi 16 novembre 2009

Objectif PAL...


Chaque lecteur/lectrice qui se respecte possède un démon caché, de ceux que l'on tait et cache aux yeux de tous. Très souvent, les proches ne comprennent pas voire critiquent ou conspuent avec véhémence de tels dérapages qui, outre les conséquences financières évidentes, apparaissent comme les symptômes évidents d'une "maladie", d'une tare :

Celle de la PAL gigantesque.

Par PAL, les habitués des blogs littéraires reconnaîtront l'abréviation de Pile à lire, les autres se contenteront de lever bien haut les sourcils et de marmonner en eux mêmes que ce n'est plus une maladie, mais une folie.

J'ai moi aussi une PAL. En réalité, j'en ai toujours eu. Entendez par cela que comme tout un chacun, je possédais quelques romans me restant à lire, ma "réserve", comme je disais et dont la durée de stationnement des romans dans ladite réserve ne dépassait pas quelques semaines.

Hélas, Internet est passé par là, et surtout les multiples sites, blogs et autres forums littéraires où nombreux étaient les critiques et autres avis d'internautes sur des romans que je n'avais jamais lus et dont je ne soupçonnais pas l'existence. Ajoutez à cela la proximité immédiate d'une des plus grandes bibliothèques de France, et vous comprendrez le désastre.

Ma réserve est devenue PAL.

Et puis, je me suis inscrite sur un forum littéraire (j'y suis toujours d'ailleurs, je n'arrive pas à décrocher!) et qui dit forum, dit "thème de lecture", "livre du mois" et autres sujets littéraires qui, sans être obligatoires, vous poussent encore plus loin dans la recherche et l'accumulation de livres. Sans oublier les critiques dénichées à droite et à gauche à la pelle toutes plus alléchantes les unes que les autres qui fait que, après une PAL, c'est une LAL que vous créez (Liste à Lire : entendez à cela tous les romans que vous rêvez de lire. La logique d'une lectrice acharnée est que tous les romans de sa LAL rentrent un jour dans sa PAL).

Je ne compris l'étendue du désastre que le jour où je déménageais soit l'année dernière, et où je compris qu'un seul carton ne suffirait pas à tous les ranger.

J'avoue qu'avoir une PAL importante a un coté rassurant : au moins, le choix de lecture est toujours possible! Mais aussi, quelle frustration : avoir un tel nombre de romans et ne pas les lire! N'est ce pas ridicule voire absurde? D'autant plus que le risque ultime est de voir ses goûts changer et de se retrouver en définitive à lire des livres que l'on a achetés des années auparavant et qui, désormais ne nous disent plus rien.

Alors, comme beaucoup j'ai décidé d'agir et de prendre certaines résolutions :
1) Ne plus acheter de romans jusqu'à nouvel ordre
2) Ne plus emprunter de romans ni à la bibliothèque ni auprès d'amis ou de la famille
3) N'abroger les points 1 et 2 que lorsque cette satanée PAL aura atteint un niveau "acceptable"

Qu'est ce qu'un niveau acceptable en ce qui me concerne? Je l'avoue, j'ai été rassurée en lisant de ci delà que certaines PAL pouvaient atteindre des hauteurs astronomiques comme 200 livres par exemple. La mienne n'en contient que 49. Et pourtant, pour moi, c'est trop, beaucoup trop. Comme nous sommes déjà le 16 novembre et que, je ne suis pas démente non plus, fixer le 31 décembre 2009 est peine perdue (ou alors il faudrait tricher et là, c'est non!), je me fixe donc la date butoir du 31 décembre 2010 et comme objectif celui de moins de 20 romans (ne rêvons pas, je ne tiendrai pas les points 1 et 2 très longtemps).

Et pour m'encourager une bonne fois pour toute, je me suis de plus inscrite à L'objectif PAL qu'Antigone a lancé cet été. Je n'aurais plus d'excuse!

Prochaine étape : la publication de ma PAL ici. Et si vous avez des suggestions de lecture "prioritaires" ou qu'il me faut lire absolument dans ma PAL, n'hésitez pas!

dimanche 15 novembre 2009

Epouses et concubines - Su Tong



A dix-neuf ans, Songlian devient la quatrième épouse du riche Chen Zuoquian, bien plus âgé qu'elle. Pour cette jeune étudiante orpheline, c'est un monde nouveau qui s'ouvre à elle : celui étouffant et confiné des concubines et dont le seul but est de devenir la favorite. Manigances, mensonges, trahisons : les quatre femmes enfermées dans la demeure se livrent rapidement à un combat sans merci pour conquérir leur maître...

Un récit délicat où les sentiments de ces quatre femmes se livrant à une lutte à mort sont décrits avec pudeur et délicatesse. Su Tong ne montre rien tout en disant tout en ce sens où tout transparait dans l'imaginaire du lecteur sans que l'auteur ait réellement besoin d'en écrire trop. Ainsi, avec un style d'une sobriété manifeste, Su Tong retranscrit magnifiquement le quotidien de ses femmes dont la destinée est d'attendre le bon vouloir de leur maître. Et d'espérer d'avoir enfin un fils afin de supplanter définitivement ses rivales...

Épouses et concubines, de par ses quelques 125 pages, est plus une nouvelle qu'un roman et c'est pourquoi ce récit se lit vite d'autant plus qu'on est fasciné par l'histoire de toutes ses femmes. Que va devenir Songlian? Va t-elle s'adapter à sa nouvelle existence? Réussira t-elle à déjouer les pièges que vont lui tendre les autres concubines? Enfin, il est étonnant de penser que Épouses et concubines est un récit moderne et qu'il a été écrit dans les années 90 tellement l'auteur sait utiliser un style précieux et délicat qui sied à merveille avec la société féodale chinoise qu'il décrit ici.

Livre simple et très abordable, Épouses et concubines nous entraine dans la Chine d'avant la Révolution où la place de la femme ne peut que faire frémir. D'autant plus qu'il est malheureusement facile de penser que des femmes de nos jours subissent encore ce genre d'existence. Un récit à lire!

Ma note : 4/5

Editions Le livre de poche, 125 pages

Boro s'en va t-en-guerre - Franck & Vautrin


Paris, 11 novembre 1940.

Les lycéens parisiens provoquent l'occupant allemand en défilant dans les rues, brandissant des banderoles et chantant la Marseillaise en ce jour d'armistice de la première guerre mondiale. Dans ses rangs, se trouve également Blémia Borowitz, reporter photographe célèbre dans le monde entier. Les temps sont bien difficiles pour notre ami reporter Boro pourchassé par les nazis avec, à sa tête, le redoutable Von Riegenburg... Dans un Paris occupé par les forces allemandes, alors que le froid, la misère, la peur et la haine hantent les rues et les mentalités, Boro, lui, armé de son seul Leica et de sa canne, déambule la nuit dans les rues et refuse de passer en Angleterre. Mais les évènements, rapidement, vont se succéder et Boro devra prendre de bien terribles décisions...

Cinquième tome des aventures de Boro reporter photographe, Boro s'en va t-en guerre est d'une noirceur que les auteurs, le duo Franck et Vautrin, nous avait peu habitué dans les épisodes précédents. Certes, les temps sont durs : c'est l'Occupation avec ses privations et ses horreurs quotidiennes. Ecoeuré, Boro découvre que ses compatriotes n'hésitent pas à fraterniser avec l'ennemi pour un morceau de pain ou un peu de considération... Même l'agence Alpha Press est sclérosée de l'intérieur et Boro, suivi de Prakash et de Mlle Fiffre quitte l'agence qu'il avait pourtant fondée dix ans plus tôt... Mais plus que cela, l'impression générale est que Boro a vieilli. Fini l'insouciance de la jeunesse, Boro a dépassé les 30 ans et c'est un homme grave et soucieux de la survie des siens que le lecteur suit tout au long des 580 pages du roman.

On tremble, on frémit, on sourit aussi beaucoup aux multiples réparties de notre cher héros. Car Boro n'a pas perdu cependant de sa superbe et notre Don Juan hongrois fera tout pour sauver une belle jeune fille aux yeux verts aperçue un soir. Pendant ce temps, à Londres, les services secrets britanniques cherchent l'impossible pour sauver le photographe et Arthur Finnvack, le numéro deux du MI6 décide de tenter le tout pour le tout...

Se déroulant principalement à Paris, l'action nous permet de recroiser de nombreux personnages, notamment ceux rencontrés dans Le temps des cerises, comme toute la bande de malfrats du bord de la Marne. Mais le lecteur subit lui aussi la bataille d'Angleterre et devine peu à peu au fil des pages qu'il ne s'agit ici bien que d'un début et que le vrai combat de Boro et de ses amis contre les Nazis ne sera que réellement plus tard...

Un roman plus sombre donc avec une intrigue un peu longue à se mettre en rythme au départ. Néanmoins, le lecteur est par la suite rapidement entrainé dans les pas de Boro et Cie et c'est avec impatience que l'on se demande quel sera le rôle réel de Boro dans la Résistance.

Ma note : 4/5

Editions Fayard, 577 pages

Bienvenue


Après avoir longuement hésité (est ce une bonne idée de faire un blog? Serais-je à la hauteur? Aurais je assez de temps à m'y consacrer?), me voilà donc à mon tour prête à me lancer dans l'aventure bloggesque avec pour envie principale, celle de vous faire partager mes lectures, bonnes ou mauvaises, coups de cœur et déceptions mêlées.

Excusez d'ores et déjà les cafouillages et autres erreurs à la débutante que je suis. En tous cas, je vous souhaite à tous la bienvenue sur mon blog!