lundi 8 août 2011

L'adieu au Connemara

1846-1847. La Grande Famine frappe l'Irlande et fera près de un million de morts et entraînera l'émigration d'un million de ses habitants. De ce terrible fait historique, l'écrivain breton Hervé Jaouen tire un roman intense et douloureux, nous relatant le périlleux voyage de Joséphine et William vers le nouveau monde, périple fait de multiples embûches et drames, des campagnes dévastées du comté de Berry, aux rivages inaccessibles du Quebec.

A dix huit ans, Joséphine Maloney est l'unique survivante d'une famille décimée par la famine. Elle rencontre par hasard dans un hospice William Benson, jeune Lord anglais désirant se rendre avec les émigrants irlandais au Canada afin de témoigner des conditions innommables dans lesquelles ces derniers tentent de survivre. Le terme "innommable" n'est d'ailleurs pas assez fort pour découvrir la misère aussi bien physique, matérielle et spirituelle des métayers irlandais de l'Epoque. Avec forces détails, s'appuyant sur des véracités historiques précises et stupéfiantes, Hervé Jaouen nous relate ainsi les conditions effroyables de cette famine qui aurait pu être évitée si les autorités anglaises n'avaient pas laissé faire sans intervenir de quelque façon que ce soit. Autant dire que les Landlords de l'époque ont largement profité de cette catastrophe pour se débarrasser de ces "pouilleux" irlandais en les expulsant de leurs terres, les emprisonnant, les envoyant par bateaux entiers vers l'Amérique, et pire, en les laissant crever littéralement sur place, par famille entière... C'est avec horreur que nous suivons ainsi Joséphine et William dans leur périple dangereux où, au détour des pages, les témoignages des uns, les récits horribles des autres donnent une image stupéfiante de ce que fut réellement la Grande Famine en Irlande. L'émigration des Irlandais en Amérique aurait pu marquer le début d'une rédemption enfin méritée; il n'en fut rien en réalité. Les conditions effroyables de traversée, où les hommes et les femmes sont traités pire que du bétail, le mépris et l'horreur ressentis à leurs arrivés, les maladies mortelles pour la plupart ne sont que quelques uns des malheurs que tous devront subir lors de ces traversées pleines de danger. Bien peu en vérité arriveront sur le sol tant recherché...

L'adieu au Connemara est un récit poignant, d'une rare précision, où peu de choses sont cachés au lecteur. On ressort de ce livre ébranlé d'horreur, de commisération mais malgré tout aussi d'espoir, à l'instar de la petite Joséphine, faible lueur de bonheur dans tout ce malheur. Un témoignage âpre mais implincable de la pire catastrophe qu'ait connu l'Irlande dans son histoire.

Ma note : 4/5
(Pocket, 452 pages)


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