Le nom de March vous dit quelque chose? Meg, Jo, Beth et Amy, les quatre sœurs nées sous la plume de Louisa May Alcott font parties de vos héroïnes cultes? Alors vous aimerez le troisième roman de Géraldine Brooks, qui ose s'approprier la personnalité du docteur March pour en faire ici le personnage principal du récit.
Je dis bien "ose" car reprendre un tel personnage emblématique ne pouvait qu'être hasardeux. Finalement, Géraldine Brooks s'en sort plutôt bien et La solitude du docteur March nous dresse le portrait d'un homme, abolitionniste convaincu, et qui, à quarante ans, s'engage aux cotés des troupes de l'Union dans la terrible guerre civile qui allait déchirer les États-Unis de le moitié du XIXème siècle entre les tenants de l'esclavages et ceux qui s'y refusent.
Enrôlé comme aumônier, March est très vite révolté et abasourdi par les horreurs de la guerre qu'il voit et subit. Au hasard des combats, il échoue dans une propriété sudiste occupée où seuls subsistent le vieux propriétaire des lieux malade et une de ses servantes noires. Quelle n'est pas la surprise de March de reconnaitre en elle Grace, la belle esclave dont il était tombé amoureux bien des années auparavant! Et voilà que l'auteur nous entraine dans les souvenirs de March, notamment dans la jeunesse de ce dernier, alors colporteur ambulant dans le Sud des Etats-Unis. Confronté pour la première fois aux affres et sévices de l'esclavage, March ne deviendra réellement abolitionniste qu'en rencontrant celle qui allait devenir sa femme, la jeune Marmee Day. Mme March est alors décrite comme une jeune femme impétueuse, voire violemment anti-conformiste, bref absolument pas l'image que l'on pouvait avoir d'elle dans le roman de Louisa May Alcott. La description de ce personnage peut ainsi être presque dérangeant voire incompréhensible; pire, cela irait presque en porte-à-faux avec le caractère et le climat des Quatre filles du Dr March...
Ce désagrément mis à part, La solitude du Dr March est un récit où la véracité historique tient une grande place. L'auteur s'est ainsi beaucoup inspiré du propre père de Louisa May Alcott pour dresser le portrait de March. De même, on croise au fil des pages des personnages historiques véritables (comme Thoreau par exemple). Enfin, les scènes de batailles sont particulièrement bien décrites ainsi que les conditions plus que douteuses dans lesquelles étaient soignées les blessés et autres victimes des combats dans les hôpitaux nordistes. Autant dire qu'on ne peut que louer les efforts de l'auteur dans son souci du détail et du respect de l'Histoire.
Évidemment La solitude du Dr March n'arrive pas au même niveau que le récit de Mme Alcott, mais malgré tout, il n'en demeure pas moins un roman dont l'intrigue ne peut que tenir en haleine le lecteur.
Qui peut-on qualifier de brave ? Celui qui ne connaît pas la peur ? S’il en est ainsi, la bravoure n’est que le terme poli pour désigner un esprit dénué de rationalité et d’imagination. Le brave, le vrai héros, tremble de peur, transpire, sent ses entrailles le trahir et, malgré cela, avance pour accomplir l’acte qu’il redoute.
Ma note : 3,5/5
(Belfond, 348 pages)
Je dis bien "ose" car reprendre un tel personnage emblématique ne pouvait qu'être hasardeux. Finalement, Géraldine Brooks s'en sort plutôt bien et La solitude du docteur March nous dresse le portrait d'un homme, abolitionniste convaincu, et qui, à quarante ans, s'engage aux cotés des troupes de l'Union dans la terrible guerre civile qui allait déchirer les États-Unis de le moitié du XIXème siècle entre les tenants de l'esclavages et ceux qui s'y refusent.
Enrôlé comme aumônier, March est très vite révolté et abasourdi par les horreurs de la guerre qu'il voit et subit. Au hasard des combats, il échoue dans une propriété sudiste occupée où seuls subsistent le vieux propriétaire des lieux malade et une de ses servantes noires. Quelle n'est pas la surprise de March de reconnaitre en elle Grace, la belle esclave dont il était tombé amoureux bien des années auparavant! Et voilà que l'auteur nous entraine dans les souvenirs de March, notamment dans la jeunesse de ce dernier, alors colporteur ambulant dans le Sud des Etats-Unis. Confronté pour la première fois aux affres et sévices de l'esclavage, March ne deviendra réellement abolitionniste qu'en rencontrant celle qui allait devenir sa femme, la jeune Marmee Day. Mme March est alors décrite comme une jeune femme impétueuse, voire violemment anti-conformiste, bref absolument pas l'image que l'on pouvait avoir d'elle dans le roman de Louisa May Alcott. La description de ce personnage peut ainsi être presque dérangeant voire incompréhensible; pire, cela irait presque en porte-à-faux avec le caractère et le climat des Quatre filles du Dr March...
Ce désagrément mis à part, La solitude du Dr March est un récit où la véracité historique tient une grande place. L'auteur s'est ainsi beaucoup inspiré du propre père de Louisa May Alcott pour dresser le portrait de March. De même, on croise au fil des pages des personnages historiques véritables (comme Thoreau par exemple). Enfin, les scènes de batailles sont particulièrement bien décrites ainsi que les conditions plus que douteuses dans lesquelles étaient soignées les blessés et autres victimes des combats dans les hôpitaux nordistes. Autant dire qu'on ne peut que louer les efforts de l'auteur dans son souci du détail et du respect de l'Histoire.
Évidemment La solitude du Dr March n'arrive pas au même niveau que le récit de Mme Alcott, mais malgré tout, il n'en demeure pas moins un roman dont l'intrigue ne peut que tenir en haleine le lecteur.
Qui peut-on qualifier de brave ? Celui qui ne connaît pas la peur ? S’il en est ainsi, la bravoure n’est que le terme poli pour désigner un esprit dénué de rationalité et d’imagination. Le brave, le vrai héros, tremble de peur, transpire, sent ses entrailles le trahir et, malgré cela, avance pour accomplir l’acte qu’il redoute.
Ma note : 3,5/5
(Belfond, 348 pages)
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